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Le populisme ne sauvera pas Kasserine
Publié dans Business News le 02 - 09 - 2016

La vidéo de Samira Meraï, ministre de la Santé depuis lundi, et de la députée d'Ennahdha, Safia Khalfi, qui ont un échange tendu à l'hôpital de Kasserine après la journée noire du mercredi, est devenue virale sur les réseaux sociaux. On applaudit le « dévouement » de la députée de la région qui « défend bec et ongles sa ville » et on tance la ministre qui a « répondu avec arrogance » aux doléances d'une région à feu et à sang. Ce constat primaire a été fait par de nombreux observateurs, mais une toute autre vérité se cache derrière…

Un échange tendu a été filmé entre la nouvelle ministre de la Santé publique du gouvernement de Youssef Chahed, Samira Meraï, et la députée d'Ennahdha de la ville de Kasserine, Safia Khalfi, lors d'une visite effectuée à l'hôpital régional de Kasserine. Ce mercredi-là, du 31 août 2016, la ville se réveillait d'un double drame : une opération anti-terroriste qui a fait un mort parmi les citoyens et un accident de la circulation ayant causé la mort violente de 18 personnes et en a blessé 80 autres.

Aussitôt mise en ligne, dans l'effervescence qui a suivi le double drame vécu par les Kasserinois, la vidéo est tout de suite devenue virale. On y voit une Samira Meraï, à la fin de sa visite, prise à partie par une élue de la région et attaquée sur « son manque d'implication », face à l'ampleur de la catastrophe. Safia Khalfi lui demandait de « rester sur place et de se consacrer au dossier, au plus près des citoyens », ce à quoi la ministre a répondu sur un ton las : « Si j'étais venue en ma qualité de médecin, je serais restée, mais là je suis ici en ma qualité de ministre ! Je suis accompagnée par les ministres de la Défense et du Transport et l'hélicoptère ne m'attendra pas ! Aujourd'hui, je suis ministre, et vous en tant que députée, vous devez venir au ministère pour exposer vos préoccupations».
Une réponse qui a rapidement enflammé la toile. Elle a été, pour nombreux, jugée « arrogante » pour une ministre qui, en exercice depuis seulement quelques jours, aurait dû consacrer l'importance qu'il faut au dossier de la ville de Kasserine. Une ville dont l'hôpital est dans un état évident de délabrement le rendant incapable de répondre aux besoins des citoyens et de faire face à des cas d'urgence dont celui de l'accident de mercredi. Cette réaction a été envenimée, par ailleurs, par une absence remarquée d'officiels venus s'enquérir de la situation de la ville et notamment par l'absence, très critiquée, du président de la République, qui ne s'est pas déplacé après l'accident.

Mais qu'aurait pu faire la ministre au juste ? Force est de reconnaitre que sa réaction n'a pas été à la hauteur de la situation. Là encore, des efforts en matière de communication sont à faire. Cependant, il est important de rappeler la précarité des équipements de l'hôpital régional de Kasserine. Un établissement de santé publique dont le manque de moyens fait qu'il ne peut assumer la charge qu'on lui impose. Tel est le cas de nombreux autres établissements dans le pays, et plus particulièrement dans les régions intérieures. Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire, fait une description édifiante de la situation de l'hôpital régional de Kasserine, l'ayant visité le lendemain de la catastrophe.
Mais si l'état de délabrement des hôpitaux est de notoriété publique depuis des années, les députés d'Ennahdha n'ont pas été nombreux à crier leur indignation et à défendre les citoyens des régions qu'ils représentent. Surtout, lorsque l'on sait que l'un des leurs était ministre de la Santé, à savoir Abdellatif Mekki.
A l'époque, le syndicat des médecins internes et résidents avait demandé à Abdellatif Mekki, sur fond de polémique autour des 3 ans de travail obligatoire dans les régions, de faire un état des lieux des hôpitaux des régions intérieures afin d'établir leurs besoins en matériel. Rien de concret n'a été fait à l'époque. Abdellatif Mekki était ministre de la Santé de décembre 2011 jusqu'à 2014, où plusieurs attentats terroristes ont fait de nombreux morts et blessés, transférés à l'hôpital de Kasserine et dans plusieurs établissements intérieurs. Aucun député de son parti ne s'est indigné de voir des malades entassés dans des couloirs en attendant de recevoir des soins de fortune.

Aujourd'hui, si la députée d'Ennahdha était présente à l'hôpital, afin de se rendre auprès des citoyens qui l'ont élue dans sa circonscription électorale, et de prendre en considération leurs doléances, sa présence n'avait rien à voir avec le domaine de la santé, qui lui est complètement étranger. Il ne s'agit donc que de pure surenchère politique. Prendre la ministre de la Santé à partie et l'empêcher, de force, de quitter les lieux, s'inscrit dans cette logique. Surtout lorsque l'on sait que cette ministre, issue de Afek Tounes, a été choisie pour un portefeuille qui a été convoité par Ennahdha.
La députée est certes connue pour son assiduité aux plénières du Parlement, comme la majorité des élus de son parti, avec 91% de présence ainsi que 77% de participation au vote, elle est pourtant très peu connue pour ses positions en faveur du secteur de la santé ou de la ville de Kasserine, en général.

Abdelkoddous Saadaoui, ancien conseiller du ministre du Développement, et membre du conseil national d'Afek Tounes, s'est exprimé sur sa page Facebook aujourd'hui au sujet de cette polémique. Originaire de la ville, il affirme avoir travaillé pendant un an en tant que conseiller du ministre du Développement du gouvernement de Habib Essid [ndlr : Yassine Brahim] et n'avoir jamais constaté la présence de ladite députée pour défendre les citoyens de sa région. « Vous n'êtes jamais venue, et on vous a invité à maintes reprises », écrit-il.
Le journaliste et syndicaliste Mongi Khadhraoui, originaire lui aussi de la ville de Kasserine, s'est exprimé de son côté sur les réseaux sociaux, hier, tançant la députée nahdhaouie et l'accusant de faire de la surenchère sur le dos de la ministre. Dans sa publication, le journaliste assure n'avoir jamais vu à l'œuvre la députée Safia Khalfi, qui appartient pourtant à un parti de la coalition au pouvoir. Un parti qu'il juge « responsable, en bonne partie, des malheurs de la région » et estime, par conséquent, « qu'elle est mal placée en pour accuser les autres ».


Le développement régional est un slogan de campagne brandi, à l'occasion de grands discours, à chaque fois que les circonstances le dictent. Lors de la plénière qui a permis le vote de confiance du gouvernement de Youssef Chahed, la grande majorité des députés a ponctué ses discours de passages sur « la nécessité d'accorder plus d'intérêt aux régions intérieures, oubliées et délaissées ». Pourtant dans les faits, peu de choses ont été faites encore.
Il a fallu attendre le double drame de Kasserine pour que le Parlement bouge. Une session parlementaire extraordinaire est, en effet, prévue courant septembre afin de se pencher sur le gouvernement de Kasserine et les régions défavorisées. « Le président de l'ARP a assuré que les besoins de la ville de Kasserine feront l'objet d'un suivi et d'un débat dans le cadre d'une séance plénière », a précisé Mohamed Ennaceur. En attendant, le populisme reste plus facile à appliquer que de véritables réformes et la région de Kasserine pourra de nouveau, une fois le choc absorbé, être reléguée aux oubliettes…


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