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MOKHTAR DHOUIB (ANCIEN DEFENSEUR DE L'EQUIPE DE TUNISIE) : «Le professionnalisme a accentué la chute» Dossier : Le football national poursuit sa chute libre
Latéral droit de la mythique sélection nationale qui fit sensation en Argentine, Mokhtar Dhouib s'investit aujourd'hui dans le soutien et l'encadrement des anciens footballeurs. Vice-président de l'Association des anciens joueurs, il jette un regard lucide et inévitablement nostalgique sur ce qu'était le foot national de son époque et sur ce qu'il est devenu aujourd'hui. «Le déclin du sport roi se situe à tous les niveaux. Si l'on en arrive un jour à redouter un adversaire du calibre du Liberia auquel le team national sera confronté le 3 septembre prochain dans un match décisif, c'est que la confiance est partie parce que le niveau et le standing ont énormément baissé. Un Agrebi, un Tarek, un Temime ou un Akid, notre championnat ne produit plus ce genre de monstres sacrés. Des milliards sont très mal investis tout simplement parce que, à l'arrivée, on hérite de joueurs sans réelle envergure. Que fait un joueur doué qui vient aujourd'hui échapper à la médiocrité ambiante? Eh bien, il part dans le Golfe couler des jours tranquilles. Certes, il gagne beaucoup d'argent là-bas. Mais cela se fait au détriment de sa valeur technique qui baisse dangereusement. Le seul paramètre qui vaille s'appelle l'argent. Tout le monde est habité par l'appât du gain. Le reste, il s'en balance. Et le grand perdant dans l'affaire, c'est le public des stades qui ne trouve plus rien à se mettre sous la dent, sauf la violence, les insultes et les rancœurs. Jadis, les joueurs faisaient dans la dentelle. C'était des artistes. La recherche de la victoire n'empêchait guère le respect d'autrui, de l'adversaire, de l'arbitre, du public adverse. Dimanche, on était des rivaux. Le lendemain, on devenait de grands amis en allant rejoindre l'équipe nationale. Maintenant, «la matière première», c'est-à-dire le joueur vient à manquer. On doit se contenter de voir se produire ce qui ressemble vaguement à un footballeur. Le professionnalisme, au lieu de servir d'élément catalyseur, a, au contraire, accentué cette chute. Nous sommes à des années lumière du vrai professionnalisme, surtout point de vue mentalité. Au contraire, l'argent joue un rôle négatif. Il suffit qu'un club lui offre un salaire et une prime supérieurs pour voir le joueur y aller en courant à perdre haleine. Si notre sélection ne réussit pas à battre le Liberia, il faut vraiment faire son deuil de notre football. Jadis, nous parvenions à arracher avec panache le seul ticket africain au Mondial. On défiait les grandes nations : l'Egypte, le Maroc ou l'Algérie. Pas le Liberia ! Je demeure malgré tout optimiste. Nos joueurs savent réagir et se retrouver dans la difficulté. La Tunisie est généreuse et sait rebondir quelle que soit la qualité du cru de footballeurs. Quoi qu'il en soit, même en cas de qualification pour la CAN 2017, cela ne doit pas nous empêcher de prendre le recul nécessaire et de réfléchir aux moyens susceptibles de relancer notre football».