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«Je ne suis ni pompier ni pyromane...»
Souvenirs - Souvenirs: Mokhtar Tlili
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 06 - 2016

Entre son franc-parler, ses sorties médiatiques et ses déclarations parfois intempestives, Mokhtar Tlili est un personnage décidément atypique. Franc du collier, il nous livre ses préférences et anecdotes, se retrempe dans le passé, survole le présent, tout en se montrant piquant quand il aborde notre football. Sans revêtir l'habit d'un inconsolable hypocondriaque, l'ex-technicien national, caractériel à souhait, n'y va pas avec le dos de la cuillère quand il s'agit du sport-roi tunisien: «Je vais débuter par le passé proche et le maintien assuré par le CAB quelques années auparavant quand j'ai été appelé au chevet des Requins du Nord. A mon arrivée, l'important c'était surtout de redonner de la confiance. Je n'invente rien. Comment faire pour en arriver à cette confiance? En remettant du dynamisme dans le jeu et en canalisant le vestiaire. A travers le message envoyé aux joueurs, certains se sont libérés, désinhibés. Par effet d'entraînement, c'est tout le groupe qui s'est transformé.
Au CAB, la situation globale était compliquée. En plus, vu que j'ai débarqué à une période délicate, pour une mission bien définie, je ne me suis ni soucié du recrutement ni de «couper» des têtes. La loi martiale, connais pas. La rigueur et la discipline, c'est par contre mon credo.
La notion de groupe est très importante pour moi. Il y avait bien sûr la pression du résultat. Mais cela fait partie du football avec ce qu'il comporte comme aléas, enjeu, exigences et challenges au quotidien. Parfois, je prends de la hauteur par rapport aux attitudes de certains, de temps à autre, je tends la main. Ça dépend. Le plus important, c'est que je me sens toujours confiant dans ce que je fais.
Le CAB est un grand club. Il y a des acquis. Mais la difficulté, c'est que le CAB n'est justement pas habitué à se retrouver dans ce genre de situation (la lutte pour le maintien). Pour certains joueurs, jeunes notamment, c'était difficile. Il fallait gérer cette émotion, cette tension. Être capable de ne pas être négatif. Je n'ai même pas pris le temps de la réflexion avant de me décider à coacher les Cabistes. Ce n'était pas le vestiaire qui me manquait. C'était surtout le fait de mener un projet. J'étais très content à mon arrivée à Bizerte, pour son histoire, sa situation géographique. J'avais la conviction qu'il y avait un bon coup à jouer».
‘'L'Etoile, un vœu pieux non accompli» !
«Vous savez, je ne suis ni pompier ni pyromane. Certaines de ces étiquettes me sont retombées dessus par le passé. C'est mon destin, même si parfois cela m'a porté préjudice. On a l'étiquette qu'on a. Ce que je sais, c'est que beaucoup de clubs m'ont contacté par le passé pour jouer la montée ou le maintien en L1. J'ai cette étiquette aussi. Certains entraîneurs sont «catégorisés» pour certains types de clubs (sic). Et on n'y échappe pas. Sauf que moi, j'en ai vu d'autres en franchissant un palier depuis des dizaines d'années. J'ai en effet dirigé tous les grands clubs du pays à l'exception de l'Etoile, un vœu pieux non accompli, un goût d'inachevé.
Vous savez, je n'ai jamais entretenu ni eu de relations tumultueuses avec les présidents des grands clubs. J'ai pourtant eu affaire à des patrons médiatiques et des dirigeants sanguins. Ils ont besoin que l'entraîneur communique avec eux et les comprenne. Et en retour, à un moment donné, ils répondront positivement à certaines de nos demandes. En football, il y a l'envers du décor, le côté cour et le côté jardin.
Tout ne doit pas s'étaler, toute vérité n'est pas toujours bonne à dire et la transparence peut parfois se retourner contre vous. Quand je veillais aux destinées de la sélection tunisienne, dès mon intronisation, j'ai noté que des groupes s'étaient formés. L'équipe nationale manquait de cohésion, de cohérence et d'alchimie de groupe. Dès la première séance, je me suis dirigé vers le centre du terrain et j'ai sifflé la fin de la récréation. Il y avait un groupe où les meneurs étaient Khaled Ben Yahia et Tarak Dhiab, aux côtés de Abdelhamid Hergal et Lotfi Hsoumi. De l'autre côté, un autre bloc s'est formé avec Nabil Maâloul en tête. Je ne pouvais pas tolérer cette scission «invisible» pour le grand public mais palpable sur le terrain. En football, les résultats sont tributaires en partie de l'ambiance au sein du groupe et de la solidarité. J'ai donc agi en ce sens et je n'en dirais pas plus !
Durant mon passage en sélection, j'ai eu affaire à des talents purs, à des caractères mais pas à de grosses têtes. J'ai dû composer avec en traitant les joueurs sur un pied d'égalité mais aussi au cas par cas. Le talentueux et prédateur des surfaces Khaled Touati en sait quelque chose. Idem pour l'immense Hamadi Agrebi du côté du CSS. Cependant, rien ne filtrait de la cuisine interne de l'équipe nationale. C'était une chasse gardée des tenants et aboutissants fédéraux. Je suis pour la transparence mais j'ai aussi un devoir de réserve pour l'intérêt du groupe. Il m'est même arrivé d'arrêter l'entraînement, de boucler mes valises et de quitter la scène devant les regards de joueurs médusés suite à un événement-incident dont je ne vous ferai pas part.
Sur ce, les joueurs ont compris que je ne badine pas avec certains préceptes. «Ils m'ont compris» et ont adhéré à la tendance. Je me rappelle que j'ai tenu au côté de Ridha Akacha une table ronde avec Tarak Dhiab, Khaled Ben Yahia et Nabil Maâloul. L'ordre du jour était de dissiper les malentendus. Par la suite, nous avons battu le grand Zaïre (RDC) de Mobutu ! J'ai aussi sévèrement rappelé à l'ordre Taoufik Hichri quand il a carrément descendu Nabil Maâloul sous mes yeux via un tacle appuyé lors d'une séance de décrassage suivi d'un léger entraînement avec ballon.
«Ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent»!
Des coups de sang avec moi, j'y suis préparé ! Et gare à celui qui sort du rang ! Moi, je veux des rangs serrés et je ne permets à personne de choisir à ma place ou d'influencer mes choix techniques! Quand je crois en Lotfi Rouissi, eh bien, je maintiens mon raisonnement contre vents et marées sans jouer à la girouette. Ce n'est pas cette dernière qui tourne, c'est le vent! Je ne vais pas me laisser griser pour si peu! Quand j'opte pour Bourchada dans les buts ou Slah Fessi alors que je sais pertinemment que Chokri El Ouaer est appelé à devenir l'un des meilleurs gardiens du monde, je ne permets à personne de me bousculer ou d'influencer mon choix à un moment donné.
Vous en voulez plus ? Boubacar Ben Jrad, membre fédéral, est un témoin de l'histoire et des péripéties de mon passage en sélection. Quand on dirige une équipe nationale, il ne faut pas regarder seulement le paquet cadeau mais ce qu'il y a à l'intérieur. Il n'y a pas que le talent des joueurs, mais leurs qualités humaines, leur tempérament, leur marge de progression, leurs aptitudes d'adaptation et leur appréciation de la notion de groupe. Une fois ces critères identifiés, des passerelles se forment et tout bénéficie à nos porte-drapeaux. Vous savez, je suis un coach atypique mais humaniste. Je ne caresse jamais dans le sens du poil et je relève globalement certains défis même s'ils sont catalogués «mission impossible».
Je me suis régalé quand j'ai eu l'honneur de diriger la sélection de Palestine. Quel bonheur ! Je me suis attiré les foudres de la garde présidentielle irakienne et des services de douane quand j'ai subtilement évoqué le nom de Oudaï Saddam Hussein, à mon départ, suite à un séminaire tenu et organisé par l'UAF (Union Arabe de Football). J'étais l'invité du rejeton du Raïs et un malencontreux malentendu aurait pu m'envoyer six pieds sous terre ! Dès que je me suis identifié comme tel, j'ai été traité avec égard et respect. Mais j'ai eu chaud ! Ce n'était pas la première fois que le destin décide pour moi. J'ai aussi frôlé la mort à mon retour du Koweït via Jeddah quand un séjour écourté m'a sauvé la vie. L'aéroport et l'hôtel attenant visés lors du déclenchement de la guerre du Golfe auraient pu signer mon arrêt de mort. Sauf qu'un compatriote, que Dieu ait son âme, m'a filé sa place d'avion et j'ai regagné la mère patrie un jour plus tôt. Bref, je suis un miraculé !»


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