Au sein de l'Ugtt, on s'active à préparer le congrès national de fin janvier 2017 qui verra le départ de Houcine Abassi. Au sein de l'Ugtt, la préoccupation primordiale est, désormais, la tenue du prochain congrès national dont les travaux se tiendront à Tunis du 22 au 25 janvier 2017. La particularité n°1 des assises de janvier prochain est que Houcine Abassi, l'homme du Dialogue national et le syndicaliste «provincial» ne provenant ni de Kerkennah ni du Sahel qui a réussi à faire de l'Ugtt la première force politique effective du pays, n'en déplaise à Nida Tounès et à Ennahdha, et à placer deux «loups syndicalistes» au sein du gouvernement Youssef Chahed (Abid Briki et Mohamed Trabelsi), ne sera candidat à aucun poste de responsabilité au niveau de la prochaine direction de l'Ugtt, dans la mesure où l'article 10 du règlement intérieur de la centrale syndicale ouvrière lui interdit de postuler à un troisième mandat consécutif au sein du bureau exécutif. Abassi, faut-il le rappeler, a été membre du bureau exécutif de l'Ugtt à l'époque où Abdessalem Jerad était secrétaire général et a été élu S.G. lors du congrès de Tabarka, fin décembre 2011. Deux autres membres du bureau exécutif actuel, le bouillonnant Belgacem Ayari, Monsieur secteur privé, et Mouldi Jendoubi, Monsieur dialogue et pondération, ne seront pas également de la future direction puisqu'ils ont déjà épuisé les deux mandats successifs de 5 ans au sein du bureau exécutif de l'organisation. Et même si on ne l'évoque pas encore ouvertement dans les milieux syndicalistes, la question la plus importante à poser est la suivante : qui va remplacer Houcine Abassi à la tête de l'Ugtt ou, pour dire les choses crûment, existe-t-il parmi les postulants à la place Mohamed-Ali une personnalité de la trempe et de l'envergure de Houcine Abassi et surtout de sa capacité à rassembler les syndicalistes, à contenir leur fougue, leur enthousiasme et aussi leur inexpérience, notamment dans certains secteurs (enseignement de base et secondaire, transport, santé) où les secrétaires généraux ont goûté aux feux de la rampe et aux délices de la TV et ne sont plus disposés à retourner dans l'anonymat du temps de Abdessalem Jerad ou Ismaïl Sahbani quand le bureau exécutif avait le dernier mot et conduisait les secteurs à la baguette. La problématique est d'autant plus importante que l'on s'attend à ce que la restructuration de l'Ugtt adoptée lors du congrès de Tabarka, fin décembre 2011, soit concrétisée réellement à l'occasion du congrès de fin janvier 2017. Et quand on dit restructuration, il faut comprendre que les secteurs seront maîtres de leur destin et que le bureau exécutif de l'Ugtt n'aura qu'à avaliser ce que décideront Lassaâd Yacoubi, Mastouri Gamoudi, Moncef Ben Romdhani ou Hassine Boujarra. Youssef Chahed face à de nouveaux interlocuteurs Ce qui se passera au sein de l'Ugtt et la nouvelle équipe qui aura à diriger à partir de 2017 l'organisation de Farhat Hached et de Habib Achour ne touche pas uniquement les syndicalistes, mais aussi le gouvernement Youssef Chahed fraîchement installé, condamné lui aussi à traiter avec une nouvelle équipe syndicale qui pourrait ne pas suivre la démarche adoptée jusqu'ici par Houcine Abassi et ses lieutenants. Hier, à Hammamet, l'Ugtt a tenu une réunion de sa commission administrative nationale. Au programme, l'examen des préparatifs matériels et logistiques du congrès et aussi la finalisation du projet de loi sur l'économie solidaire que l'Ugtt soumettra prochainement au Parlement. Et à Sami Tahri, membre du bureau exécutif et porte-parole de l'Ugtt, de rappeler que la centrale ouvrière «est contre la politique d'austérité et la privatisation de certaines entreprises publiques et qu'elle veillera au contrôle de l'action du gouvernement de manière à s'opposer à tout programme n'ayant pas un aspect social». En plus clair, l'équipe actuelle de l'Ugtt qui a avalisé le Pacte de Carthage a déjà tracé le programme qu'aura à appliquer la prochaine direction même si l'homme des compromis ne sera plus là. Le rappel-sommation adressé au gouvernement Youssef Chahed et à ses ministres intervient une journée après l'installation de ces derniers dans leurs nouvelles fonctions. Le message est clair : cette fois, on n'attendra pas les cent jours d'usage pour commencer à évaluer l'action du gouvernement. Il est presque certain que la session parlementaire exceptionnelle qu'on prépare au Bardo donnera le tempo. La période de grâce accordée au gouvernement Youssef Chahed pourrait ne pas dépasser les vacances de l'Aïd El Kébir. Wait and see !