Biden ordonne : « Il faut que cette guerre se termine et qu'on pense au jour d'après. » La déclaration en dit long sur l'état d'esprit actuel du président américain chez qui se trouvent toutes les solutions pour mettre fin au conflit du Moyen-Orient. La nouvelle, jugée celle de la dernière chance, a été relayée partout, y compris par des manifestants en Israël. La poussée de l'opinion internationale, les décisions de justice internationale, l'isolement d'Israël sur la scène internationale, la contestation dans les universités dans son propre pays et les calculs électoraux ont mis le président américain face à ce constat qui dénote une certaine lassitude. Bref, ce conflit lui donne de sérieux soucis. Mais cela fait des mois que les manifestants dans le monde réclament l'arrêt des massacres et le cessez-le-feu, des mois que de hauts responsables arabes tiennent réunion sur réunion, mettant diverses propositions sur la table. Sans résultat, hélas ! Penser le jour d'après, mais à quel prix et sous quelles conditions ? Le prix est déjà chèrement et lourdement payé d'avance. Ce sont des frappes qui ont fait plus de 36.550 morts civils, près de 80 mille blessés, c'est plus d'un million de déplacés involontaires, des destructions d'hôpitaux et des massacres ignobles, le prix, c'est plus de la moitié des bâtiments de la bande de Gaza, pour la plupart des logements endommagés ou détruits (source de l'ONU). Sous quelles conditions ? A la condition que le bourreau de Gaza, son protégé (entendez Netanyahu), accepte l'accord élaboré par Biden. Que dit cet accord ou plutôt cette feuille de route ? Il prévoit dans une première phase un cessez-le-feu de six semaines, accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées, de la libération de certains otages — femmes et malades — et de prisonniers palestiniens, l'augmentation de l'aide humanitaire, et la reconstruction à long terme de Gaza. Quelques jours plus tard, les Etats-Unis accentuent leur pression, ils font circuler un nouveau projet de résolution du Conseil de sécurité soutenant une proposition sur la table pour arrêter les combats par l'intermédiaire d'un accord sur un cessez-le-feu et la libération des otages. Le locataire de la Maison-Blanche attend manifestement beaucoup du plan de cessez-le-feu, de nombreux dirigeants et gouvernements, y compris dans la région, ainsi que le G7, ont appuyé ce plan. « Nous appelons le Conseil de sécurité à se joindre à eux pour appeler à la mise en œuvre de ce plan sans délai et sans nouvelles conditions », déclare Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, soulignant que le Conseil de sécurité doit insister sur le fait que le Hamas doit accepter ce plan. Mais hier, mardi, Israël a jugé cette proposition «incomplète». «Les allégations selon lesquelles nous avons accepté un cessez-le-feu sans que nos conditions soient respectées sont incorrectes», déclare Netanyahu. Ces conditions, Israël n'a de cesse de les répéter : la «destruction» du Hamas et la libération «de tous les otages». Autrement dit, avec ou sans les propositions de Biden, le gouvernement Netanyahu est décidé à aller jusqu'au bout de ses massacres. «Le jour d'après » évoqué par le président américain n'est, à notre sens, pas envisageable aussi longtemps que le gouvernement Netanyahu est aux commandes.