Les Tunisiens profitent encore des vacances estivales, malgré la pandémie qui frappe le monde entier depuis deux ans et continue à impacter toujours notre mode de vie. Les campagnes de vaccination et le respect du protocole sanitaire dans certains espaces de loisirs ont rassuré de nombreux Tunisiens, leur permettant de vivre un été plus ou moins normal comme auparavant. Nous avons rencontré au cours du week-end dernier quelques estivants qui ont témoigné et nous ont dévoilé leur routine estivale et leurs activités favorites pendant la période de l'été. A la plage d'Hammam-Chatt à la banlieue sud, un certain samedi, depuis la matinée et jusqu'à une heure plus ou moins tardive, les estivants profitent du soleil, de la mer et du temps libre pour s'oxygéner, se divertir et se ressourcer après une année de labeur et de stress. Dans cette plage, un bon nombre d'estivants ramènent leurs propres parasols et toute la panoplie nécessaire, y compris les goûters, boissons, desserts afin de passer une journée entière, bercés par les vagues. Dans une autre partie de la plage, on trouve des parasols déjà installés à louer occupés par les estivants. «On loue les parasols à 10 dinars pendant le week-end, et à 5 dinars seulement au cours de la semaine. Au cours du week-end, les gens affluent en grand nombre. Bien que la pandémie ait causé beaucoup de morts cette année par rapport à l'année dernière, les Tunisiens n'ont pas voulu rater leur été, et n'ont pas laissé la situation sanitaire gâcher leurs vacances. «C'est peut-être aussi grâce à la campagne de vaccination qui les a encore rassurés et bien que la saison estivale ait bien démarré depuis le mois de juin, on a remarqué un afflux modeste qui a commencé à croître dès le début du mois d'août», nous dévoile Samir, responsable de la location des parasols. Une ambiance bon enfant règne déjà ce jour-là, des enfants en profitent. Ils construisent des châteaux de sable au bord de la mer, des adultes jouent au ballon dans l'eau alors que d'autres ont préféré profiter du soleil pour se bronzer. Ce qui anime encore la plage, c'est la présence des vendeurs ambulants qui proposent à leur clientèle des barbes à papa, des kakis , des chichis... au plaisir des grands et des petits afin de passer une journée très agréable. Sea, sun and chill ! Nous avons rencontré Nahla et Nadia, deux étudiantes qui habitent au centre-ville de Tunis, mais qui se sont déplacées jusqu'à Hammam-Chatt pour passer des vacances agréables et se reposer un peu avant de reprendre leurs études. Ces deux étudiantes, âgées de 23 ans, nous ont dévoilé qu'elles profitent au maximum de ces dernières semaines de l'été car elles ont fini leurs études un peu tard cette année à cause de la pandémie : «La session de contrôle, dans notre faculté, et la plupart des universités d'ailleurs, s'est terminée assez tard cette année. Du coup, nous étions obligées de passer la moitié de l'été à réviser et passer les examens. L'année universitaire s'est achevée le 17 juillet avec le dernier examen, nous étions à bout, à cause de la chaleur, de la fatigue et du stress, donc il n'était pas question de rater ces quelques semaines pour nous évader et décompresser, pour nous ressourcer et reprendre notre souffle pour l'année qui démarrera bientôt. Depuis une semaine, mon amie et moi, nous venons quotidiennement, de bonne heure, à la plage, pour profiter au maximum de la période qui reste avant la rentrée. Nous passons notre journée à nous bronzer, nager et lire quelques articles des magazines qu'on ramène avec nous», nous confie Nahla. Sa camarade Nadia nous parle du reste de leur programme de la journée. «Une fois rentrées de la plage, c'est l'heure de prendre un café ensemble ou un dîner. Pendant les jours où on se rend l'après-midi à la plage, la matinée, nous prenons un brunch ensemble. Nous essayons tout de même de respecter le protocole sanitaire quoique ce ne soit pas trop évident de le faire». Nous avons quitté ces deux copines et nous nous sommes dirigées vers une famille qui s'est déplacée de la ville de Mégrine, située à quelques kilomètres de cette plage. Cette famille, ayant deux enfants âgés de 7 et 10 ans, se déplace chaque week-end très tôt le matin pour passer toute la journée au bord de la mer. Au cours de la semaine, les parents travaillent. Ils se contentent de sortir le soir faire une petite virée et prendre un café ou une glace dans un lieu proche de la maison sans trop tarder puisque le couvre-feu était fixé à 22h00. «Depuis le début de l'été et depuis que les enfants ont terminé leur scolarité, nous avons programmé des vacances qui allient divertissement, détente et repos. Avec le changement de l'horaire du couvre-feu et la campagne de vaccination qui nous a beaucoup rassurés par rapport à la propagation de la maladie, nous sommes toujours néanmoins sur nos gardes, mais on se permet de prendre de temps à autre un dîner le soir dans le restaurent du coin», nous confie Amel, la mère de famille. Le vendeur de barbes à papa, rencontré sur place, a choisi de travailler ici, vu qu'il y a beaucoup de gens qui passent leur journée à la plage, ce qui lui permet de gagner un peu d'argent et l'aide à subvenir à ses besoins. «Quant à l'affluence par rapport à la dernière année, elle est quasimment la même. Les familles, les groupes de jeunes se rendent à la plage et s'autorisent des gâteries, et viennent pour acheter ce que je propose comme délices», nous confie-t-il. Idem pour tous ceux qui vendent du thé, des kakis... Distanciation respectée dans certains espaces Nous avons quitté la plage vers 18h00 et nous nous sommes dirigées vers un salon de thé dans la même zone pour voir comment les jeunes et les adultes profitent de leur temps libre et de leurs soirées estivales. Il était 19h00, le lieu était presque désert. Une heure plus tard, les gens commençaient à affluer par petits groupes jusqu'à l'occupation totale de toutes les tables. «Les soirées deviennent assez chargées, surtout ces jours-ci, avec la modification de l'horaire du couvre-feu», confie Leyla avant de poursuivre: «Depuis le mois de juillet, nous accueillons une clientèle de plus en plus nombreuse et variée. Nous essayons tout de même d'être vigilants et d'espacer au maximum les tables afin de respecter la distanciation sociale puisque la plupart des clients ne portent pas de masques». Nous avons laissé Leyla prendre les commandes et nous avons abordé un groupe de jeunes qui s'est réuni autour d'un café. Ahmed, fonctionnaire âgé de 34 ans, vacciné contre le covid depuis quelques semaines déjà, est en congé depuis une semaine. Après une année difficile et stressante, il profite au maximum de l'été. Chaque soir, il sort avec ses amis pour se balader, prendre un café ou aller dans un restaurant. Parfois, ils se laissent tenter par une assiette tunisienne et des mets typiquement tunisiens, tels que le «lablabi». D'ailleurs, juste à côté de ce salon de thé, on trouve un célèbre vendeur de «lablabi» de la zone, chez qui on se rend en grand nombre pour savourer ses plats. Il était déjà 22h00, ce restaurant était pourtant plein à craquer, des clients debout attendent leur tour pour trouver une place et savourer un mets qui reste toujours l'un des plats favoris chez les Tunisiens. Détente sans crainte du covid Samia et Ilhem, tenant leur bol de lablabi à la main, attendent toujours qu'une table soit libérée pour pouvoir s'installer. «Nous partageons quelques moments ensemble durant l'été et puisque nous n'habitons pas très loin de la mer et de ces salons de thé, nous profitons de toute la soirée et nous rentrons aussi tard la nuit, vers le coup de minuit», témoigne Samia. Toutes deux fonctionnaires, elles se fixent chaque week-end un programme spécial alors qu'au cours de la semaine, elles se voient généralement la nuit pour un café ou un mets afin de déstresser et commencer une nouvelle journée en pleine forme. Si certains préfèrent aller le matin à la plage, il y en a d'autres qui ont l'habitude d'y aller le soir pour éviter la chaleur et les rayons du soleil. C'est le cas de Rayhan, une jeune fille de 18 ans qui se rend la nuit à la plage avec toute la famille. «Pendant la journée, j'aide mes parents à gérer notre épicerie. Le soir est consacré au divertissement et à la détente», témoigne Rayhan, originaire de Bir El Bey. Et de renchérir : «Sinon, il y a des jours où je préfère sortir me balader le soir avec mes voisines et mes camarades de classe, respirer de l'air pur et profiter des soirées fraîches, puisque nous habitons près de la montagne». De nombreuses familles sont éparpillées aux quatre coins du jardin public afin que leurs enfants puissent jouer, courir et s'amuser pendant qu'ils profitent d'un moment de sérénité et de répit tout en savourant la brise fraîche de la nuit. D'autres préfèrent passer quelques jours dans un hôtel pour s'éloigner du vacarme de la ville, briser la routine et découvrir d'autres paysages et endroits. Saber, prof universitaire, a opté pour ce choix. Durant dix jours, son épouse, également professeur universitaire, sa fille et lui se sont déplacés dans trois régions différentes. Il nous explique que les vacances d'été se sont réduites uniquement à une dizaine de jours, où il a pu avec sa petite famille déstresser et déconnecter complètement du monde alors que le reste des mois d'été, il les consacre aux visites entre familles et à quelques sorties nocturnes. «J'ai été la semaine dernière à Sousse, dans un hôtel qui a organisé des soirées d'animation pour les enfants et les adultes. Il est à préciser que le protocole sanitaire était respecté à la lettre. Tout s'est agréablement passé, nous nous sommes bien détendus sans crainte du covid», affirme-t-il. L'été a pris fin, mais les Tunisiens continuent à profiter au maximum des derniers jours avant la rentrée des classes, l'esprit plus ou moins tranquille par rapport à la maladie et grâce, entre autres, aux journées portes ouvertes de vaccination qui ont un peu rassuré et déstressé les Tunisiens.