Dans le cadre des journées du cinéma iranien qui se sont tenues entre le 7 et le 9 avril entre Tunis, Sousse, Mahdia et Kébili, nous avons assisté à l'avant-première du film «Nahid» de Ida Panahandeh à la salle le Colisée, jeudi dernier. « Nahid» a été sélectionné dans la section «Un certain regard» au festival de Cannes 2015 . En voici le synopsis. « Nahid, jeune divorcée, vit seule avec son fils de 10 ans dans une petite ville au bord de la mer Caspienne. Selon la loi iranienne, la garde de l'enfant revient au père mais ce dernier a accepté de la céder à son ex-femme à condition qu'elle ne se remarie pas. La rencontre de Nahid avec un nouvel homme qui l'aime passionnément et veut l'épouser va bouleverser sa vie de femme et de mère». Comme d'autres films de ces journées cinématographiques, à l'instar de divorce à l'iranienne, le film pose la problématique du couple en Iran avec un regard très moderne. Le personnage central Nahid, filmé ici de manière à ce que son point de vue devienne l'élément central du film, représente toute une frange de femmes, qui pour avoir la garde de leur enfant, doivent faire des sacrifices. Ici, Nahid a sacrifié son bonheur futur pour un fils qui en fin de compte « ne le lui rend pas si bien» puisqu'il sèche l'école et emprunte des chemins de « voyous» tels ceux empruntés par son père. Nahid semble avoir accroché tous ses espoirs sur les études de son fils. Elle l'a même inscrit dans une école privée. Mais voici qu'elle n'arrive plus à payer ni son loyer ni l'école de son fils et doit tirer le diable par la queue pour ne pas se retrouver dans la rue. Une réalité très dure pour une femme qui se retrouve dépouillée de ses droits les plus élémentaires et qui tient à vivre dans la dignité. Sa rencontre avec Messaâoud, un veuf aisé, et père d'une fille, lui offre une possibilité de continuer à relever le défi et garantir des études décentes à son fils. Messaâoud, qui est follement épris d'elle, trouve une solution pour éviter à ce que le fils de Nahid lui soit retiré. Il lui propose un mariage temporaire. En effet, tel que le film semble l'indiquer, on peut sceller un mariage temporaire d'un mois ou deux qu'on peut renouveler à chaque fois. Nahid accepte de mener cette vie à l'insu de son fils et de son ex-mari jusqu'au jour où ce dernier découvre cette relation. Si le film «Séparation» de Ashghar Farghani porte son regard sur le divorce, le film de Ida Panahandeh (c'est son premier film et les réalisatrices iraniennes sont minoritaires en Iran) s'intéresse à l'après-divorce à travers le portrait d'une vraie «lionne» (pas du tout sainte parfois) à travers une actrice vibrante. Avec le portrait de cette femme qui refuse le choix de la société iranienne, la réalisatrice bouscule bien des tabous en privilégiant la dimension humaine au discours politique virgulant et frontal .Le résultat est une œuvre sobre mais pleine de ressources.