Un public nombreux d'amateurs de la musique authentique arabe a répondu présent à la soirée du tarab d'Alep qui a été assurée par le Groupe des Chefs-d'œuvre du Patrimoine, dirigé par Salah Bakdach. Cette troupe fait partie d'un arsenal musical composé de sept groupes travaillant sur la musique traditionnelle d'Alep en vue de la transmettre aux nouvelles générations dans de nouvelles versions sans pour autant s'écarter des genres musicaux qui caractérisent cette musique, à savoir les « mouwachahat », les « mawawil », les « koudoud » qui ont toujours gardé une place prépondérante sur la scène musicale arabe malgré l'invasion des nouvelles vagues musicales modernes. « Cette troupe, nous a déclaré Salah Bakdach à l'issue du spectacle, œuvre à éterniser les grands, ceux qui ont contribué à sauvegarder l'héritage musical arabe, et à immortaliser ceux qui ont joué et qui jouent encore un rôle dans la conservation de la prestigieuse école musicale arabe d'Alep, comme Sabri Moudallal, Sabah Fakhri, Hadi Bakri al-Kordi, Haj Omar el-Batch, Abdel Kader Hajjar... ». Cette soirée est la première des quatre programmées dans cette tournée qui aura lieu à Hammamet, Kairouan et Monastir. La troupe est composée de 12 membres, dont cinq choristes et sept musiciens jouant respectivement du violon, du oud, du qanoun, de la flûte et d'instruments à percussion. La troupe est dotée de trois danseurs du « moulawia », ces derviches tourneurs qui ont fasciné le public jusqu'à la transe par leur danse soufie. Un programme riche et varié a été présenté ce soir au public composé essentiellement d'adultes qui sont venus savourer les chansons traditionnelles venues de la ville d'Alep, berceau de la musique arabe authentique. Un programme fait de « mouwachah », « qodoud » et « adwar », qui sont accompagnés des danses tournantes qui constituent une sorte de cérémonies religieuses. Parmi les choristes brilla le chanteur Mahmoud Farès qui excella dans l'interprétation d'un bouquet de chansons, précédées chaque fois d'un mawal très captivant. Il chanta d'abord des morceaux religieux qui riment avec cette soirée ramadanesque : « Ramadan Tajalla wa btassem » suivie d'autres éloges et louanges adressés à Dieu et au Prophète, telles « Al hamdou lil leh wa chokrou lil leh » et « maded maded ya habib allah » Puis, il enchaîna avec d'autres chansons bien connues du public qu'il n'hésita pas de reprendre en chœur, comme « Ya men laïbet bihi achamoulou », « Ya mali Echem », Hayrana lih », « Hali Hali Hal », « Kaddouka Al mayess » et d'autres encore puisées dans le répertoire du patrimoine d'Alep. Cependant, il faut reconnaître que ce groupe des Chefs-d'œuvre du Patrimoine n'est pas le meilleur représentant du tarab d'Alep ; il est de loin moins fameux que les autres groupes qui se sont produits en Tunisie lors des festivals d'été ou les festivals de la Médina. L'on se rappelle toujours le grand succès réalisé par la troupe Abderrahmane et Sabri Moudallal et celle des Salatine Ettarab et Chouyoukh Ettarab, pour ne citer que ces exemples. Le Tarab d'Alep a été également présenté aux Tunisiens par les grands ténors de ce patrimoine musical dans des concerts à guichets fermés, notamment avec Sabah Fakhri, Adib Eddayekh et Hamam Khaïri qui ont toujours laissé de bonnes impressions chez les mélomanes tunisiens férus du tarab.