Avec la multiplication des accidents tragiques qui surviennent quasi quotidiennement dans les jardins d'enfants, les crèches et les garderies, particulièrement celles fonctionnant dans l'illégalité, une seule question se pose : quand l'autorité de tutelle va-t-elle enfin décider de sévir contre les contrevenants ? On a beau crier et dénoncer énergiquement et vigoureusement, dès les premiers mois de la révolution, la prolifération des jardins d'enfants, la multiplication des garderies où nos petits enfants sont livrés à des femmes le plus souvent sans aucune formation et dans des conditions déplorables et, enfin, stigmatiser les nombreux accidents graves survenus dans ces lieux où aucune condition de sécurité et aucune disposition éducative ne sont respectées malheureusement, ces lieux «de la honte et des malheurs» continuent à fonctionner, à accueillir nos chérubins et à provoquer de nombreux incidents tragiques. Qu'il s'agisse de Kairouan, de Mahdia ou de Nabeul, qu'il s'agisse de jardins d'enfants légaux ou anarchiques, la situation enfle de jour en jour et le ministère de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes âgées se trouve quotidiennement sur la sellette de par la responsabilité que ses structures centrales, régionales et aussi locales assument en matière de contrôle des institutions en charge de l'enfance, notamment les jardins d'enfants exerçant légalement, et aussi en matière de vigilance et de dénonciation des crèches et garderies qui fonctionnent dans l'illégalité et aussi dans l'impunité totale et malheureusement — faut-il avoir le courage de le dire — avec la bénédiction, l'aval inquiétants de plusieurs parents, prétextant dans la plupart des cas se trouver dans l'obligation de recourir aux services qu'offrent ces faux «éducateurs, animateurs» avides de gain facile en faisant fi des réglementations en vigueur. Et les Tunisiens de s'interroger : faut-il attendre que des incidents tragiques surviennent, comme ceux enregistrés ces derniers jours où plusieurs familles ont perdu leurs enfants, pour que le ministère réagisse, enfin, et ordonne la fermeture de tous les établissements anarchiques ? L'interrogation est d'autant plus légitime et commande une réponse concrète et transparente de la part des instances en charge de la protection de l'enfance que les révélations livrées par les médias sur les conditions dans lesquelles ont été enregistrés les accidents en question ainsi que les déclarations fournies par les responsables de la chambre syndicale des propriétaires des jardins d'enfants (relevant de l'Utica), sans négliger les réactions des parents des victimes, traduisent une conscience profonde de l'ampleur du phénomène et l'engagement de toutes les parties intervenantes à assumer la responsabilité de la situation dégradante dans laquelle se trouvent nos institutions chargées de veiller à la formation des générations futures. Indignation et puis... Et à lire les communiqués publiés par le ministère annonçant l'ouverture d'une enquête sur la maltraitance d'un enfant dans un jardin d'enfants à Mahdia, la fermeture de tous les établissements anarchiques (c'est-à-dire fonctionnant dans les garages et les foyers sans autorisation et gérés par des personnes non qualifiées) et, enfin, la poursuite par-devant la justice de la propriétaire d'une garderie clandestine dans la région de Kairouan — la garderie où des images de l'agression d'un bébé ont été massivement partagées sur la toile, hier, mardi 2 novembre, suscitant une vive indignation auprès des internautes —, on se demande si les expressions d'indignation et les décisions de fermeture des établissements illégaux de maltraitance des enfants ou d'avertissement de fermeture adressées aux propriétaires des jardins légaux, enregistrant certaines insuffisances, peuvent encore apporter les résultats escomptés ou faut-il mettre au point une nouvelle stratégie rompant radicalement et définitivement avec les anciennes méthodes de suivi de ces institutions, en premier lieu les sanctions d'autan qu'elles n'ont pas produit les effets escomptés. La nouvelle ministre, Amel Belhaj Moussa, se doit, estiment les observateurs, d'agir énergiquement et d'ordonner les sanctions les plus appropriées à l'encontre des contrevenants qui ont longtemps profité d'une impunité qui n'a que trop duré.