Un outil de suivi et d'accompagnement spécifique s'adresse particulièrement aux parties chargées de soutenir l'insertion ou la réinsertion des personnes victimes de traite en Tunisie. Après le kit d'entretien, déjà lancé en juin dernier, l'Instance nationale de lutte contre la traite des personnes (Inltp) vient de mettre à disposition un guide pour l'accompagnement et la réinsertion des personnes victimes de traite en Tunisie. Ce nouveau manuel de bonnes pratiques fait partie intégrante du mécanisme national de leur orientation, aidé en cela par le Conseil de l'Europe. Cela s'inscrit également dans le droit fil du projet d'appui aux instances indépendantes en Tunisie (Paii-T), mené avec le concours de l'Union européenne. Un constat alarmant Cet outil de suivi et d'accompagnement spécifique « s'adresse particulièrement aux parties chargées de soutenir l'insertion ou la réinsertion des personnes victimes de traite en Tunisie, y compris les enfants et les ressortissants étrangers souhaitant ou non un retour volontaire dans leurs pays d'origine ou dans un pays tiers», ainsi précise l'Inltp. Un tel guide est de nature à assurer à ces sujets une meilleure prise en charge, faciliant leur réinsertion sociale et économique. C'est que ce trafic phénoménal des êtres humains n'a cessé de s'amplifier et de prendre beaucoup d'ampleur. Le constat est si alarmant qu'il a fait couler beaucoup d'encre. La période du Covid était bel et bien une référence : « Sous nos cieux, plus de 2000 victimes recensées entre 2019-2020, soit une augmentation notable par rapport aux deux ans qui l'ont précédé », témoigne l'Instance. Pire encore, l'année dernière, l'on a enregistré quelque 13 cas de trafic d'enfants, y compris des nourrissons, soit une évolution de 65% en temps de pandémie. Alors que leur exploitation sexuelle a doublé au bout de trois ans pour atteindre 289 cas en 2020 par rapport à 140 cas en 2017. En savoir plus sur ses droits Ces chiffres en disent long sur l'état des lieux, ce qui a justifié l'élaboration du guide en question. L'objectif étant d'expliquer les droits et services à garantir aux victimes de traite et définir un processus clair et unifié d'intervention sociale en matière d'insertion ou de réinsertion des victimes. Ce qui permet également de fournir des directives pratiques en matière d'accompagnement des victimes, en termes d'information, d'orientation, le constitution des dossiers et des procédures à suivre. D'après l'Inltp, ce guide vise, entre autres, à promouvoir un travail d'accompagnement social aux effets efficaces et durables et favoriser une coordination des efforts, des politiques et des programmes sur les plans local, national et international, grâce à une coopération solide entre les différents secteurs et organismes impliqués. A rappeler que ce nouveau dispositif d'accompagnement fait suite à un kit d'entretien des victimes de trafic, formulé sous forme d'un questionnaire destiné à faciliter la tâche des professionnels en contact direct avec cette catégorie vulnérable, à des témoins, mais aussi à toute autre personne dans une situation de traite. L'ultime but est d'identifier les coupables et d'assurer la meilleure prise en charge possible des victimes, ainsi que leur droit d'accès à la justice, conformément aux dispositions de la loi tunisienne. D'ailleurs, l'Inltp œuvrera à rendre public son bilan 2020 sur l'évolution du phénomène de la traite des personnes en Tunisie. Il sera fin prêt incessamment. Kamel FERCHICHI