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Sont-ils encore le creuset du sport national ? DOSSIER : LE SPORT SCOLAIRE ET UNIVERSITAIRE EST-IL ENCORE UNE COMPOSANTE DE LA POLITIQUE SPORTIVE TUNISIENNE ?
Comment ose-t-on poser cette question alors que la Tunisie a montré le chemin à bien des nations sœurs et amies sur le continent, en communiquant son expérience, tout en fournissant et en formant des techniciens pour l'encadrement des scolaires et universitaires ? Aussitôt l'Algérie indépendante, le Maghreb arabe avait institué les Jeux scolaires et universitaires maghrébins qui faisaient la fierté de toute la région, que dire du continent.. Les compétitions qui avaient lieu, tour à tour, dans l'un des pays membres de l'Union réunissaient l'élite aussi bien chez les filles que chez les garçons. On n'entend plus parler de ces joutes qui favorisaient l'éclosion des talents dans tous les pays du Maghreb. Entretemps, les sports scolaires battaient leur plein avec des compétitions qui se jouaient à guichets fermés. Les promotions successives que formait l'Institut de Kassar-Saïd (puis vinrent ceux de l'intérieur du pays) déversaient sur le marché de l'emploi des compétences qui prenaient en main ces gamins et gamines qui allaient devenir des champions et des championnes. Toutes les villes tunisiennes participaient aux finales avec des équipes (toutes les disciplines y étaient) qui avaient fière allure. C'était la fête que tous les scolaires et universitaires attendaient avec une impatience mal contenue. De tout cela qu'est-il resté ? On est peut-être en train de faire mieux. Peut-être moins, par manque de conviction ou de moyens. Personne ne le sait et c'est alors une question de communication. Il n'en demeure pas moins que la situation de la pratique du sport et de l'éducation physique n'est pas bien reluisante. L'infrastructure n'a pas évolué, celle existante n'est pas bien entretenue, et les motivations ne sont plus ce qu'elles étaient. Pourtant, la Tunisie dispose d'une loi portant sur l'Organisation et le Développement de l'Education Physique et des Activités Sportives qui, en son article 5, résume toute sa philosophie de la pratique du sport dans le pays : «Art. 5. - Tous les élèves inscrits au sein d'une institution éducative publique ou privée de l'enseignement de base, secondaire ou supérieur ou dans des centres de formation professionnelle bénéficient de l'enseignement de l'éducation physique, sauf dispense médicale». Où en est-on avec ces bonnes dispositions que le ministère de l'Education et son homologue de la Jeunesse et des Sports ont signées en grande pompe ? Tous ces pionniers qui ont défriché le terrain et travaillé d'arrache-pied pour que l'Education Physique et Sportive soit prise en considération et serve à tout jamais de socle pour toutes les disciplines sportives ont cru que le sport national était à tout jamais sur les rails. On voulait faire par cet engagement pris par les deux principaux départements appelés à encadrer cette jeunesse montante une Tunisie sportive. Il a été convenu de renforcer l'infrastructure des établissements scolaires et de doter les établissements primaires, secondaires et universitaires, qui en manquaient, du nécessaire pour leur permettre de pratiquer l'Education Physique et les sports dans les meilleures conditions. C'étaient des axes sur lesquels on était convenu de travailler à l'effet de surmultiplier le nombre de pratiquants effectifs (et non des licenciés). Que reste-t-il de toutes ces bonnes dispositions ? Pourtant, cela aurait enrichi l'infrastructure, résorbé le chômage des cadres formés et en attente d'un poste, permis l'encadrement et la prise en charge d'une masse extrêmement importante de jeunes, écarté les mauvaises tentations, allégé le travail des équipes civiles, et renforcé les moyens de détection des jeunes talents. Alors que dans tous les établissements scolaires on pratique presque toutes les disciplines, nous enregistrons encore un manque évident d'équipes féminines en basketball, volleyball et handball. Aucune fédération n'a encore eu la bonne idée d'aller chercher ces filles et de les intégrer à leurs compétitions pour favoriser la prospection et la promotion de leur discipline. Elles oublient qu'en agissant dans le cadre scolaire, la mise en confiance des parents est acquise et que l'encadrement est nettement meilleur, qu'une masse importante de jeunes leur passe entre les doigts et que de larges possibilités s'offrent à elles. Elles préfèrent le train-train habituel et le ronronnement des quelques dizaines d'équipes faciles à gérer. En sports individuels, le même problème se pose et alors qu'on peut avantageusement prendre en charge les filles et les garçons à un âge encore plus propice pour favoriser l'éclosion d'une véritable élite, on se suffit de ceux et celles qui frappent à la porte des équipes civiles, mal encadrées, à court de moyens et peu motivées, à l'exception de quelques-unes qui forment et «vendent» leurs jeunes talents pour survivre. On a certes lancé des centres de promotion ou de perfectionnement dans les régions, mais considérant le nombre de jeunes qui y sont appelés, cela est insuffisant. Une réelle coordination entre le scolaire et le civil serait vital pour mettre en commun aussi bien les moyens d'encadrement que l'utilisation de l'infrastructure. Il est inadmissible de voir un terrain fermé et que des élèves soient orientés vers des installations aléatoires pour leurs cours d'éducation physique. Quant à l'infrastructure, elle dépérit parce qu'on investit peu au niveau des établissements scolaires qui restent à la merci du sport civil, lui-même en manque d'installations équipées et fonctionnelles. Des nations beaucoup plus riches que nous ont décidé le rapprochement entre les sports civils et les sports scolaires, à l'effet de propager à grande échelle la pratique du sport, tout en créant un lien étroit entre ces deux milieux. Dans ces pays, une installation sportive ne ferme ses portes que pour quelques heures. Le temps de procéder au nettoyage et à la remise en ordre des matériels et équipements. Nous n'en sommes pas là.