Par M'hamed JAIBI Le nouveau président élu par les Américains inquiète beaucoup de monde. Mais cette inquiétude est également due au fait qu'il a été un candidat atypique, en rupture avec l'establishment et avec les valeurs conventionnelles dont se targue habituellement un aspirant à la présidence. Elu par surprise, il n'a pas eu le temps de composer avec son environnement naturel au sein du Parti républicain qui lui avait accordé sa confiance. Lui, l'homme d'affaires milliardaire «en dollars» et la star médiatique de téléréalité qui n'avait d'expérience politique qu'une vieille candidature fantaisiste, sans suite, à la présidence américaine, au nom d'un minuscule parti sans lendemain. Il a été élu par les mécontents et les victimes de la mondialisation, malgré tout le soutien institutionnel dont se prévalait Hillary Clinton. Une Clinton trop conventionnelle, lâchée en partie par les électeurs qu'avait remontés Sanders lors des primaires démocrates. Et il est désormais «le» président élu. Le futur président en exercice, à dater du 20 janvier prochain, et pour quatre ans. Une fois passée la surprise, Donald Trump ne manquera pas de tendre la main à l'intérêt national de son pays et de voir les puissantes institutions américaines l'entourer et l'apprivoiser. Cela dit, il ne manquera pas de s'attacher à certains des thèmes clés de sa campagne électorale, comme un éventuel mur avec le Mexique ou une plus grande agressivité à l'égard du terrorisme takfiriste. Quant aux «coups de colère» de sa campagne, comme la menace de quitter l'Otan ou la tentation de «s'allier» à la Russie, ils le verront sans doute modérer ses emportements. La «raison d'Etat» aura raison de lui. Déjà, sa visite à Obama, hier, aura remis quelques pendules à l'heure, sachant que le choix des personnalités de son cabinet finira le travail. Resteront dans le flou, peut-être son attitude quant au conflit palestino-israélien et ses intentions vis-à-vis des produits «made in China» ou mexicains. Sans oublier certaines promesses électorales faites dans diverses régions des Etats-Unis, en vue de redonner de l'emploi dans des activités dramatiquement délaissées. Mais il devra, sans aucun doute, faire oublier ses plaidoyers mal inspirés contre les Noirs, les musulmans et les femmes, ou encore sa «détermination» à interdire l'avortement.