Sur plus de 700 jardins d'enfants opérant dans la clandestinité, seulement 200 ont été fermés Le dialogue de sourds se poursuit entre la Chambre nationale des crèches et des jardins d'enfants et le secrétariat d'Etat chargé des Affaires de la femme, de la famille et de l'enfance, a souligné Mme Nabiha Kamoun Tlili, présidente de la structure syndicale lors d'une conférence de presse qui s'est tenue, hier, au siège de l'Utica. En 2013, la Chambre nationale des crèches et des jardins d'enfants avait présenté une série de recommandations destinées à mettre de l'ordre et à mieux structurer un secteur qui présente de nombreuses défaillances. La présidente de la Chambre reproche, aujourd'hui, au ministère de ne pas avoir traduit ces recommandations en actions concrètes afin de protéger les enfants en bas âge, dont certains ont déjà payé de leur vie la cupidité qui a poussé des intrus à investir dans ce secteur sans qu'ils aient de formation préalable leur permettant de bien encadrer cette frange spécifique de la petite enfance comprise entre zéro et six ans. Selon la dirigeante de la structure syndicale, il est «urgent» de créer des commissions chargées de renforcer le contrôle des jardins d'enfants qui exercent dans la clandestinité et sans autorisation. «C'est suite à la mort tragique du bébé Yazid Tekaya dans une crèche non autorisée qu'une commission a été constituée, a relevé Mme Kamoun. Il est nécessaire de renforcer le contrôle pour éviter que des bébés soient victimes de l'incompétence de soi-disant éducateurs et animateurs. Si le contrôle n'est pas renforcé, les dépassements vont se poursuivre. Il ne faut pas oublier le cas de cette petite fille âgée de trois ans qui a été violée dans un jardin d'enfants». 500 jardins d'enfants opèrent dans la clandestinité Sur plus de 700 jardins d'enfants opérant dans la clandestinité, seulement 200 ont été fermés. «Pourquoi le gouverneur n'a pas mis à exécution la décision de fermer tous les jardins d'enfants qui travaillent dans l'illégalité? Pourquoi seulement 200 jardins d'enfants ont été fermés? Est-ce pour préserver des postes d'emploi? C'est la question que je me pose», s'interroge la présidente de la Chambre nationale. Selon elle, tout est à revoir et c'est autour de cela que les recommandations s'articulent. Il faudrait déjà revoir à la hausse la part infime du budget de l'Etat consacrée à la petite enfance qui ne représente que 0,25% alors qu'en France ou au Maroc, celle-ci s'élève respectivement à 4 et 1%. En effet, un budget plus conséquent doit être consacré à la petite enfance pour pallier les dysfonctionnements du secteur qui sont nombreux. La formation des directeurs et des directrices des jardins d'enfants ainsi que des animateurs et des éducateurs laisse à désirer. Les promoteurs qui veulent ouvrir un jardin d'enfants suivent une formation qui ne dure qu'un mois et demi, ce qui est «insuffisant pour apprendre à gérer un jardin d'enfants qui accueille des enfants en bas âge qui ont des besoins spécifiques». Crèches: des éducateurs non qualifiés Toujours selon la présidente de la Chambre, la moitié des éducateurs et des animateurs qui exercent dans des structures d'accueil de la petite enfance ne sont pas qualifiés pour assurer l'accompagnement, l'éveil et l'apprentissage des enfants en bas âge. La formation ne représente pas le seul problème. Selon la présidente de la Chambre syndicale, le secteur doit être totalement réorganisé afin d'assurer un meilleur encadrement à la petite enfance. Alors que les enfants âgés entre deux ans et cinq ans doivent être placés dans des structures d'accueil spécialisées dans la petite enfance afin d'être accompagnés dans leur éveil par des éducateurs spécialisés, plusieurs enfants ont été inscrits dans des kotteb, des classes préparatoires ou ont été tout simplement placés chez des voisins, faute de jardins d'enfants municipaux et d'autres structures d'accueil spécialisées. «Deux cents jardins d'enfants municipaux ont fermé leurs portes car l'Etat n'a pas les moyens de les entretenir. 48 jardins d'enfants sont restés ouverts. Il faut rouvrir les jardins municipaux, notamment dans les zones où vivent des familles aux ressources limitées. L'Etat pourrait accorder une allocation aux parents qui disposent de peu de moyens, afin de leur permettre d'inscrire leur enfant dans un jardin d'enfants municipal», a affirmé Mme Tlili. Au cours de cette conférence de presse, la présidente de la Chambre syndicale a également abordé un autre point, celui de l'inexistence de structures d'accueil pour les enfants âgés de zéro à deux ans. «Il faudrait penser à développer ce type de structure, car les jeunes mamans actives ne trouvent pas où placer leurs enfants lorsqu'elles travaillent», conclut-elle. Enfin, la loi devrait pénaliser la création de jardins d'enfants et d'espaces pour enfants qui opèrent dans la clandestinité et qui ne respectent pas les clauses du cahier des charges établi par le secrétariat d'Etat chargé des Affaires de la femme, de la famille et de l'enfance. Liste des crèches et des jardins d'enfants incomplète La présidente de la Chambre syndicale a loué l'initiative du ministère des Affaires de la femme, de la famille et de l'enfance qui a dressé une liste des crèches et des jardins d'enfants exerçant dans des conditions légales. Toutefois, des adresses erronées figurent sur cette liste qui présente l'inconvénient de ne pas être exhaustive.