D'aucuns évoquent avec dépit la longue agonie du football national sans pour autant parvenir à proposer un projet viable de relance sur le moyen terme. Suffit-il d'établir le diagnostic alors que la grande famille du sport roi attend du concret, une œuvre salvatrice ? Dans l'immédiat, compte tenu de son parcours poussif aux éliminatoires de la coupe d'Afrique des nations, la sélection nationale ne doit-elle pas rester sur ses gardes, son match du 3 septembre face au Liberia pouvant cacher de bien mauvaises surprises ? Notre football a perdu énormément de son prestige et des atouts qui en faisaient jadis une source de fierté dans le concert international. Il y a trop d'indices d'une véritable descente aux enfers : une infrastructure moyenâgeuse et indigne d'un championnat dit professionnel, des clubs en butte à la banqueroute, leurs budgets ne permettant plus de s'acquitter des nombreuses charges financières, un arbitrage chaque dimanche montré du doigt, recrudescence de la violence qui n'est plus l'apanage du public, mais touche aujourd'hui entraîneurs, dirigeants, encadreurs, une politique du résultat immédiat et à tout prix, par tous les moyens, désaffection prononcée du public qui a déserté les stades, un calendrier général qu'on ne respecte presque jamais... Le bilan du professionnalisme instauré depuis une bonne vingtaine d'années est désastreux. Rares sont les clubs qui répondent au cahier des charges. Peu d'associations sont en mesure de payer joueurs et entraîneurs à temps. Il y a unanimité autour du fait que le régime pro a été installé prématurément, et qu'au lieu de participer à tirer le niveau technique de la compétition par le haut, il n'a fait en fin de compte qu'appauvrir le contenu technique. Les retombées commencent à se faire sentir au niveau des performances des clubs tunisiens dans les coupes africaines. Après une vague euphorique, il n' y a plus eu de clubs tunisiens allant loin dans la compétition, hormis l'Etoile du Sahel et son exploit en coupe de la Confédération 2015. Commencer par le moins coûteux Le projet de relance longtemps appelé de ses vœux par toutes les composantes du foot national doit-il être renvoyé aux calendes grecques au prétexte que le pays a aujourd'hui d'autres priorités et que, quoiqu'il arrive, le football ne trouvera jamais le budget nécessaire pour un profond travail de refonte ? Pour développer l'infrastructure ou la maintenir, il faut, en effet, des fonds que ni le ministère de tutelle ni les municipalités ne peuvent drainer compte tenu des graves difficultés financières de notre pays. Il y a pourtant certaines actions urgentes qui n'exigent pas beaucoup d'argent et qui peuvent donner un visage plus avenant du ballon rond. Tel que le retour aux vertus de la formation au détriment de l'obsession du résultat immédiat. Ou encore de la formation poussée des cadres : entraîneurs, arbitres et même dirigeants car ces derniers représentent, à présent, le maillon faible et constituent la source du chaos qui accompagne certaines rencontres sur fond de violences, d'intimidations... D'ailleurs, le respect de la charte sportive serait-il aussi onéreux que cela ? Bref, cette œuvre de relance découle d'une réelle volonté politique. Le foot, comme le sport, peut représenter la meilleure digue contre les extrémismes et les prêches suicidaires qui menacent les jeunes. On comprendrait ainsi très mal qu'il soit à ce point relégué dans l'ordre des priorités.