A peine voilée, l'initiative du président de la République, Béji Caïd Essebsi, lancée il y a une semaine, en faveur de la formation d'un gouvernement d'union nationale, n'a pas fini de défrayer la chronique et de diviser la classe politique. A bien des égards, les réactions fusaient ainsi de toutes parts. L'on ne peut pas plaire à tout le monde. Bien qu'elle exprime son soutien, aux côtés de l'Utica, l'Ugtt n'a pas, tout de même, accepté d'y participer. Pour l'opposition démocrate progressiste, oui mais à condition que le futur gouvernement ne soit pas soumis aux enchères politiciennes ou à la logique des quotas partisans. Au terme de sa réunion de concertation, tenue mercredi, regroupant le Front populaire, Al Joumhouri, Al Massar, et le Pacte de l'Union des forces patriotiques progressistes, elle vient d'annoncer la couleur, se prononçant sur l'impératif d'un dialogue de salut national. Une position, déjà, prise à l'unisson, que le secrétaire général d'Al-Massar, Samir Taïeb, a bien défendue lors d'une conférence de presse, organisée hier matin, à son siège à Tunis. Au fur et à mesure, il a tenu à justifier cette tendance dont la teneur rime, grosso modo, avec l'initiative présidentielle, à quelques exceptions près. « D'ailleurs, nous étions les premiers à avoir proposé, en avril dernier, l'idée d'un congrès de salut national et nous l'avons aussi présentée au chef de l‘Etat», affirme-t-il. Donc, un gouvernement de salut national, de coalition ou d'union nationale comme le plaide BCE, peu importe. L'essentiel, pour lui, est que la décision soit bien justifiée, fondée sur des choix et des priorités susceptibles de sortir le pays d'une crise vécue à tous les niveaux. A l'en croire, même les rapports au sein du pouvoir ne sont pas au beau fixe. Au même titre, l'économie est saignée à blanc, le chômage attise les tensions sociales et l'hydre terroriste guette au tournant. Et de rappeler : «Notre initiative consiste à nous réunir tous, sans exclusion de qui que ce soit, autour de la table de négociations, afin d'aboutir à un consensus censé nous éclairer la voie sur les objectifs et les orientations générales escomptés», explique-t-il. Le tout pour l'intérêt supérieurs de la Tunisie. Car, estime-t-il, le déblocage de la situation commande de rompre avec la politique des quotas partisans et repenser les alternatives du développement. M. Taïeb n'a pas mâché ses mots pour dire qu'il s'agit, plutôt, d'une crise de gouvernance que celle du gouvernement. « Le problème ne réside guère dans la personne de M. Habib Essid, mais bel et bien dans la manière de gouverner. C'est que l'actuel gouvernement navigue à vue, sans plan d'action ni orientations», nuance-t-il. Rétablir l'ordre des priorités nous permet de définir la nature du futur gouvernement. Ce dont dépendra le profil de son chef. Quitte à retomber dans les mêmes erreurs et puis reproduire un autre gouvernement Essid. Un gouvernement d'union nationale n'est pas une question de coalition partisane, mais d'un projet de salut national. Aujourd'hui, rétorque-t-il, il est beaucoup plus important de savoir comment gouverner, mieux que de connaître qui va régner. Toute cette démarche consensuelle doit se faire dans les règles de l'art, afin qu'on puisse sortir de l'ornière. Une fois réunies ces conditions de réussite, l'opposition assumera, dans ce cas, son devoir et pourrait, de la sorte, faire partie prenante du prochain gouvernement d'union nationale tant souhaité, lance-t-il. Cela étant, un message d'espoir doit être véhiculé aux Tunisiens, conclut M. Samir Taïeb.