Ramadan, comme le plus généreux des cuisiniers, offre aux téléspectateurs une variété de plats télévisuels qui vont, selon le taux de matière grasse qu'ils contiennent, de l'entrée au plat principal, à la salade et autres navets, jusqu'aux desserts, locaux et exotiques. Ramadan est aussi une occasion pour les comédiens d'occuper, un mois ou une quinzaine durant, le petit écran et, si réussite il y a, d'investir les cœurs des téléspectateurs par la grande porte. Ainsi, un acteur peut voir sa carrière propulsée grâce à son apparition quotidienne durant le mois saint. Un rôle qu'il aura interprété avec brio peut lui permettre de rester dans les mémoires et de devenir «un personnage». Et il peut autant s'agir d'un Tunisien que d'un Syrien, un Egyptien, etc. Cette notoriété devient plus tard comme une fortune subite à gérer. Il faut donc préparer l'étape d'après. Certains comédiens le font tout en gardant les pieds sur terre, en s'appliquant plus dans leur métier et en devenant plus exigeants avec eux-mêmes, dans le choix des rôles et des apparitions. Ceux-là, disons-le, sont ceux à qui la vie, autant que l'expérience artistique, leur ont permis de faire la part des choses. «Le personnage» devient dans ce cas comme un masque de théâtre que l'on ôte après chaque représentation pour revenir à sa vraie nature. C'est d'autant plus à l'avantage du comédien que cela lui ouvre les possibilités de varier les rôles et d'enrichir sa carrière. Même s'il ne devient pas la coqueluche des écrans, il ne peut en tirer que respect et mérite. D'autres perdent facilement le nord au premier rendez-vous avec le succès. Ce sont généralement ceux qui misent davantage sur l'effet de l'image que sur le travail et la performance. En effet, à courir derrière un instant de gloire éphémère, on peut y laisser des plumes. L'on entend par plumes la véritable vocation de son métier, voire l'âme de son jeu. Certes, cela peut lui garantir un gain rapide et «facile» de popularité auprès des téléspectateurs, notamment ceux qui recherchent le divertissement. Mais cela comporte pour lui le risque de devenir comme un jouet entre les mains d'un enfant capricieux, qui peut vite se lasser. Et ce n'est pas la télécommande qui va nous démentir. Le succès offert par exemple par un feuilleton se poursuit, plus tard, toujours à travers la télévision. Tous les programmes télé, des plus sérieux aux moins instructifs, solliciteront la présence du dernier acteur en vogue sur leurs plateaux. Et là, vient le moment crucial de vérité. Les uns seront comme transformés et deviendront une fade répétition du rôle qu'ils ont interprété plus tôt. Cela se traduit par le fait de rabâcher les mêmes gestes et les mêmes expressions, également par le look, pour épater la galerie. Pourtant, c'est une chance en or qui se présente à eux de se détacher de cette image qui deviendra fatalement de plus en plus fade. Les autres brilleront par leur présence et épateront par leur personnalité, insisteront sur ce qui vient plus que sur ce qui est déjà en poche. Ils iront même jusqu'à dévoiler aux gens d'autres facettes d'eux-mêmes, celles que la caméra ne permet pas forcément de voir. Et si, par ailleurs, ils font preuve de tact, de grande culture et de modestie, ils laisseront une empreinte que le temps ne pourra pas facilement gommer. Un petit mot soufflé à l'oreille des acteurs d'ici et d'ailleurs: restez vous-mêmes. Ce qui vient vite, s'en va vite!