Recevant, samedi 16 avril, Houcine Abbassi, le secrétaire général de l'Ugtt, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a mis l'accent sur la conjoncture délicate que connaît la Tunisie, marquée par la montée des revendications sociales, les difficultés économiques et une situation sécuritaire précaire au plan national et régional. Il a appelé toutes les parties à faire preuve de responsabilité pour surmonter cette période difficile. Un message on ne peut plus clair en ces moments difficiles. Les images des premiers jours ayant suivi le 14 janvier 2011 refont surface, avec des sit-in à répétion, des mouvements de protestation qui dégénèrent en affrontements avec les forces de l'ordre, des syndicalistes qui font la loi, des «dégage», lancés aux plus hautes autorités de l'Etat...Des partis politiques qui exploitent la situation pour attiser la colère, exacerber la crise pour des desseins inavoués, mais qui ne le sont plus. Depuis plusieurs mois, le gouvernement est confronté à un malaise social ambiant, attisé par la montée des revendications et la surenchère politique et syndicale. Après Kasserine c'est Sfax et particulièrement la paisible île de Kerkennah qui connaissent un regain de tensions et des protestations qui ont dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre. Au départ, un sit-in de jeunes devant l'usine de la compagnie pétrolière tuniso-britannique qui exploite des gisements au large de l'île, Petrofac, pour protester contre la remise en cause d'un ancien accord salarial entre ladite entreprise et l'Etat tunisien. Ce sit-in a duré près de trois mois et a complètement paralysé l'activité de l'entreprise causant de grosses pertes estimées à des dizaines de millions de dinars. L'évacuation par les forces de l'ordre des «sit-inneurs» a provoqué des réactions en chaîne de la population. Belle aubaine pour des opportunistes de tous bords, politique, syndical et médiatique, «habiles manœuvriers » pour exploiter cette situation à des desseins inavoués, faire monter les enchères pour déposer sur la table leur «agenda». Tel ce syndicaliste, originaire de l'île et prétendant au poste de secrétaire général de l'Ugtt lors de son prochain congrès, qui parle de «politique suivie pour affamer les habitants de Kerkennah». L'arrogance syndicale dans sa splendeur A Sfax, c'est encore pire. Le syndicat de la santé publique tient tout le secteur en otage. La situation dure depuis plus de sept mois, suite à la nomination d'un nouveau directeur général à la tête du Centre hospitalo-universitaire Habib-Bourguiba, d'un militaire haut gradé, médecin de son état et répondant aux critère requis pour diriger un tel établissement et assainir la gestion. Véto du syndicat qui exige son remplacement pour des raisons plus que futiles, de crainte qu'en cas de litige, ils ne soient traînés devant la justice militaire. S'ensuit une interdiction, par la force, au nouveau directeur général d'exercer ses fonctions, un lynchage publique du ministre de la Santé traité de tous les noms par des «pseudo-syndicalistes» véreux et sans vergogne. Lors de sa réunion tenue mardi 12 avril, au siège de l'Union générale tunisienne du travail, le comité administratif sectoriel de la santé a décidé d'observer une grève dans tous les établissements sanitaires du pays le 28 avril, précédée par une journée de colère le 25 du mois. Le secteur a connu d'autres grèves au cours de l'année 2015 qui l'ont complètement paralysé causant de pertes énormes. Comble d'irresponsabilité, le syndicat avait même décrété la gratuité des services de santé à tous les patients pendant une semaine au mois de juillet dernier. Aujourd'hui, critiquer, même en des termes voilés, le comportement de certains syndicats affiliés à l'Ugtt ou encore un responsable syndical quel que soit son rang, c'est commettre un «crime de lèse-majesté». Certains n'ont pas compris que par leur arrogance et leur «insolence» ils portent préjudice à l'organisation à laquelle ils appartiennent. Défendre les intérêts de leurs affiliés est un droit intangible. Mais chercher à cogérer et à imposer leurs vues quitte à paralyser l'économie, envenimer la situation et bafouer la loi est un crime contre le pays. L'arrogance syndicale dans toute sa splendeur ! «La Tunisie est plus qu'un emblème» Recevant, samedi 16 avril, Houcine Abbassi, le secrétaire général de l'Ugtt, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a mis l'accent sur la conjoncture délicate que connaît la Tunisie, marquée par la montée des revendications sociales, les difficultés économiques et une situation sécuritaire précaire au plan national et régional. Il a appelé toutes les parties à faire preuve de responsabilité pour surmonter cette période difficile. Un message on ne peut plus clair en ces moments difficiles. Dans son rôle de garant de la pérennité de l'Etat, le président s'est entretenu avec le chef de la désormais première force du pays, le président du mouvement Ennahdha, qui a plaidé en faveur de l'apaisement politique et social. Il a même appelé à tourner définitivement la page du passé avec ses heurs et malheurs et aller vite vers la réconciliation nationale qui tarde à se dessiner. Et si l'on croit les rares indiscrétions qui ont fuité de la rencontre du chef du gouvernement, Habib-Essid, avec un certain nombre de rédacteurs en chef de média choisis sur le volet et selon des critères que seuls ses collaborateurs connaissent, l'homme se sent seul, presque abandonné au milieu de cette tempête qui secoue le navire Tunisie. Comme si le sort du pays ne dépendait que de lui. Sans pour autant aller jusqu'à dire que le pays est devenu ingouvernable et qu'il risque d'entrer dans des zones de turbulence, il faut reconnaître qu'il traverse une mauvaise passe et qu'il est guetté de toutes parts. Dans une tribune publiée la semaine dernière dans le journal Le Monde, Marc Pierini, ancien ambassadeur de l'Union européenne en Tunisie (2002-2006), parle d'une Tunisie qui est «plus qu'un emblème, elle est aujourd'hui le seul exemple...bien réel de transition démocratique réussie dans le monde arabe». Le processus est encore fragile. C'est pourquoi l'heure n'est pas à la polémique politicienne, mais à éviter la division entre les Tunisiens.