Celui qui a été intronisé par Wadi El Jary à la place de Kebaïer n'a pas fait l'unanimité jusque-là. Kadri, bon entraîneur, mais qui n'a pas un riche CV qui lui permet de mener une sélection, a réussi à se qualifier au Mondial. La copie était mauvaise avec beaucoup de chance et de jeu « défensiviste », tout comme Maâloul en 2018 où la chance et rien que la chance, nous a permis de passer en Russie. Les débuts en éliminatoires de la CAN n'étaient pas fameux non plus et il a fallu attendre le match du Chili pour voir quand même Jalel Kadri gagner des points. Une belle victoire même si en amical et surtout des choix valides, tels que la carte Dahmane qui a brillé au poste de gardien. Au moment où les rumeurs des négociations avec Blanc s'intensifient, Kadri va-t-il conduire la sélection au Qatar ? C'est la question intrigante que seul El Jary, unique décideur, en connaît la réponse. Ça reste flou, ça reste tributaire de plusieurs facteurs parfois extra foot, genre compatibilité d'humeur, capacité à plaire aux joueurs cadres, etc. Aujourd'hui, on a un problème d'entraîneur tunisien, un profil et un CV qui puissent emmener la sélection loin. Malheureusement, tous ceux qui sont passés par là n'ont ni l'étoffe ni le tempérament de porter la sélection (qui ne se base pas sur quelques superbes joueurs, mais sur des joueurs tout juste moyens en majorité) vers le palier international. Le problème n'est pas que les Tunisiens ne croient pas en leurs compatriotes en sélection, loin de là. Ce sont les attitudes et les antécédents des Tunisiens en sélection qui expliquent pourquoi on est méfiant. Connaissances techniques, humilité, apprentissage et recyclage, relationnel et surtout forte personnalité (qui n'a rien à voir avec l'insolence et l'hystérie sur un banc !), nos entraîneurs, même les plus célèbres, sont encore très loin du compte. On n'a pas des joueurs détonants qui peuvent compenser les insuffisances de nos entraîneurs tunisiens. Ces joueurs, même les expatriés, ne s'imposent guère dans les plus grands clubs européens. Ils ont besoin d'un sélectionneur à la forte personnalité et à la riche expérience pour les guider et pour améliorer leur production d'ensemble. Ce qu'on a sur le circuit, ce sont des profils mitigés, mais qui vont des profils bas vers les émotifs en passant par les orateurs et les pistonnés sur les médias. Jalel Kadri n'est pas l'objet d'une campagne comme le disent ses confrères, c'est un mensonge. Ça relève des susceptibilités de la majorité des entraîneurs tunisiens qui savent qu'ils ne peuvent pas s'imposer par rapport à ces vedettes qui manient les ficelles dans les vestiaires de l'équipe nationale. Ils savent eux aussi qu'ils n'auront pas une énorme marge par rapport au président de la FTF par qui tout passe. De deux choses l'une : un sélectionneur étranger au CV riche d'ex-joueur et qui a une forte personnalité et qui connaît bien le palier haut niveau, ou un sélectionneur tunisien qui peut réussir comme il peut échouer, mais qui n'aura pas la large expérience et les requis pour créer quelque chose de nouveau. L'idéal serait d'amener un grand nom et de lui affecter deux entraîneurs tunisiens ambitieux et expérimentés qui vont apprendre pour prendre la relève un autre jour. Jalel Kadri et tous nos amis entraîneurs tunisiens ont intérêt à éviter la victimisation et le populisme. Personne ne met en doute leurs capacités ni leur envie de réussir, mais là il s'agit de sélection et d'un projet sur 4 ans, voire plus.