Par Abdelhamid GMATI Deux drames ont engendré des morts et des blessés à Kasserine ces derniers jours. Les militaires, qui ont compté des morts et des blessés, ont rapidement réagi aux auteurs de l'attaque, éliminant des terroristes et arrêtant beaucoup d'autres. L'accident de la route, à Khmouda, qui a coûté plusieurs morts et blessés est venu rappeler la situation précaire de l'hôpital régional. Là, le gouvernement a rapidement réagi et après la visite sur place de plusieurs ministres et responsables, dont le chef du gouvernement, des mesures d'urgence ont été prises et exécutées : deux ambulances, des médicaments et plusieurs autres équipements ont été dépêchés sur place. On regrettera seulement que ces mesures n'aient pas été prises avant les drames. Youssef Chahed, dans son ancienne fonction de ministre des Affaires locales, devait être au courant de la situation déplorable de cet établissement hospitalier. Mais cette procédure est de nature à conforter les citoyens de cette région lassés des promesses non tenues. On relèvera aussi l'élan de solidarité de la fédération de la santé relevant de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica) qui a dépêché une caravane de santé à destination de l'hôpital régional de Kasserine. La caravane transportait des médicaments, des fournitures médicales et des climatiseurs. Autre geste, spontané, de solidarité : des citoyens tunisiens ont mis leurs maisons à la disposition des familles des blessés venant de la région. Un geste pour faciliter le déplacement vers les hôpitaux de Sousse, Sfax et Ben Arous. Autre point positif à l'actif de ce nouveau gouvernement qui vient juste d'entrer en fonction : le ministre de la Justice, Ghazi Jeribi, a demandé au procureur général près la cour d'appel de Tunis l'ouverture d'une instruction judiciaire au sujet du communiqué de Hizb Ettahrir en date du 30 août 2016, qui menaçait de « couper les têtes et les mains...». Dans la présentation de son gouvernement, Youssef Chahed avait été applaudi à l'ARP, lorsqu'il a appelé les Tunisiens, tous les Tunisiens, à «se lever pour sauver la Tunisie». Et en évaluant la situation économique du pays, en particulier le secteur des phosphates, il avait affirmé : «Nous serons intransigeants à nous opposer à tous les sit-in non réguliers, tout en garantissant le droit à la grève tel qu'il figure dans la Constitution (...). Nous n'accepterons pas qu'un groupe se permette d'arrêter le travail dans une usine, une unité de production, en complète contradiction avec les lois du pays». Or que se passe-t- il depuis ces derniers jours : des sit-in bloquent la production de phosphate dans toute la région. Coïncidence ? Lors du vote à l'ARP, un représentant du peuple, principal acteur dans la crise minière, Adnane Hajji, a maugréé une mise en garde, véhémente, à l'adresse du chef du gouvernement si celui-ci en venait à des actions déterminées dans la région. Coïncidence aussi ? Le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, avait déclaré, samedi 27 août à Radio Gafsa, que le gouvernement devra entreprendre des négociations avec les habitants de Gafsa, et faire en sorte qu'une partie(5%) des revenus du phosphate soit réservée à la région. Jeudi dernier, ce fut au tour du chef du bloc parlementaire de Nidaa Tounès, Sofiène Toubel, d'estimer que le gouvernorat de Gafsa doit bénéficier d'au moins 20% des revenus du phosphate qui seront alloués au développement de la région. Une belle solidarité de partis membres du gouvernement. Rappelons que le même appel a été lancé par l'ancien président de la République Moncef Marzouki, qui avait promis le 21 juin 2012 aux habitants de Gafsa que 20% des revenus annuels du phosphate seront alloués à la région. Une belle façon de faire du populisme et de jeter de l'huile sur le feu. Les sit-in sont organisés, nous dit-on, par des diplômés chômeurs. Ces diplômés sont certainement intelligents, même moyennement. Ils doivent donc savoir, sauf s'ils sont complétement idiots, que s'ils empêchent la production de la compagnie, celle ci sera en grande difficulté et ne pourra donc pas les embaucher. Une entreprise n'embauche que si elle est en pleine production, en expansion. Il est donc fort probable qu'ils sont manipulés. N'insistons pas sur l'Ugtt, qui connaît l'état des finances du pays, des problèmes du secteur privé avec la fermeture d'entreprises, mais qui contribue à bloquer la relance du pays à coups de grèves intempestives et de revendications salariales déraisonnables. Des sit-in sont, déjà, organisés et des grèves annoncées, notamment dans l'enseignement, juste à la veille de la rentrée scolaire et alors que le gouvernement vient juste d'entrer en fonction. Aucune action notable de solidarité, ni après les actes terroristes ni à l'égard des victimes à Kasserine. En attendant, le bon peuple, qui se plaint de la baisse de son pouvoir d'achat, ne se préoccupe que de son mouton de l'Aïd. A.G.