Avec l'envie de dépoussiérer une partie du vaste répertoire d'Oum Kalthoum, la Tunisienne Ghalia Ben Ali revisite sur son nouvel album, Ghalia Ben Ali sings Om Kalthoum, quelques chansons de la légende de la musique égyptienne. Une réactualisation pleine d'affection et de respect. Pour certains, elle était "la quatrième pyramide". Pour d'autres, "l'Etoile de l'Orient". Les surnoms donnés à Oum Kalthoum traduisent tous une même idée : la diva égyptienne, qui a traversé une grande partie du XXe siècle, occupe une place à part dans la musique arabe qu'elle a fait rayonner, bien au-delà du Machrek et du Maghreb. "On l'écoutait tout le temps à la maison. Il y avait sa photo dans la chambre de mes parents. J'ai un côté très intime avec elle", raconte la chanteuse tunisienne Ghalia Ben Ali, installée en Belgique depuis vingt ans. C'est d'ailleurs dans cet état d'esprit presque familial qu'elle a choisi de s'emparer de l'œuvre de celle qu'elle voit comme sa "grand-mère". Cet hommage n'est pas "une fin en soi", mais plutôt "un vrai besoin de retourner à l'origine". Pour l'aider à trouver la bonne distance avec les versions originales jouées par un grand orchestre, elle s'est entourée d'un trio de musiciens (oud, percussions, basse) afin de donner la priorité à l'émotion plus qu'à la puissance. En studio, il a fallu que l'équipe dépasse les appréhensions, oublie qu'elle s'attaquait à un monument et se laisse prendre par la musique, sans essayer de la maîtriser. Pas si simple. "Rencontrer l'univers d'Oum Kalthoum pour un Occidental, c'est arriver au pied d'un mur. De quel côté aborder cet univers complexe ?", résume le bassiste Vincent Noiret sur le livret du CD. Ghalia a d'abord sélectionné quelques chansons pour lesquelles elle avait une affection particulière, comme Al Atlal qu'elle connaît depuis l'âge de quatre ans. Sa durée, initialement de plus d'une heure, a été raccourcie à… 22 minutes ! Sur Biridhak ya Khaligui, elle s'est contentée de faire découvrir le morceau au joueur du oud en le lui chantant, avant de s'installer aussitôt au micro. Une méthode efficace pour ne pas tomber dans le piège parfois si tentant de l'imitation. (RFI Musique)