Alors que les caisses des clubs broient du noir, le bureau fédéral élu ne doit pas se tromper d'ordre de priorité. Alors que les instances se querellent sur le sexe des anges et se chamaillent sur les strapontins des leviers du pouvoir, le bras de fer FTF-Cnot prenant de nouvelles dimensions, les clubs boient le calice jusqu'à la lie. La majorité d'entre eux se trouvent financièrement ruinés et incapables de s'acquitter de leurs devoirs à l'endroit de leurs joueurs. L'exemple le plus frappant vient, durant cette trêve, de Sidi Bouzid. Les dirigeants ont beau pousser l'effort jusqu'à des limites insoupçonnées afin de renflouer les caisses et répondre aux exigences sans cesse croissantes de la Ligue 1. A l'arrivée, la paralysie guette le néo-promu, auteur de performances qui en ont fait, dans la première partie de la compétition, la grosse révélation de la saison. Le régime professionnel à la tunisienne est malade. Sinon comment expliquer qu'un club de la L1 pro en soit réduit à suspendre les entraînements en pleine saison sur une durée d'une dizaine de jours. Les pensionnaires de l'Olympique Sidi Bouzid font la grève depuis la dernière journée du championnat et la rencontre de la 21e journée devant le Stade Tunisien. En boycottant les entraînements, ils espèrent sensibiliser leurs dirigeants sur les retards conséquents du versement de leurs salaires et primes. Une recette à laquelle recourent régulièrement presque tous les clubs. L'arme du désespoir. La Ligue 2 attend Au palier inférieur, la Ligue 2, elle aussi pompeusement dite professionnelle, on va abréger les souffrances puisque la saison régulière prend fin mercredi prochain (eh oui, de sitôt !), seuls les clubs concernés par le play-off et les barrages poursuivront l'effort. Une bonne douzaine de clubs seront déjà en vacances. La formule actuelle de la compétition reste donc une plaie au flanc des clubs de la L2 dont la saison ne dure pas plus de sept mois. Qui s'en soucie au vrai ? Tout à l'attrait de la L1 et de ses sunlights, le président fédéral multiplie les déclarations sur la nécessité de réformer la formule du championnat de L1 dans le sens soit de la réduction de ses effectifs à quatorze clubs, soit d'un retour au play-off déjà expérimenté il y a quelques années. C'est-à-dire faire du neuf avec du vieux. Et la L2, affligée ces dernières saisons par un modèle de compétition décrié par les clubs et qui a largement montré ses limites, peut attendre... Ajoutés au mal incurable de l'arbitrage, comme on le voit, ce ne sont pas les chantiers qui manquent. Dans cette ambiance glauque où, manifestement, le premier souci du pouvoir fédéral consiste à régler ses comptes avec le Comité national olympique tunisien et avec le Comité national d'arbitrage sportif qui lui revient en pleine figure alors qu'il pensait s'en être définitivement débarrassé, une sorte d'effet boomerang, doit-on vraiment croire en des réformes salutaires pour le sport-roi? A ces chantiers se substituent malheureusement les bagarres juridico-sportives et le pugilat verbal, la furieuse envie d'en découdre. Gâcherait-on par hasard un mandat quadriennal à répliquer aux sceptiques, à tenter de confondre les détracteurs et justifier sa légitimité ? Le bureau élu le 18 mars doit passer à autre chose s'il ne veut pas s'enliser dans le bourbier de sa propre légitimation. Afin de prouver que les clubs qui ont massivement voté pour lui n'avaient pas tort.