La construction d'une vision politique et d'un espace économique communs A l'occasion de la célébration du 21e anniversaire de la fondation de l'Union du maghreb arabe (UMA), le ministère des Affaires étrangères a organisé, hier à Tunis, une rencontre ayant pour thème «L'intégration économique maghrébine». Les ambassadeurs des pays membres de l'Union ainsi qu'un important nombre d'hommes d'affaires maghrébins ont pris part à ce rendez-vous célébrant une date marquante dans l'histoire des peuples maghrébins. M. Mouldi Ayari, vice-président de l'Utica ( Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat), chargé des relations avec les pays de l'UMA, a relevé que l'année en cours sera marquée par d'importants événements à même d'impulser le processus de l'UMA. La Tunisie, a-t-il indiqué, s'emploie à dynamiser les institutions et structures de l'Union, à accélérer la mise en œuvre des différents accords et conventions conclus entre les Etats maghrébins et à mettre en œuvre les différents plans et programmes communs, notamment dans le domaine économique. L'année 2010 connaîtra, selon lui, la mise en service effective à Tunis de la Banque maghrébine d'investissement qui sera en mesure de booster l'intégration économique entre les pays de la région, outre l'organisation de la 1ère conférence des femmes d'affaires maghrébines qui traduit le niveau de conscience de la nécessité de faire participer la femme maghrébine, aux côtés des jeunes, en tant que forces vives, à la dynamisation du partenariat intermaghrébin. M. Azzam Mahjoub, universitaire, a pour sa part traité le thème de l'intégration régionale sud-sud en se basant, entre autres, sur une étude comparative entre le monde arabe et l'Amérique du sud. Il a dans ce cadre évoqué les principales caractéristiques démographiques, économiques, socio-humaines et commerciales du monde arabe en général, évaluant la dimension économique et politico-institutionnelle du processus d'intégration en soulevant les «bienfaits» de l'intégration régionale. Il a dans ce cadre considéré ce processus comme «une mesure de sécurisation des rapports internationauxà même d'instaurer des relations fondées sur la confiance». L'intégration est, selon l'universitaire, un véritable catalyseur de réformes qui requiert toutefois un approfondissement des relations unissant les différents pays et un traitement spécifiques des différents obstacles d'ordre économique, non économique et institutionnel. M.Azzam a par ailleurs préconisé la multiplication des efforts en vue de consolider les relations de coopération bilatérale dans tous les domaines, de réaliser d'autres projets de partenariat, de prospecter de nouveaux secteurs et de favoriser la complémentarité et l'intégration économiques des pays de la région. Intervenant au cours de cette rencontre, des hommes d'affaires maghrébins ont exprimé leur souci d'améliorer la coordination et la coopération qui est une donnée essentielle au sein de l'UMA et ont soulevé certaines problématiques liées à la complémentarité entre les actions politiques et économiques dans la région, l'harmonisation entre les cadres législatifs des pays maghrébins et le coût exorbitant du «non-maghreb» qui représenterait une perte importante en termes de croissance du PIB de la région. Un potentiel à exploiter «A la fin 2009, le nombre des sociétés maghrébines implantées en Tunisie a été estimé à 107 avec des investissements globaux évalués à environ 300 millions de dinars ayant créé 8.500 postes d'emploi. De même, le nombre des sociétés industrielles tunisiennes implantées en Algérie s'élève à 200», c'est ce qu'a affirmé M. Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement et de la Coopération internationale, à la clôture de cette rencontre, indiquant que le volume des échanges commerciaux tuniso-maghrébins n'a cessé d'évoluer puisqu'il a été multiplié par deux entre 2005 et 2008 pour atteindre actuellement 4,2 milliards de dinars contre 1,9 milliard de dinars en 2005. Il a, dans ce cadre, salué les dirigeants maghrébins pour les efforts soutenus qu'ils ne cessent de déployer en vue de donner corps à ce projet civilisationnel et de hisser l'Union maghrébine au rang des pôles actifs dans le monde. Il a, en outre, appelé à consolider l'édifice maghrébin et d'en dynamiser les structures, de manière à jeter les fondements d'une nouvelle étape de partenariat et de complémentarité entre les pays maghrébins et habiliter le groupement maghrébin à s'adapter aux mutations régionales et internationales. M.Jouini a, par ailleurs, appelé à redoubler d'efforts afin d'activer la mise en place de la zone maghrébine de libre-échange, outre la réalisation des grands projets maghrébins, eu égard à leur importance dans l'impulsion de l'œuvre de l'Union maghrébine et la réalisation du processus d'intégration et de partenariat entre les pays de la région. Il a, dans ce cadre, relevé l'importance du rôle des hommes d'affaires dans l'appui apporté au processus de complémentarité et d'intégration économique maghrébine, les exhortant à redoubler d'efforts pour réaliser l'ambition commune. Le ministre a fait remarquer qu'outre le ralentissement du processus d'intégration maghrébine, le volume des échanges maghrébins demeure en deçà du potentiel que les économies de chaque pays offrent. Ces échanges ne représentent, en effet, que 3% du total des échanges commerciaux extérieurs des pays de la région. Il a ainsi souligné que les réalisations accomplies, quoique très positives, n'exploitent pas assez les potentialités disponibles et beaucoup de chemin reste à faire pour assurer l'interdépendance des intérêts des pays maghrébins et réaliser l'intégration économique tant convoitée.