Un garçon de cinq ans a été brûlé au visage par son éducatrice dans un jardin d'enfants anarchique de Jebel Jelloud. Pour sa part, la propriétaire de l'établissement a été condamnée à 8 mois de prison pour avoir causé des préjudices physiques à autrui par négligence. L'espace a été fermé L'animatrice qui a brûlé avec une cuillère chauffée à blanc le visage d'un petit garçon de cinq ans dans un jardin d'enfants anarchique vient d'écoper de quatre ans de prison ferme. La propriétaire de l'établissement a pris, quant à elle, huit mois de prison. Le verdict vient d'être prononcé, hier, par le Tribunal de première instance de Tunis. Rappelons les faits. Récemment, un petit garçon de cinq ans a subi des brûlures dans un jardin d'enfants anarchique par l'animatrice chargée de surveiller les enfants et de s'occuper d'eux. Cette «éducatrice» est-elle entrée dans une rage folle parce que l'enfant était peut-être un peu trop turbulent à son goût? Une hypothèse plausible. Quelles que soient les raisons qui l'ont poussée à agresser et violenter un enfant en bas âge, il n'y a aucun mot pour qualifier ce geste abominable, fort condamnable et totalement inadmissible car il a mis en danger la vie d'un enfant se trouvant sous la responsabilité du personnel de cet espace. Ce qui est certain, c'est que cette «puéricultrice» ne dispose pas des compétences nécessaires pour s'occuper des chérubins en bas âge. A l'instar de nombreux jardins d'enfants anarchiques, cet espace n'est non seulement pas approprié pour accueillir les enfants — il ne répond à aucune norme et ne dispose pas d'un cahier des charges qui régit son activité— mais les animatrices qui y exercent n'ont également aucune qualification pour s'occuper des enfants en bas âge. Afin, en effet, de réduire les dépenses, les directrices et les directeurs de ces espaces recrutent généralement des femmes sans niveau et sans compétences qui s'occupent, à la fois, de l'entretien (ménage), de la cuisine ainsi que de l'animation. Alors qu'elles devraient organiser des activités adaptées à ce groupe d'âge et qui favorisent l'apprentissage par le jeu, l'interaction et la socialisation dans le groupe ainsi que le développement cognitif et la motricité, elles se contentent simplement de les garder avec tout ce que cela comporte comme risque. Il suffit d'une minute d'inattention ou d'une perte de contrôle de soi, comme ce qui est arrivé à la «puéricultrice» de ce jardin d'enfants, pour que cela tourne vite au drame. Les services de la protection de l'enfance du ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance ont procédé immédiatement à la fermeture de cet espace anarchique. Sous l'effet du choc, l'enfant, qui a été soigné au centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous, bénéficie actuellement d'une assistance psychologique fournie par la protection de l'enfance. «Une procédure pénale a été engagée et une enquête est actuellement en cours pour déterminer les responsabilités et vérifier s'il y a eu d'autres cas de maltraitance dans ce jardin d'enfants», a relevé M. Mehiar Hamadi, le délégué à la protection de l'enfance. Ce nouveau cas de dépassement soulève encore une fois le problème du contrôle des jardins d'enfants anarchiques. Selon Lotfi Belazi, directeur de l'animation socioéducative et des loisirs, une commission est actuellement chargée au sein du ministère du contrôle et du suivi des espaces anarchiques. C'est elle qui prend les décisions de fermeture à l'encontre des jardins d'enfants qui exercent illégalement leur activité. Selon le responsable, il faudrait renforcer les ressources humaines chargées de la protection de l'enfance pour pouvoir assurer un meilleur contrôle et suivi de ces espaces sur tout le territoire, mettre en place des cellules de veille ainsi qu'un réseau d'information permettant de recueillir efficacement les signalements. «Nous comptons au total 50 inspecteurs et 170 délégués à la protection de l'enfance. Ce qui est insuffisant pour assurer le contrôle des 4.300 jardins d'enfants répartis sur tout le territoire, sans compter les espaces anarchiques». Que font de leur côté les communes pour renforcer les efforts des cadres de la protection de l'enfance sur le terrain ? C'est la question qu'on est en droit de se poser aujourd'hui. Un traumatisme éprouvant Surmonter cette épreuve dépendra de la capacité de résilience de l'enfant Le traumatisme causé par des brûlures chez un petit garçon de cinq ans qui a été agressé violemment par une des animatrices d'un jardin d'enfants situé à Jebel Jeloud risque d'avoir des répercussions psychologiques négatives chez l'enfant. Selon le psychiatre Wahid Koubaâ, ces répercussions vont notamment dépendre de la capacité de résilience de ce dernier ainsi que de son environnement familial, a expliqué le médecin. Cette capacité de résilience diffère d'une personne à une autre. «Deux types d'attitudes sont généralement observées après la survenue d'un traumatisme chez un individu. Soit celui-ci en ressort plus fort, soit il développe au contraire une peur et une anxiété post-traumatiques. S'agissant de cet enfant, il peut développer, après un tel traumatisme, un rejet de tout ce qui est lié au milieu scolaire, avoir peur, faire des cauchemars et devenir hyperanxieux. Il peut également avoir une reviviscence traumatique c'est-à-dire se souvenir au cours de la journée ou en dormant, de l'événement traumatique qui lui est arrivé. C'est là qu'intervient le rôle des parents qui doivent tenir un discours rassurant à leur enfant pour l'aider à surmonter cette épreuve». I. H.