Cette épaisseur narrative des monuments enrichit la mémoire et l'émotionnel de l'homme et lui permet de prendre racine. C'est par le passé, et à travers ces nombreuses couches de mémoire et de culture que l'on peut frayer son chemin vers l'avenir. S'attaquer à un monument, c'est une façon d'installer l'amnésie.Et de détruire le psyché. Que de dictateurs se sont accordé le rôle principal dans l'histoire d'un pays, en détruisant, d'une manière ou d'une autre le patrimoine, et tout ce qui le représente. C'est une de leurs stratégies de manipulation. Ces criminels n'ont rien à envier aux terroristes d'aujourd'hui. Le 11 septembre 2016, à Lagos (la plus grande ville du Nigeria et du continent africain) le Ilojo Bar (Casa do Fernandez), un édifice de 161 ans, nommé monument national en 1956 par la commission nationale des musées et monuments, bel exemple d'architecture brésilienne, a été démoli sans logique et sans avertissement. Mais qui a donné l'ordre et pourquoi ? Jusqu'à il y a quelques jours, personne n'a revendiqué la démolition et la tension demeure vive dans la communauté de l'art et de la culture au Nigeria. Dans un reportage publié par The Guardian Nigeria, un journaliste écrit que cette démolition a eu lieu en cette journée reconnue dans le monde entier pour étant la journée de lutte contre le terrorisme, après que deux édifices de valeur patrimoniale ont été détruits à New York. Cela dit, explique le journaliste, cet acte pourrait être la conséquence d'un désaccord familial. Mais la planification méticuleuse, ajoute-t-il, n'a rien d'innocent. En tous cas, le Legacy (Groupe d'intérêts environnementaux et historiques du Nigeria) a constaté la démolition la considérant comme «un jour contaminé dans l'histoire du Lagos». Il a, par la suite lancé une campagne en ligne, dont le contenu est le suivant : les auteurs de la démolition doivent être poursuivis. Une réplique du monument doit être construite. Les plans du bâtiment sont intacts et ce dernier deviendra un centre de tourisme culturel. A bon entendeur. Cela n'arrive pas qu'aux autres.