Par Mustapha Ben AMMAR Il y a seize ans, la Tunisie perdait l'un de ses prestigieux monuments, le père de l'indépendance, Habib Bourguiba. C'était le 6 avril 2000 Le mois d'avril est riche d'éminents symboles d'histoire. En 1938, après avoir constaté que les pourparlers avec le gouvernement du Front populaire étaient dans l'impasse à cause de la pression agissante des prépondérants sur le gouvernement de Paris, les leaders du Néo-Destour, sous l'impulsion de leur chef Habib Bourguiba, décidèrent de boycotter ces négociations et d'organiser une série de meetings, à travers le pays, en vue d'expliquer au peuple la situation et le mobiliser pour engager un bras de fer avec les forces coloniales. C'est le déclenchement de la première épreuve de force bien agencée par le peuple tunisien contre les forces coloniales, sous la conduite du Néo-Destour. Deux importantes manifestations ont été conduites par les leaders Ali Belhouane et Mongi Slim, le 8 avril 1938, qui se sont retrouvées dans un rassemblement monstre devant le siège de la Résidence générale. Le leader de la jeunesse, le professeur Ali Belhouane, improvisa un discours magistral, qui avait enflammé les sentiments des manifestants et dans lequel il a dénoncé vigoureusement la politique coloniale française et réaffirmé la détermination du peuple à manifester jusqu'à la réalisation de ses revendications légitimes : l'élection d'un parlement tunisien et l'octroi des libertés publiques. Le leader Belhouane annonça qu'une grande manifestation pacifique aura lieu le 10 avril 1938. Ce jour-là, il n'y eut aucun incident. Le 9 avril, le Pr Belhouane est arrêté et traduit devant le juge d'instruction. Tôt le matin, les élèves du Collège Sadiki et de la Zitouna, rejoints par des centaines de patriotes s'étaient massés devant le tribunal et tout au long de la rue Bab Benat. Cette manifestation de protestation pacifique s'est mue en une confrontation sanglante entre les manifestants et les forces de l'ordre renforcées par la gendarmerie et l'armée françaises. Ces affrontements se sont poursuivis jusqu'à la tombée de la nuit. Ainsi la réaction des forces de la prépondérance était énergique. De nombreuses victimes étaient tombées et des centaines de Tunisiens emprisonnés, dont l'ensemble des leaders du Néo-Destour. Le 9 avril 1938 constitua la première date-phare de notre histoire contemporaine et la première étincelle de la lutte nationale pour la liberté et la souveraineté. Le 7 avril 1956, l'Assemblée constituante de la Tunisie indépendante tient ses premières assises, sous la présidence du leader Habib Bourguiba et décide de décréter le 9 Avril comme date commémorative nationale. Autant dire l'importance et l'ampleur de cet événement, auquel la première Assemblée nationale de l'histoire du pays a donné la primauté. 9 avril 1938 - 6 avril 2000, deux dates chargées d'émotions d'histoire et un même symbole, l'invulnérabilité et la pérennité de la Tunisie. 9 avril 1938, c'est l'émergence d'un peuple uni derrière ses leaders... 6 avril 2000, le bâtisseur de la Tunisie moderne, Habib Bourguiba, s'éteint, dans l'anonymat et l'ingratitude, 6 avril 2016, le symbole Bourguiba renaît de ses cendres comme le phœnix et le bourguibisme s'impose comme l'idéologie de tout un peuple.