Par Amel Zaïbi Le discours de l'opposition atteint un niveau de négativisme tel qu'il fait froid dans le dos tant il est chargé de pessimisme, doublé de dénigrement, et ne laisse transparaître aucune lueur d'espoir pour les millions de Tunisiens en attente de jours meilleurs. Dans ce registre, la performance de Zouhair Maghzaoui, secrétaire général du Mouvement du peuple, invité hier de Midi Show sur les ondes de Mosaïque FM, a été magistrale. M. Maghzaoui voit l'échec partout et tout le temps. Il est sceptique quant à l'issue de l'initiative du président de la République d'un gouvernement d'union nationale qu'il soutient par ailleurs puisqu'elle est une reconnaissance de fait de l'échec de l'équipe gouvernementale actuelle. Et donc, un aveu d'échec de la part du président de la République, de tous les dirigeants actuellement au pouvoir de Nida, d'Ennahdha, d'Afek, de l'UPL et y compris le sien. Si bien que son parti, le Mouvement du peuple, ne participera pas aux négociations et discussions multipartites en cours à l'effet d'élaborer une feuille de route pour la prochaine étape, étant donné que le contenu de ces discussions ne reflète pas les idées et les orientations du parti. A la question de Boubaker Akacha de savoir si le Mouvement du peuple a une idée sur la personne qui pourra être le prochain chef du gouvernement, Maghzaoui se lance dans une diatribe puisant directement dans la philosophie négative : il ne doit pas être de Nida, ni d'Ennahdha ni d'aucun parti de la coalition au pouvoir, il ne doit pas appartenir à l'ancien régime, proche ou lointain, il ne doit pas être un ami du FMI ni de la Banque mondiale, il ne doit pas être un technocrate spécialiste des questions économique et financières – Maghzaoui est déçu des compétences tunisiennes qui, dit-il, ont mené le pays à la faillite- mais un politique tout court. « Il y en a beaucoup dans le pays », affirme-t-il. C'est là, bien sûr, l'avis d'un opposant sur ces adversaires politiques qui est en droit de les critiquer, et c'est même son rôle. Mais, à part cela, rien. Aucune analyse, aucune vision, aucun semblant de perspectives pour un homme politique qui aurait dû avoir sous la main un programme de sortie de crise, valable, afin de convaincre l'opinion et surtout de rassurer les Tunisiens sur le réservoir de compétences politiques dont disposerait la Tunisie, comme le prétend Maghzaoui. Or, comme les protagonistes des négociations autour du gouvernement d'union nationale enchevêtrés dans des tergiversations et des calculs partisans, le secrétaire général du Mouvement du peuple s'est oublié dans des tirades de dénigrement et de critiques de ces mêmes personnes sans plus. Non, ce n'est pas ce qu'attend le Tunisien des politiques, au pouvoir ou dans l'opposition. Et s'il y a échec, la responsabilité est partagée tout comme le devoir de sortir le pays de l'impasse. Ce genre de déclarations à travers les médias et à une heure de grande écoute n'a qu'un seul « mérite », celui de répandre la peur, le doute et de saper le moral du peuple. L'opposition a le devoir de critiquer et de dénoncer à condition de proposer la contrepartie, l'alternative. Sinon, ce ne sera qu'un discours creux, narcissique et démoralisant pour tous ceux qui croient encore que l'engagement constructif de toutes les parties peut encore faire la force de la Tunisie, qui a pu s'accrocher jusque-là. Mais jusqu'à quand ?