Il a été incontestablement l'un des joueurs les plus brillants de sa génération par son abattage, sa rigueur, sa générosité dans l'effort. On le surnommait cœur de lion, mais surtout en rapport avec ses qualités de meneur d'hommes, jouant le rôle d'un véritable leader là où il est passé, principalement avec l'Etoile, son club d'adoption et d'appartenance, et au sein de l'EN avec laquelle il a disputé 88 matchs couronnés par une triple participation à la coupe du monde 98, 2002, 2006 et surtout le seul trophée international de notre sélection, à savoir la coupe d'Afrique des Nations 2004, où il a été capitaine lors de la finale de cette édition mémorable. Un parcours au cours duquel le natif de Menzel Bourguiba avait un impact certain sur ses coéquipiers dans les vestiaires et dans les moments difficiles et qui lui vouaient un respect considérable compte tenu de sa sincérité, sa crédibilité et sa force de caractère. «Je tiens tout d'abord à mettre en relief la dégradation manifeste des normes et valeurs qui régissent le football de nos jours. Aujourd'hui, place aux relations litigieuses, à l'intermédiation de vilaine moralité et aux intérêts personnels. Et ceci contrairement à notre époque où il est vrai que nous avions pu jouir de certaines récompenses pécuniaires intéressantes par rapport à nos prédécesseurs, mais il y avait plus de moralité, de respect et de responsabilité. Et là, je pointe des doigts les responsables d'aujourd'hui et certains entraîneurs d'être derrière cette perte de vitesse des valeurs. Avant, on jouait avec des injections et des élongations. De nos jours, les joueurs sont surévalués et péjorativement «chouchoutés». Pour revenir au rôle de locomotive et de leader que j'assurais auprès de mes coéquipiers, j'avoue que cette vocation s'est inscrite dans un cadre de passage de témoin entre la génération qui nous précédait et la nôtre, où on nous éduquait fondamentalement sur le respect de nos aînés. A titre anecdotique on n'osait jamais prendre sa douche avant un plus ancien que nous. De fait, quand on a la chance de côtoyer des joueurs-repères, à tous les points de vue, à l'instar des Imed Mizouri, Khaled B.Sassi, Radhouane Salhi... on ne peut que persévérer dans cette ligne de conduite et conserver précieusement cet héritage de valeurs nobles, en les transmettant à notre tour aux plus jeunes que nous. Avant, les anciens étaient pour nous des modèles à suivre, on vivait en famille. Dans les vestiaires, rien ne sortait à l'extérieur, on partageait des moments de joie, on pleurait, on pouvait se disputer des fois mais rien ne filtrait. C'était une véritable charte de conduite. Un statut de leader ne s'offre pas, ça se mérite. La qualité fondamentale d'un joueur cadre c'est incontestablement la fiabilité. De plus, quand tu évolues dans un club de la trempe de l'Etoile, habituée aux performances et aux titres, ça facilite énormément les choses et les rapports, tu deviens logiquement un joueur de titres. Nous avons eu le mérite de briser la barrière de la coupe d'Afrique, en effaçant le souvenir d'une ESS ne dépassant pas les 16es ou les quarts de finale. En équipe nationale, j'ai persévéré dans la même ligne de conduite puisque j'avais commencé en 1996 à côtoyer le cercle restreint des joueurs-cadres à un âge relativement précoce, mais surtout à partir de 1998 quand j'avais commencé à faire partie réellement du noyau-locomotive du groupe en compagnie des joueurs au caractère et au charisme incontestés à l'instar des Sami Trabelsi, Chokri El Ouaer, Zoubeir Baya, Adel Sellimi et Khaled Badra. C'était un exercice de responsabilité et d'engagement profonds et non d'une quête de privilèges ou de passe-droit. Et pour preuve, ce statut de leader ne te garantit guère une place de titulaire».