Quand génie et grande moralité se rencontrent chez un footballeur, cela donne lieu fort logiquement à un personnage d'exception à l'empreinte indélébile. Une telle réflexion s'applique parfaitement à l'ex-gloire de l'ESS lors des années 70, le valeureux à plus d'un titre Abdesselem Adhouma. Il y a un constat révélateur, mais manifestement amer,c'est que les valeurs humaines et morales dans notre football ont un rapport direct avec un passé plutôt lointain,tellement de nos jours,quand on raisonne moralité, on nous fait comprendre qu'on est en train de ramer à contre-courant. Et c'est la raison pour laquelle,quand on a la possibilité, voire la chance, de côtoyer même l'espace de quelques minutes un personnage de la trempe de Abdesselem Adhouma-Sleim pour les intimes — à la noblesse unanimement reconnue — on se fait une véritable cure d'intégrité morale et de crédibilité dans ces temps médiocres. «L'Etoile, une seconde identité » C'est l'idée qui revient comme un leitmotiv chez Abdesselem Adhouma pour traduire son appartenance et son amour indéfectible à l'Etoile : « Je dois tout à l'Etoile où j'ai appris les notions de la vie et les valeurs nobles, telles que le sens du sacrifice,de la discipline,de la fraternité et le respect d'autrui :coéquipiers,adversaires, publics et dirigeants de notre club ou de nos concurrents. Pour moi, l'Etoile est une seconde identité. C'était un rêve de gosse pour moi de porter la casaque de l'ESS. Depuis l'âge de 7ans, je tremblais quand je regardais l'Etoile jouer». « Une école de la vie » « A notre époque,la notion de l'argent était vraiment aléatoire et secondaire devant les notions d'amour pour le club. A titre anecdotique,on recevait une prime de 5 dinars après chaque victoire et 2,5 dinars en cas de match nul. Quand on côtoie des hommes de l'envergure de Hassouna Denguezli, Abdelhamid Limam, Taieb Nouira et autres, c'est une véritable chance. De plus,avoir un président intransigeant en matière de rigueur et de discipline en la personne de Dr Hamed Karoui,c'était un gage de réussite et de préservation des valeurs morales les plus nobles du club. Sous sa présidence,il était strictement intolérable de contester les décisions de l'arbitre ou d'envahir le terrain par quiconque. De tels agissements étaient lourdement sanctionnés par Dr Hamed Karoui. De même,les présidents des autres clubs de l'époque véhiculaient les mêmes valeurs et avaient également ce penchant irrévocable pour la discipline et le respect de l'adversaire, à l'instar des Azouz Lasrem,Hédi Enneïfer et Ali Zouaoui. Cet état d'esprit et cet esprit de profonde appartenance se sont traduits lors de la saison 62-63, année de tous les records, quand nous avions remporté haut la main le doublé avec zéro défaite,une performance chargée d'émotions, puisqu'elle a eu lieu une année après la dissolution de l'Etoile par Bourguiba». « Un buteur-né » C'est la caractéristique footballistique majeure de « Sleim », relatée par tous ceux qui l'avaient côtoyé. « C'est un buteur-né,un véritable chasseur de buts avec une rapidité d'exécution remarquable outre le fait qu'il jouait avec la même aisance des deux pieds. C'est une personne super gentille et très serviable,de surcroît, appréciée par tout le monde même par nos adversaires de l'époque », disait son alter-ego Mohsen Habacha.Mokhtar Dhouib, l'un des artisans de l'épopée de 1978, ne tarit pas d'éloges sur l'un de ses meilleurs amis d'après ses dires : «Pour moi, Abdesselem est un frère, il aime rendre service aux gens, c'est quelqu'un qui a réussi à avoir l'amour et la sympathie de tout le monde. Du côté footballistique, il était un grand buteur et il a réussi à tromper la vigilance de tous les gardiens ». Sur le terrain, Abdesselem Adhouma avait une complicité remarquable avec Othmane Jenayeh. «On s'entendait parfaitement sur le terrain les yeux fermés », et de renchérir : « Mon point fort, c'était les reprises de volée que je réussissais assez souvent.Sur le terrain, je recevais énormément de coups, mais je ne ripostais jamais. Les arbitres avaient beaucoup de respect pour moi; Ali B.Naceur disait : «Adhouma nous aidait énormément à gérer les matches ». Et la mission continue ! Toujours fidèle à son élan altruiste et à sa serviabilité qui n'a pas de limite pour ses coéquipiers et amis,tout en continuant à servir « son Etoile » sous d'autres angles, Abdesselem Adhouma, en présidant le comité des vétérans de l'Etoile, est resté fidèle à ses valeurs nobles : « Notre mission est de venir en aide aux joueurs et amis en mauvaise posture. De plus,nous répondons présent à toute sorte d'invitation afin de continuer à vulgariser une belle image de l'Etoile ». En bref, Abdesselem Adhouma est un condensé de talent footballistique inouï, mais surtout de valeurs morales de grande noblesse où don de soi, générosité et amour pour les autres sont illustrés d'une manière tellement sincère que cela frôle par moments le côté platonique. Chapeau bas « Sleim » !