Mohsen Hassen, ancien ministre du Commerce « La Tunisie vit sous l'impact des effets inflationnistes, et leurs répercussions seront, sans doute, négatives sur le citoyen et son pouvoir d'achat, ainsi que sur les entreprises, leurs capacités d'exportation et leurs compétitivités. Le taux d'inflation sera d'un peu plus de 7 % en 2022, et les raisons en sont nombreuses, y compris des raisons externes et internes. Les causes externes sont liées au fait que l'économie tunisienne est l'une des économies les plus ouvertes, et donc les effets inflationnistes constatés à l'étranger se répercutent directement sur la Tunisie, en plus du taux d'importation qui est en constante augmentation. Sans la Banque centrale, la Tunisie aurait atteint un taux d'inflation à deux chiffres. Il y a également les raisons monétaires. Plus il y a recours à la dette intérieure et au marché intérieur pour financer le budget, plus les effets inflationnistes sont importants. Il ne faut pas oublier les problèmes constatés au niveau des systèmes de production. Il y a, également, d'autres raisons liées à la prolifération du monopole, de la contrebande et du marché parallèle. Tous les ministères, toutes les organisations, ainsi que les acteurs de la société civile doivent intervenir pour définir une politique claire et à court terme de contrôle des prix. Il est important d'emprunter une stratégie qui améliorerait les ressources de l'Etat et réduirait l'endettement. La Banque centrale remplit son rôle, sans lequel la Tunisie aurait atteint un taux d'inflation à deux chiffres ». Noureddine Hajji, directeur général d'« Ernest & Young » Les hommes politiques doivent prendre des décisions audacieuses pour surmonter les crises que connaît la Tunisie, actuellement. La situation s'est beaucoup dégradée au cours de ces dernières années. Les problèmes économiques remontent à l'époque de l'avant-révolution et les taux de croissance ont baissé bien avant 2011. Pour pallier les problèmes de l'économie nationale, il faut penser à augmenter le taux de croissance, à améliorer le climat des affaires et à faciliter l'accès au marché pour tous les acteurs économiques. Il faut notamment réduire l'endettement de la Tunisie et activer le cycle économique. Il faut également se baser sur une vision claire à moyen et à long termes, et des stratégies sectorielles qui répondent aux enjeux actuels. Le politique l'a emporté sur l'économique depuis 2011, et la Tunisie est en train de perdre ses compétences, son vrai cheval de bataille ».