Par Hédi JENNY C'est la guerre entre commissaires et délégués des matches La décision du président de la Ligue nationale de football professionnel (Lnfp), Mohamed El Arbi, de convoquer et d'auditionner le président de la Direction nationale d'arbitrage, Aouaz Trabelsi, n'a pas plu à ce dernier et a même suscité sa colère. Objet de cette convocation et de cette audition : la non-conformité des rapports rédigés et envoyés dans les 48 heures après les rencontres par les commissaires de matches avec ceux qui sont transmis dans les mêmes délais par les délégués désignés par la Ligue. Alors que ces derniers «n'omettent aucun détail et signalent tous les faits et infractions commis, certains commissaires passent sous silence certains dépassements, n'appliquent pas les règlements concernant les personnes autorisées à se trouver dans la main courante et sur les bancs des remplaçants et n'indiquent pas toutes les exactions objets de sanctions établies dans les tableaux A, B, C, D, E, F et G de l'article 44 du Code disciplinaire de la FTF». Face à des rapports aussi controversés, parfois même contradictoires, les commissions de discipline et de fair-play de la ligue et de la FTF se trouvent confrontées à de gros dilemmes et ne parviennent pas parfois à séparer le bon grain de l'ivraie pour prendre, en leur âme et conscience, les sanctions adéquates et appliquer les règlements à la lettre. Chose qui a permis à la commission nationale d'appel de casser plusieurs décisions de la ligue en matière disciplinaire et d'annuler, par exemple, les sanctions de matches à huis clos prononcées à l'encontre de l'USBG, du SN et du SG parce que les infractions reprochées à ces trois clubs n'ont pas été tout bonnement signalées dans les rapports des commissaires alors qu'elles ont été mentionnées dans ceux des délégués de la ligue. En outre, alors que certains commissaires se donnent le droit d'entrer dans les vestiaires des arbitres après la fin de la rencontre et interviennent parfois dans la rédaction par l'arbitre des observations et des infractions sur la feuille de match, les délégués sont, eux, interdits d'approcher le trio arbitral pour avoir quelques éclaircissements — leur mission se limitant aux faits qui surviennent aux alentours du terrain — et de faire des remarques quant à la prestation des arbitres sur la pelouse et les fautes d'appréciation ou d'application des règlements qu'ils peuvent commettre. Mohamed Dabbabi, le président de la commission des commissaires de matches, qui n'a pas apprécié les accusations contre ses protégés, s'est fâché et n'a pas mâché ses mots pour reprocher au président de la Lnfp, Mohamed El Arbi, «d'avoir pointé du doigt et stigmatisé tout un corps de commissaires, malgré les conditions difficiles et parfois impossibles de mener à bien leur tâche». Propos qui lui ont valu d'être momentanément écarté de ses fonctions jusqu'à présentation de ses excuses à Mohamed El Arbi. Aussi bien Mohamed Dabbabi que Mohamed El Arbi sont deux hommes de confiance du président de la FTF, Wadii El Jari, qui n'est pas prêt à sacrifier l'un pour faire plaisir ou rendre justice à l'autre. Ce dernier n'a d'autre alternative que de rappeler les deux hommes à l'ordre et de redéfinir avec précision les prérogatives des commissaires et des délégués sans qu'il y ait interférence dans leurs tâches respectives ou conflits d'intérêts. Ce nouveau torchon qui brûle entre deux corps qui doivent normalement se compléter et non se quereller, il aurait tellement aimé s'en passer tellement il a d'autres chats à fouetter.