A moins d'un mois du Ramadan, les autorités tunisiennes continuent leurs efforts en matière de lutte contre les phénomènes de la spéculation et du monopole sur les produits alimentaires nécessaires aux familles. Bataille personnelle du Président Kaïs Saïed, cette lutte vise selon l'exécutif à anéantir le phénomène en adoptant une politique de zéro tolérance, capable peut-être de dissuader, dans l'avenir, ceux qui veulent s'enrichir sur le dos des consommateurs. D'ici au mois saint, les parties prenantes de cette guerre espèrent pouvoir réguler peu à peu le marché et stopper les pénuries. A ce titre, d'énormes quantités ont été saisies et le défi aujourd'hui est de permettre leur écoulement équitable et à des prix abordables sur le marché. « Notre priorité aujourd'hui est d'assurer la bonne gestion des produits saisis, a expliqué Haythem Zanned, colonel et porte-parole de la douane. Nous avons donc mis en place une stratégie consistant en la vente à travers des plis fermés, en vue d'une meilleure transparence et afin d'assurer l'approvisionnement de l'ensemble des régions ». La vente a effectivement commencé dans les gouvernorats du Grand Tunis notamment. Ce sont 60 tonnes de produits alimentaires qui seront très prochainement réinjectées dans les marchés. Un nouvel appel d'offres a été également lancé en vue de l'écoulement de 10 tonnes de produits alimentaires subventionnés sur le marché du Grand Tunis. Statistiquement, ce sont les gouvernorats du Grand Tunis qui on le plus besoin de ces denrées alimentaires. Pour les autorités, il était tout à fait normal d'entamer cette régulation du marché par cette région. Toutefois, dès la semaine prochaine, d'autres appels d'offres seront lancés en faveur des autres régions, tout en garantissant bien évidemment que ces produits soient vendus conformément aux prix fixés par le ministère du Commerce. Pour les autorités sécuritaires, cette lutte relève de la sécurité intérieure du pays. Lors d'un point de presse organisé vendredi, Houssem Eddine Jbebli, le porte-parole de la garde nationale, n'a pas hésité à qualifier l'opération de « lutte contre le terrorisme alimentaire ». « 1.092 opérations de contrôle ont été effectués du 10 au 17 mars et plus de 1.200 dépôts anarchiques et légaux ont été inspectés, résume Houssem Eddine Jbebli. Pour le moment, 75 personnes ont été arrêtées pour des faits de spéculation ». En seulement quelques jours, et dès l'annonce du début de l'opération le 10 mars dernier, les forces de sécurités ont pu saisir plus de 2 600 tonnes de produits alimentaires subventionnés. A titre de comparaison, sur toute l'année 2021, seules 1 200 tonnes ont pu être saisies. Une explosion des quantités saisies qui s'explique par la grave crise actuelle et les pénuries à répétition qui menacent la paix sociale. Mais pour l'exécutif, le mois de Ramadan constituera un véritable test grandeur nature.