Rencontre entre musiques électronique, savantes et populaires arabes. Après Labes, Sabri Mosbah et Ghalia Benali, « Tunes » a changé de registre en consacrant son dernier concert à la musique électro-orientale. L'Egyptien Maurice Louca, le Syrien Hello psychaleppo et les Tunisiens EPI et Benjemy ont fait l'événement Tunes #3 vendredi dernier. Le concept « Tunes » a été créé par une jeune équipe, comptant à son actif des manifestations comme le festival Musiqa Wassalem. Cette tournée de concerts qui s'étale sur toute l'année veut rompre avec la concentration estivale des événements dédiés à la musique. Artistiquement, elle puise dans la richesse de la nouvelle scène musicale arabe et en propose à chaque fois une facette. Vendredi dernier, c'est la musique électronique qui a donné le ton, déclinée entre autres en electro-chaâbi et electro-tarab. Ce sont là deux genres que les férus de sons synthétiques ne peuvent ignorer. L'originalité du résultat tient du génie de composition de nos Dj, qui orchestrent avec brio des rencontres peu probables entre musique savante et musique populaire. Le phénomène, qui date de quelques années, ne passe pas inaperçu en Tunisie puisqu'un public de connaisseurs, venus à la recherche de «la fréquence bien-être» et de moments libérateurs de transe, a été au rendez-vous. Musique recherchée et actuelle L'Egytien Maurice Louca n'est pas venu seul. Le musicien s'est produit en trio, avec le bassiste Bachar Farran et le batteur Thomasso Capellato. Sa musique, qui a mûri avec son dernier album sorti en 2014 «Salut le parrot», prend le pouls des rythmes de l'Egypte profonde et accélère les battements de cœur de celui qui l'écoute. Entre compositions et improvisations, il invite sur sa console des morceaux de musique underground, comme celle de Tamer Abu Ghazala, et de «mahragans» (mariages populaires). De cette dernière rencontre est né l'electro-chaâbi, une expérience sonore riche et enivrante, qui vaut le détour. Cela vaut d'ailleurs pour toute la soirée, où le Tunisien EPI a ensuite régalé, en mixant sur de la musique classique, du jazz, du funk et même du blues touareg. Le naï des classiques du Tarab sur fond de sons électro a constitué le programme du Syrien Hello psychaleppo, originaire comme son nom de scène l'indique de la ville d'Alep, l'une des capitales de la musique traditionnelle et soufie arabe, connue pour ses «koudouds» et ses «mouachahats». Les origines se mêlent donc à l'expérimental pour une musique spirituelle et extatique, qui a fait planer l'esprit de la flûte enchantée dans la salle de concert. Le Tunisien Benjemy n'a fait qu'en rajouter une couche, sonore, avec ses synthétiseurs, ses boîtes à rythme et ses percussions. Il y injecte ses compositions, sur du Noir Désir comme sur du Rim Banna, à travers lesquelles il a rendu un hommage à la Palestine. Tunes #3 aura été une soirée réussie, avec des propositions sonores recherchées et actuelles, qui témoigne que la musique ne connaît pas de frontières. La diversité et la fraîcheur de la nouvelle scène musicale arabe est à suivre de près. Et c'est un plaisir de la voir passer par chez nous!