Que serait Ramadan sans la maman ? Un interminable et triste mois, un vrai supplice pour le cœur et pour le … corps. Du S'hour jusqu'à la rupture du jeûne et à partir de ce moment-là et jusqu'au prochain S'hour, c'est elle qui prépare tout, qui veille sur tout, qui donne vie à tout. Et que deviendraient les petits, ceux qui n'ont ni le droit ni le devoir de jeûner, sans elle ? Ils seraient, les pauvres, abandonnés à leur sort, c'est-à-dire à une table vide de tout et pleine de rien. Imaginez la suite ! Sans se lamenter, sans aucune hésitation et après une dure journée de travail, voilà qu'elle entame avec enthousiasme et dévouement une des tâches les plus contraignantes et les plus fatigantes pour un jeûneur, préparer de quoi faire saliver le plus récalcitrant des ascètes. Que de plats et de mets à préparer avec amour et patience près des feux, alors que dehors ronfle sans remords la fournaise de Dame nature. Aidée de sa fille (ma fille, ma sœur), elle va jusqu'à goûter les plats risquant ainsi de rendre caduc son jeûne et doit d'un geste bien étudié évaluer le goût de ce qu'elle mijote et rejeter cette nourriture sans laisser de traces dans sa bouche. Un exercice de haute voltige, n'est-ce pas ? Et même si Monsieur et son fils consentiraient à mettre la table, etc., à être les premiers à table, c'est à elle qu'incombera la tâche de servir toute la famille, de veiller à ce que chacun ne reste pas sur sa faim. Alors que Monsieur et son fils essayent tant bien que mal de trouver une explication si tirée par les cheveux soit-elle pour comprendre pourquoi les protagonistes de ces sitcoms sans queue ni tête que nous filent les chaînes télé pourtant gavées de pub, rient-ils tous seuls, madame s'échine, elle, à débarrasser la table, puis à laver la vaisselle, préparer le café… La soirée, c'est elle, le S'hour aussi. Et quand Ramadan entame sa seconde quinzaine, c'est aussi elle qui se pliera en quatre pour préparer ou acheter le h'lou, acheter les vêtements de l'Aïd pour les petits, et surtout pour résoudre le casse-tête chinois qui est, en fait, un problème mathématique (l'équation à mille inconnues), consistant à trouver le rapport meilleure qualité, plus bas prix (avouez que c'est impossible à trouver). Et que faisait grand-père la veille de l'Aïd, selon la coutume ? Il offrait à grand-mère un flacon de parfum. Pour qu'elle lui pardonne d'avoir été à cause de ses caprices à lui, obligée, elle de, vivre cette désagréable et frustrante corvée de goûter les plats à préparer. Alors que doit-on offrir de nos jours à la maman (Monsieur et son fils), une bonbone de parfum ? Tous les étals de fleuristes de l'avenue‑? Plus que ça, retrousser ses manches et l'aider sérieusement dans la cuisine (sans lui casser les pieds bien sûr) après avoir effectué un très bon stage concluant comme aide-cuisinier… Ou… soyons sérieux maintenant, pratiquer le vrai jeûne, celui que chaque jeûneur devrait observer, manger de moins en moins le soir, abandonner caprices et gourmandise et permettre ainsi à son estomac de se reposer et à la maman de faire de même… A ventre creux point d'oreilles‑?