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L'engrenage enclenché : Le sport en politique et la politique sportive
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 02 - 2024

C'est en 1996 que les responsables tunisiens ont décidé de mettre un terme à ce qui n'était qu'un tour de passe-passe qui n'avait que trop duré. La fin du «non-amateurisme» intervint donc et déclencha, par voie de conséquence, un compte à rebours inexorable : cette amorce du professionnalisme, dans un pays qui ne l'avait jusque-là vécu que d'une manière hypocrite, allait bouleverser la carte sportive du pays.
En effet, la promulgation de la décision instaurant le sport professionnel (en football) a automatiquement légiféré en faveur des autres sports collectifs. Le handball a suivi, le basket-ball s'est lancé et le volley-ball s'est fourvoyé timidement. Avouons quand même que d'autres disciplines ont suivi la voie tout en étant plus discrètes. L'engrenage enclenché a, contrairement à ce qu'on attendait, amorcé un travail de sape qui s'est exprimé par la dégradation de bien des acquis. En effet, pour permettre aux équipes qui n'ont pas les moyens d'entretenir leurs écuries, l'Etat, par le truchement des autorités locales ou par l'intermédiaire des sociétés nationales ou même privées, est intervenu pour maintenir à flot des équipes de l'intérieur du pays pour éviter la résurgence d'un régionalisme qui aurait eu des impacts négatifs importants sur la société tunisienne. Et au lieu d'appliquer un cahier des charges à même de permettre l'expansion de ce professionnalisme, ce fut une lutte incessante pour permettre aux uns de dominer, aux autres de vivoter, et aux autres encore de ressentir le temps d'une, deux, trois saisons les affres de la rétrogradation et le cauchemar des luttes intestines. Des luttes qui ont opposé des équipes nanties et d'autres manquant de cadres, de moyens financiers et d'infrastructures adéquates. Les subventions de fonctionnement, censées aider les sports démunis, étaient ponctionnées par le football. Un revers pour la gouvernance sportive d'un pays qui a mis en place une politique de propagation du sport en tant que moyen d'éducation de la jeunesse.
Des axes fondamentaux
En 1960, les choses étaient claires : pour les responsables du pays, «le prestige que valent les exploits sportifs est indéniable. Il rejaillit sur la nation entière. Cependant, glaner des victoires internationales et battre des records intéressent moins que l'éducation du peuple et particulièrement de la jeunesse dans les domaines culturel, moral, sportif et intellectuel. L'instauration du professionnalisme a réussi au moins une chose : faire dévier complètement le sport national de ses axes fondamentaux. Le fait que le président de la République ait attiré l'attention sur les problèmes que pose l'infrastructure est un de ces axes qui ont été galvaudés par les responsables du sport dans le pays. Ces irresponsables ont trouvé l'occasion de retirer leurs billes et de clamer que, faute d'une infrastructure en état, notre sport a régressé. Ils ont oublié leurs gestions catastrophiques, leurs chèques sans provision, leurs spéculations, leur blanchiments d'argent pour lesquels la justice leur demande des comptes, etc. Ces équipes nationales qui s'inquiètent de leurs programmes de préparation dans un pays qui a des difficultés pour rattraper le temps perdu et corriger des années d'errance sont déjà une politique à mettre en place. C'est que l'horloge tourne et la Tunisie sportive, pionnière dans bien des actions continentales, a des engagements à tenir et des protocoles à respecter. La politique sportive actuelle n'a pas les moyens de suivre le rythme infernal qui s'est imposé et qui, en dépit de tout, est incontournable. Le problème réside non pas dans la politique sportive à mettre en place mais bien de la régression des esprits au niveau de l'importance que revêtent le sport et la place de l'éducation physique et sportive dans le pays. En effet, il n'y a aucun moyen d'ébaucher un plan d'action, de mettre en place une politique sportive dans le pays sans passer par ces cours d'éducation physique et sportive à l'école où une population de près de deux millions d'individus manque d'encadrement. Qui en parle ? Alors qu'en France il est question d'ajouter une à deux heures d'éducation physique au sein des programmes scolaires, tout porte à croire que nous risquons d'en perdre chez nous.
Chacun pour soi
La raison est très simple: le «chacun pour soi», qui règne entre les départements de l'Education nationale et celui du Sport, est porteur de déconvenues que nous commençons à vivre et qui finiront par détruire tout ce qui reste de l'édifice. Combien d'établissements scolaires possèdent des installations sportives adéquates pour leurs cours d'éducation physique ? Où en sont les promesses faites d'équiper ces établissements et d'instaurer l'éducation physique à partir du primaire ? Comment sont partagées les responsabilités au niveau de l'entretien et du renforcement des installations sportives scolaires existantes ? Arrêtons les questions et voyons ce que deviennent les centaines, les milliers d'enseignants formés par les Ecoles spécialisées et qui sont actuellement au chômage ou qui ont tout simplement changé de métier. Leur formation par l'Etat est passée par pertes et profits. Tout cela pour conclure qu'une politique du sport n'a rien à voir avec la politique sportive qui englobe non pas les pratiquants mais ceux qui sont chargés de l'encadrement et de la formation de toute une jeunesse, de l'entretien en bonne santé de ceux qui devraient être orientés vers le sport pour tous, de ceux qui sont astreints à une reconversion pour le reste de leur vie. Pour mettre en place une politique sportive, il faudrait partir d'un bilan et d'un état des lieux : actuellement, nous tirons profit, le plus souvent, de ces générations spontanées, qui prouvent, si besoin est, que la Tunisie, la jeunesse tunisienne possède des aptitudes incroyables, rares, enviées et admirées de par le monde. Bien des pays leur font la chasse et cherchent par tous les moyens à les débaucher en leur offrant des ponts d'or. Nos champions du monde et olympiques sont le fruit d'une ou deux piscines, quelques tatamis, des parcours en pleine nature, une volonté de s'affirmer et de monter au feu pour imposer nos couleurs. L'Etat intervient en phase finale et tout le travail est fait par des clubs désargentés et des familles qui portent leurs enfants à bout de bras. Dans ces conditions, comment concevoir une politique sportive sans être en possession de ces éléments de base ?
La conviction qui manque le plus
Pour appliquer une politique sportive, il y a avant tout une conviction qui devrait animer ceux qui sont chargés de l'appliquer et qui engagent les différentes parties prenantes qui auront à prêter main forte, déblayer le terrain par intérêt national, se sentir aussi fiers des résultats que tristes à en mourir en cas d'échec.
Lors d'une visite impromptue au Lycée sportif, ce que nous avons constaté sur ce «chacun pour soi et Dieu pour tous» est de nature à décourager les bonnes volontés et nous faire perdre les dernières convictions qui nous permettent de croire qu'il y a espoir de reprendre les choses en main.
Mais il y a quand même espoir et ce n'est nullement l'absence totale de responsabilités quelque part qui remettra en question tout ce qui a été fait depuis des décennies. Un conseil : que Messieurs le ministre de l'Education nationale et son homologue de la Jeunesse et des Sports rappellent que les séances d'éducation physique à l'école, au lycée et aux universités font partie intégrante du programme et qu'il n'est pas question que certains directeurs d'établissements passent outre, qu'ils rendent visite au Lycée sportif, au Centre médico-sportif, aillent assister à des cours d'éducation physique et à des rencontres de sports scolaires, cet extraordinaire gisement de valeurs négligé et à court de moyens, pour avoir une idée de ce qui se passe.
Ce professionnalisme qui a tout gâché
Quant à nos sportifs d'élite, ils méritent incontestablement de l'attention, un meilleur encadrement et, bien entendu, des moyens financiers, dépassant de loin ce qui leur est octroyé. Le sport de masse, qui englobe toute la population, est un droit. Il a besoin avant tout d'une politique d'approche qui permettra aux responsables à différents niveaux d'y voir plus clair.
Il ne peut se suffire de saupoudrage. En attendant, les sports qui nous rapportent des médailles n'ont pas besoin d'infrastructures. L'athlétisme (dont l'inscription dans l'académie revient à sept cents dinars !) peut travailler dans la nature comme le font les Ethiopiens et les Kényans qui dominent le monde.
Nos boxeurs, judokas, lutteurs et champions de taekwondo, etc., n'ont besoin que d'un tatami et d'une salle pour se préparer comme ils l'ont toujours fait.
Commençons par traiter à part ce professionnalisme qui a tout gâché qui a mis tout sens dessus-dessous, qui se comporte comme un cancer vis à vis des autres disciplines sportives, qui a tout dévoré, parce que mal organisé et «politisé» (c'est la FTF qui doit activer la cadence auprès du MJS).
Mettons- le à la taille de l'économie du pays et permettons aux autres disciplines qui nous donnent tant de satisfaction de reprendre espoir.
La consultation nationale
Attendons les résultats de la consultation nationale relative à la réorganisation du secteur de l'Education et décidons si notre pays, à l'instar des pays développés, choisirait la séance unique ou pas, ce qui remettra en cause bien des habitudes, secteurs et activités et nous pourrons alors parler de politique pour le sport.


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