«Je suis comme un poisson enduit de savon» Grand prix de l'Académie française 2015, prix Jean-Freustié pour son roman «Les Prépondérants» (2015), Hédi Kaddour est l'invité de marque de la 32e édition de la Foire internationale du livre de Tunis. Une rencontre conviviale l'a réuni avec des lecteurs tunisiens au cours de laquelle il a évoqué son parcours mais aussi parlé de son dernier roman, « Les Prépondérants». Poète avant de devenir romancier, Hédi Kaddour a écrit sept recueils, dont «Le chardon mauve» (1987), «Passage au Luxembourg» (2000) éditions Gallimard. «J'ai commencé par des poèmes que j'envoyais à des revues et, progressivement, La Nouvelle revue française chez Gallimard a retenu «La fin des vendanges» (1989) qu'elle a édité à fonds perdu», se souvient-il. Pendant presque 20 ans, ne se vendait qu'une centaine de recueils. «Gallimard est persuadé que son rôle est d'aider la littérature pour inventer la littérature», ajoute-t-il. Mais le jour où il a écrit un roman, la maison d'édition a commencé à gagner de l'argent. Poète, dramaturge, romancier, auteur protéiforme, il touche à tous les genres littéraires : «Je suis comme un poisson enduit de savon», dit-il de lui. Son premier roman «Waltenberg» (2005) est un roman européen qui se passe au XXe siècle entre la France, l'Allemagne et les USA. «Savoir-vivre» (2010) se déroule à Londres dans les années 20. Avec «Les Prépondérants», il franchit la Méditerranée. «C'est par la force des choses, parce que je suis issu d'un couple franco-tunisien : ma mère pied-noir d'Algérie et mon père tunisien. J'étais élevé en Tunisie jusqu'à l'âge de 12 ans puis je suis parti à Paris faire des études». Il a des goûts pour la littérature américaine et allemande : «Je me sens un peu cosmopolite». Il enseigne aux USA, son éditeur est de l'Inde. «Le champ d'action ne se fait plus sur une carte à l'horizontale avec des frontières, c'est une planète entière», déclare-t-il. Cela se précise dans «Les Prépondérants» qui, de la Californie à l'Europe, en passant par l'Afrique du Nord, nous entraîne dans la grande agitation des années 1920. Les mondes entrent en collision, les êtres s'affrontent, se désirent, se pourchassent, changent. L'écriture alerte et précise de Hédi Kaddour serre au plus près les vies et les destins des personnages qui sont, comme l'auteur, cosmopolites.