La compagnie des phosphates est le principal pourvoyeur d'emplois dans la région. Cela dit, l'après-phosphate pose des interrogations. Le gouvernorat de Gafsa, situé au sud- ouest de la Tunisie, est mondialement connu pour ses vastes gisements de phosphate. Cette ressource naturelle, exploitée depuis plus d'un siècle, constitue le pilier de l'économie locale. Cependant, la dépendance de cette région de cette seule ressource soulève, aujourd'hui, moult interrogations, notamment en ce qui concerne l'avenir économique de Gafsa après l'épuisement des réserves de phosphate. En effet, l'après-révolution a soulevé une question pertinente et qui comporte une partie explicative des troubles relevés dans le bassin minier : y a-t-il une vie sans le phosphate, ou, pour être plus explicite, après le phosphate? Un taux d'employabilité de plus de 70% La Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) est au centre d'une polémique, depuis 2011. Est-elle la solution ou le problème d'une situation d'inertie avec des chiffres sur le chômage allant crescendo? Pourra-t-elle poursuivre son rôle de principal employeur à une période cruciale caractérisée par une conjoncture économique délicate tant nationale que mondiale ? C'est que l'exploitation du phosphate à Gafsa a profondément marqué le paysage économique et social de la région, et cette exploitation intensive a progressivement transformé Gafsa en une région mono-industrielle, dépendante du phosphate pour la majorité de ses emplois et de ses recettes fiscales. Les instances dirigeantes ont-elles les moyens d'aller plus loin pour prospecter de nouvelles perspectives dans leur lutte contre le problème n°1 qui paralyse la quête de transition ? Le langage des chiffres laisse dégager un taux d'employabilité dans le secteur minier de plus de 70% de la population active, avec une évolution de la machine de recrutement suite à la création de la société de jardinage et de l'environnement. Certes, les réserves dont disposent les couches souterraines continuent à offrir le luxe pour de nombreuses années, mais c'est l'après-phosphate ou le «with out» qui suscite des interrogations. Là, se pose la question sur l'efficacité de cette structure et de ses acquis relevés dans une région pourvue de potentialités et de réelles opportunités d'investissement qui ne demandent qu'à être explorées et exploitées. Un cyber park sous-exploité Pour contribuer un tant soit peu aux demandes sans cesse pressantes des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur chômeurs, il faudrait innover et créer. L'issue de secours passe inéluctablement par la voie du salut qui consiste en la création de PME qui s'impose comme un passage incontournable. Et même si les chiffres n'engagent que ceux qui en font une religion, force est d'admettre que ceux inhérents à la toile du chômage constituent une bombe à fragmentation dont l'effet d'explosion a causé du mal à la région. Sans jouer les oiseaux de mauvais augure, l'avenir ne se présente pas sous les meilleurs auspices pour juguler ce fléau. Et pour cause. Le nombre des détendeurs d'un diplôme de l'enseignement supérieur augmente à une vitesse vertigineuse, surtout que le campus universitaire de Gafsa injecte annuellement entre 4.000 et 5.000 nouveaux diplômés. A Gafsa, il existe déjà un cyber park, avec un programme ambitieux et une infrastructure de télécommunications performante, mais l'exploitation laisse à désirer. Le spectre d'un épuisement des réserves du phosphate hante les esprits et pose un véritable défi pour l'avenir de la région. Que deviendra Gafsa une fois ce minerai raréfié ? La région semble prisonnière d'une structure économique figée, où la recherche d'alternatives reste insuffisamment explorée. La dépendance au phosphate a longtemps défini l'identité et l'économie de la région, mais à quand la fin de cette monoculture industrielle ?