Par Jalel Mestiri Le métier évolue constamment. Les exigences du travail poussé et méthodique, encore davantage. Ils ont marqué leur époque et leurs noms retentissent encore. Attouga, Chokri El Ouaer, Abdallah, Moncef Tabka, Kanoun. La liste est encore longue. Plus longue parfois que celle des joueurs de champ. C'est que la Tunisie a été un pays de gardiens de but. Chacun a retenu à sa façon l'attention. Mais ils avaient tous un point commun: le talent, le courage, le caractère et la constance. Ils constituaient à eux seuls la moitié de l'équipe, sinon plus!... Les gardiens des anciennes générations ne participaient jamais aux exercices de conservation de la balle. Ils étaient tout le temps mis dans un coin pour échauffement, prise de balle, plongeons. Cela a été très difficile à vivre et la plupart d'entre eux n'ont pas réussi à passer de l'autre côté de la barrière et à se reconvertir dans le rôle et la vocation d'entraîneurs. Il faut dire qu'il ne s'agit pas là d'une spécificité tunisienne. A l'exception de certains noms tels que Goethals, Zoff, ou Baup, les entraîneurs de renom de par le monde, et de par toutes les nations de football, sont essentiellement des joueurs de champ. Il n'en demeure pas moins que certains ont réussi à déroger à la règle. Leur reconversion a perpétué leur statut en réussissant en tant qu'entraîneurs des gardiens. Un entraîneur des gardiens n'est plus aujourd'hui celui qui se contente de frapper aux buts au cours d'une séance d'entraînement. Son rôle a changé. Sa vocation aussi et surtout. Il est plus que jamais impliqué dans le travail au quotidien. Il doit savoir planifier, accorder l'importance qu'il faut à la préparation physique et à l'aspect mental. Le métier évolue constamment. Les exigences du travail poussé et méthodique, encore davantage. Depuis le temps que le gardien n'avait plus le moyen de prendre la balle avec les mains sur des passe rétro, il a fallu tout d'un coup apprendre à jouer avec les pieds. Ce qui n'a pas manqué de donner de nouvelles prérogatives au travail de l'entraîneur des gardiens. L'acquisition de nouvelles techniques et la formation continue sont devenues des facteurs très importants de réussite. De toutes les façons, le gardien de but a besoin d'un travail différent et adapté, notamment en raison du fait d'être confronté à un grand nombre de situations de jeu. En Tunisie, il manque des formateurs pour les jeunes qui ont choisi la carrière de gardien. Ceux qui sont sur place sont mal outillés en ce qui concerne les nouvelles méthodes d'entraînement et ne réalisent pas toujours qu'il s'agit d'un poste en perpétuelle évolution. D'une manière générale, les entraîneurs que nous formons savent mettre en place les exercices, mais ils ne réfléchissent que trop rarement en termes d'objectifs. Dans quel but aborder tel domaine? Avec quel impact sur l'évolution du gardien ? Les clubs, du moins dans leur majorité, ne prennent pas conscience de l'importance qui doit être accordée au travail de base et aux acquisitions dès le plus jeune âge. Combien de répétitions? Quel exercice et à quel âge ? C'est dans ces domaines-là que les progrès à accomplir sont les plus nets. Et ce n'est pas tout, puisqu'on observe aussi un manque de communication entre l'entraîneur principal et l'entraîneur des gardiens. Le but serait donc de persuader le premier qu'un gardien peut aussi faire gagner des matches et que, par conséquent, il doit laisser une certaine latitude à son entraîneur spécifique et être dans la discussion permanente.