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Sur fond de «spécialisation»
Ennahdha tient, aujourd'hui, son 10e congrès
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 05 - 2016

Le congrès d'Ennahdha qui s'ouvre ce vendredi sous le slogan « Pour une Tunisie avant-gardiste », 35 ans, presque jour pour jour, après la création, le 6 juin 1981, du Mouvement de la tendance islamique (MTI) par un professeur de philosophie, Rached Ghannouchi, « converti aux thèses des Frères musulmans lors de ses études au Caire », qui en devient le premier président, et un avocat, Abdelfattah Mourou, qui animait « de petits cercles de réflexion sur l'islam et l'islamisme ». D'ailleurs, ils sont les seuls membres fondateurs, avec Zied Doulatli, à figurer encore dans la liste des dirigeants. Entre temps, beaucoup de chemin a été parcouru, au cours duquel le mouvement a connu des fortunes diverses, avec des heurs et des malheurs. De l'euphorie de la création aux procès de 1981, 1984 et 1987, sous l'ère Bourguiba, à la brève lune de miel avec Ben Ali avant l'affrontement, la prison et l'exil. Des épreuves qui ont forgé un mouvement fondé sur une doctrine religieuse et prêchant « une conception intégrale » de l'islam comme fondement de son identité. Le changement de nom, en 1989, pour des raisons politiques, dans l'espoir d'obtenir sa légalisation, n'a pas été suivi d'une véritable mue. Le mouvement est resté attaché aux thèses de la confrérie des Frères musulmans créée en 1928 par l'Egyptien Hassen Al Banna, assassiné en 1949.
Une vingtaine d'années après la terrible épreuve qu'il a vécue, Ennahdha revient sur la scène politique nationale, par la grâce de « l'insurrection des jeunes » déclenchée en décembre 2010 et qui a fini par faire chuter le régime de Ben Ali le 14 janvier 2011. Il obtient son visa légal en mars 2011. Le mouvement, longtemps persécuté sous l'ancien régime, payant un lourd tribut, a su guérir de ses blessures, mobiliser ses troupes et préparer l'échéance électorale d'octobre 2011 de la meilleure manière possible. Dans La Presse du 9 juin 2015, nous avons, entre autres, expliqué les facteurs qui ont favorisé « la résurrection » d'un mouvement que d'aucuns croyaient laminé. La répression que ses militants ont subie pendant une vingtaine d'années a suscité un élan de sympathie et de compassion auprès de la population, élan que les Nahdhaouis ont su exploiter, surfant sur leur douleur et leur malheur. Il se présente aux premières élections de l'Assemblée nationale constituante, au mois d'octobre de la même année, et devient, avec 89 députés sur un total de 217, la première force du pays.
L'ennemi juré devenu le meilleur allié
A l'épreuve du pouvoir, Ennahdha et ses deux alliés, Ettakatol de Mustapha Ben Jaâfar et le Congrès pour la République de Moncef Marzouki, ont, lamentablement, échoué. Les deux années passées au pouvoir ont été émaillées par plusieurs drames et incidents dont notamment l'assassinat de dirigeants politiques, Chokri Belaid, Mohamed Brahmi et Lotfi Naguedh, que beaucoup de leurs adversaires politiques n'ont pas hésité à leur faire imputer.
Un mouvement sans précédent a fini par faire céder la Troïka qui a transmis le pouvoir à un gouvernement de technocrates présidé par l'ancien ministre de l'Industrie, Mehdi Jomâa, et formé de technocrates pour la plupart non politiques.
Affaibli par cette épreuve du pouvoir, le mouvement islamiste, sous l'impulsion de son président Rached Ghannouchi, qui s'est révélé un grand stratège, aguerri aux méandres de la politique, a su tirer les leçons de son échec en commençant par faire le ménage dans ses rangs, éloignant certains éléments durs de ses structures dirigeantes et de ses listes électorales lors des législatives d'octobre 2014. L'échec avéré dans ces élections au cours desquelles il a perdu une vingtaine de sièges, 69 contre 89 dans l'ancienne assemblée, cédant la première place à son adversaire Nida Tounès, ne l'a pas affaibli, loin s'en faut. Prenant son mal en patience, Ghannouchi s'est avéré beau joueur, en acceptant dignement la défaite et en tendant la main à son « ennemi juré » Béji Caïd Essebsi, devenu « son meilleur allié ».
Très présent médiatiquement, Ghannouchi est devenu incontournable. Il a développé un discours qui frise parfois avec la laïcité et ne s'empêche pas de se prendre en photos avec de jeunes filles ou encore d'assister à des manifestations culturelles et sportives, naguère considérées comme des « péchés ». Toujours sans cravate, mais souvent en costume bleu marine, il cultive une stature d'homme d'Etat. Ce qui a fait de lui l'une des personnalités les plus influentes du pays. En parfaite « complicité » avec le président de la République, Béji Caïd Essebsi, il développe un discours rassembleur et rassurant, apaisant et moralisateur, réussissant même à rallier plusieurs politiciens à ses thèses. Fini le temps des « symboles de l'ancien régime, «les Azlems» qu'il courtise et ne s'empêche pas de les encenser. Mieux, il prône une réconciliation globale pour tourner définitivement la page du passé.
De la spécialisation dans la politique et la prédication
Aujourd'hui, Ennahdha semble avoir évolué, tant sur le plan politique que sur le plan social. Ses dirigeants, et notamment le premier d'entre eux, affirment que leur mouvement a adhéré aux principes démocratiques énoncés par la Constitution. Il se définit désormais comme « un parti politique, démocratique et civil et qui a un référentiel de valeurs civilisationnelles musulmanes et modernes ». Dans un entretien accordé au journal Le Monde, Rached Ghannouchi estime que « l'islam politique a perdu de sa justification en Tunisie après la révolution de 2011 et la mise en place de la Constitution de 2014 ». D'ailleurs, l'un des points importants qui seront tranchés au cours du congrès est « ce rapport entre la dimension religieuse et la dimension politique », ou encore la séparation entre la prédication et la chose politique. On parle même de spécialisation qui fera que la prédication aura lieu dans les associations alors que le parti « se spécialise dans les seules activités politiques ».
Rached Ghannouchi promet que « sa formation se concentre sur les problèmes quotidiens, de la vie des familles et des personnes, et ne soit pas un parti qui parle du Jugement Dernier à ses concitoyens ». Une manière de prendre ses distances avec la « confrérie des Frères musulmans », bien qu'il partage avec elle l'esprit de la religion islamique dans ce qu'elle a de principes qui prônent la mansuétude, la solidarité et l'amour de Dieu et du prochain. « Il est évident que la Tunisie n'est pas l'Egypte et que notre mouvement a ses racines dans ce pays et nulle part ailleurs. Il partage avec la plupart des autres formations politiques les mêmes valeurs et les mêmes approches », assure Abderraouf Najjar, l'un des « stratèges » du mouvement.


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