Il y a des clubs qui terminent la saison dans la douleur. L'heure des comptes s'avère cruelle. Dans le cas de l'Etoile Sportive de Métlaoui, il s'agit tout simplement de (mauvais) comptes financiers en ce sens où le réveil est brutal : les salaires des trois derniers mois n'ont pas toujours été servis aux joueurs et au staff technique, en plus de quelques tranches des primes de rendement. Une ardoise de l'ordre de près de 400 mille dinars. Le bureau a sollicité le principal pourvoyeur de fonds, la Compagnie des phosphates de Gafsa, afin de financer la plus grande partie de ces arriérés de versement, soit 300 mille dinars qui constitueraient de la sorte une avance sur la subvention de la prochaine saison 2016-2017. Le staff de Boujelel Boujelel a profité de la visite du ministre de l'Industrie pour se réunir le dernier week-end avec lui et avec le président-directeur général de la CPG. Toutefois, aucun accord n'a pu être rejoint, ce qui a amené le bureau directeur métlaouien à présenter sa démission. D'ailleurs, il devait remettre hier officiellement ce retrait au gouverneur de Gafsa. Tout au long de la saison, les observateurs ne ratèrent aucune occasion pour mettre en valeur le mérite d'un petit club capable de damer le pion aux meilleurs. L'ESM a arraché une flatteuse quatrième place au nez et à la barbe de grosses cylindrées genre Club Africain et Club Athlétique Bizertin, obtenant haut la main sa qualification pour la première fois de son histoire pour une coupe continentale là où d'autres vont devoir se contenter des compétitions locales la prochaine saison; le club du bassin minier a été également le seul à faire plier l'Etoile Sportive du Sahel, le lauréat tout au long du championnat 2016. L'idée générale consistait à faire de l'ESM un îlot de bien-être dans l'océan d'un football tunisien dans la dèche. On en donnait inconsciemment une image d'Epinal, personne ne soupçonnant le feu qui couve sous la cendre. Car avec ses 2,2 millions de dinars, le club «sang et or» du Sud-Ouest ne laissait pas grand monde derrière lui au classement des budgets les plus modestes de Ligue 1. Tout juste, l'ASKasserine et l'Olympique de Sidi Bouzid! Discipline et rigueur En vérité, la réussite sportive cachait le grand dénuement dans lequel vivait le club. Pourtant, les joueurs n'ont jamais boycotté les entraînements ni fait la grève. Une discipline rigoureuse règne au sein d'un club donné en modèle du fait que ses performances sportives dépassent largement les moyens mis en œuvre. On n'hésite ni à parler de «miracle métlaouien» ni à comparer l'ESM à Leicester, le petit phénomène de la Premier League anglaise. Maintenant, il faut sauvegarder ce modèle de rigueur de la gestion des moyens, aussi bien humains que financiers. Que d'argent a été dilapidé ailleurs dans des opérations de pur prestige, dans des placements plus que douteux! Métlaoui a démontré que l'on peut réussir sans avoir besoin de jeter des milliards par la petite fenêtre. Il faut espérer que le bon sens l'emporte et que la note de fraîcheur que constitue l'ESM dans le panorama déprimant de notre football soit sauvée.