Pas besoin d'être attaquant pour réussir une œuvre d'art. Talentueux et décisifs, les défenseurs-buteurs n'hésitent pas à traîner aux abords de la surface de réparation... Particulièrement attirés vers l'offensive, toujours bien placés, timing parfait, coups de tête puissants, bon gabarit, tireurs de coups francs, ils font rarement le voyage pour rien. Talentueux et culottés, ils ont tout de la panoplie du défenseur-buteur et ils n'hésitent pas à traîner aux abords de la surface, alors que dans les faits c'est aux attaquants que revient la tâche difficile de marquer des buts. Comment des joueurs plus reculés réussissent-ils à placer la balle au fond des filets? Le privilège de marquer le but décisif, celui qui permettra à toute équipe d'entrer dans la postérité, n'est pas le domaine exclusif des attaquants. Beaucoup de défenseurs, en plus de leurs qualités naturelles pour leur poste, peuvent donc avoir le sens aiguisé du but et marquer plus qu'un joueur offensif à l'issue de leur carrière. A vrai dire, il y a de ces défenseurs qu'on n'adore pas seulement pour leurs tacles salvateurs, mais également pour leurs montées décisives. Ils sont au fait les meilleurs exemples de ce type de joueurs un peu spéciaux: axiaux dotés d'un excellent jeu de tête, ou latéraux capables d'apporter le surnombre. Il y a ceux qui constituent une menace constante sur coups de pied arrêtés et énorme frappe de balle, d'autres sur coups de tête puissants tout en ne se laissant jamais surprendre par les trajectoires des centres de leurs coéquipiers. Très recherchés dans le football moderne, les latéraux, ou défenseurs centraux, qui sont capables d'apporter offensivement, apparaissent comme des éléments importants pour les grandes écuries européennes. Ce n'est pas un hasard s'ils sont les plus fréquemment cités lors des périodes des transferts, ou qu'ils sont la plupart du temps recrutés par rapport à un projet de jeu. Des spécimens rares Les exemples des défenseurs-buteurs sont nombreux et ne se ressemblent cependant pas. Ali Maâloul plaît beaucoup non seulement au public sfaxien, mais également à celui de la plupart des autres équipes. Par son engagement dans les duels, par ses longs déboulés sur le flanc gauche, lui, le défenseur d'aile. Mais il plaît encore davantage quand il se pose en réalisateur, cet incisif défenseur transformé en buteur franc-style. Il s'exprime ainsi dans cet exercice particulier et il ne manque pas à chaque fois de récidiver. A 26 ans et 13 buts marqués jusque-là, il est aussi bien parti pour battre le record du titre du meilleur défenseur-buteur de l'histoire du championnat. Il y croit et voit plus loin. Il est d'ailleurs l'un des actifs les plus précieux d'une équipe sfaxienne qui regorge pourtant de talents. Le Sfaxien a appris à ne rien lâcher et reste toujours à l'affût pour faire la différence. Sur le plan international, Ronald Koeman est en tête de liste. Le joueur néerlandais a marqué 193 buts en 533 matches entre 1980 et 1997. Daniel Alberto Passarella occupe la deuxième place avec 134 buts et Fernando Hierro complète le podium avec 134. Pour sa part, le grand Beckenbauer détient la spécificité d'avoir marqué quatre buts lors du Mondial 1966 alors qu'il était aligné comme défenseur. Le poste de défenseur central incombe d'empêcher les attaquants adverses de marquer. Mais certains se muent en buteurs et aident considérablement leurs équipes. Des spécimens rares que sont aujourd'hui les descendants de Ronald Koeman. La désignation du Ballon d'or, fêtée comme un véritable événement sportif, relève dans ce sens d'une injustice grave dans la mesure où la proportion d'attaquants dans le palmarès est presque 15 fois plus élevée que celle des défenseurs, et notamment ceux qui marquent des buts. Le Ballon d'or est attribué depuis 1956. Sur les 58 lauréats, on compte 35 attaquants, 18 milieux, 4 défenseurs et 1 gardien de but. Au moment où la parité est élevée au rang d'enjeu national, nous avons là un déséquilibre criant, et finalement absurde. En considérant qu'une équipe compte usuellement 1 gardien de but, 4 défenseurs, 3 ou 4 milieux, et 2 ou 3 attaquants, on pourrait s'attendre à trouver dans le palmarès un peu plus de défenseurs que de milieux, et un peu plus de milieux que d'attaquants. Or, ce que l'on constate est bien loin de cette logique. Les quatre Ballons d'or attribués à des défenseurs l'ont été à Beckenbauer (2 fois), Matthias Sammer et Fabio Cannavaro. Aucun autre défenseur n'a été retenu depuis. Cela n'empêche pas les défenseur-buteurs de continuer à avoir leur mot à dire sur les performances d'exception.