A l'occasion de la célébration, en Tunisie, du 20ème anniversaire de la création de l'Union du Maghreb Arabe, M. Abdelwaheb Abdallah, membre du bureau politique du Rassemblement Constitutionnel Démocratique et ministre des affaires étrangères a donné, mardi, une conférence au Forum de la pensée politique du RCD ayant pour thème »l'Union du Maghreb Arabe, enjeux du présent et défis de l'avenir », en présence du secrétaire général du Rassemblement, de cadres et de personnalités nationaux et de militants du parti.Le ministre a souligné l'importance considérable que le président Zine El Abidine Ben Ali accorde à l'édification maghrébine et la place de choix que ce projet occupe dans les choix et les orientations de la Tunisie de l'ère nouvelle. Il a passé en revue, au début de son intervention, les principales étapes historiques de l'émergence des prémices d'une identité maghrébine commune et la nouvelle conscience des peuples de la région quant à la possibilité de réaliser le rêve maghrébin. Ces prémices, a-t-il précisé, sont apparues dès le début du siècle dernier dans des tentatives liées essentiellement à la lutte contre la colonisation dans la région maghrébine, à travers des initiatives dont la création de l'Union des étudiants d'Afrique du Nord en France en 1927 et la création du Bureau du Maghreb Arabe au Caire en 1947. Outre le rôle qu'elles avaient joué dans la stimulation de l'esprit militant parmi les peuples de la région, ces initiatives, a-t-il dit, ont contribué à l'approfondissement du sentiment d'appartenance à l'espace maghrébin en tant qu'aspiration politique alimentant le référentiel idéologique des partis et des mouvements de libération nationales dans la région maghrébine. Il a relevé que le congrès des partis politiques maghrébins tenu à Tanger au mois d'avril 1958, a été une étape cruciale, un jalon majeur sur la voie du rapprochement entre les peuples maghrébins et un point de départ dans la recherche des perspectives de la concrétisation du projet maghrébin. Il a également passé en revue certaines autres tentatives d'intégration entreprises au lendemain de l'indépendance des Etats de la région, à l'instar de la création de la Commission consultative maghrébine permanente, en 1964, dans le but d'aménager la plate-forme nécessaire pour la complémentarité et l'intégration économique et sociale entre les Etats maghrébins. Certains différends ayant marqué les relations entre certains Etats de la région au cours des années 70, a-t-il fait remarquer, ont empêché le parachèvement du processus maghrébin. Il a affirmé que le Changement historique qu'a connu la Tunisie le 7 novembre 1987, sous la direction du président Zine El Abidine Ben Ali est venu donner un nouveau souffle aux relations entre les Etats de la région. C'est ce qui a contribué, a-t-il ajouté, à l'instauration d'un climat favorable pour la tenue du sommet de Zeralda en Algérie le 10 Juin 1988. Ce sommet, a-t-il indiqué, a constitué un tournant historique de la région, ayant préparé le terrain à la proclamation de l'Union du Maghreb Arabe au sommet de Marrakech le 17 février 1989 et à l'entrée du processus maghrébin dans une nouvelle phase de réalisation sur la voie de la concrétisation de l'édifice maghrébin. Le ministre a fait observer qu'il n'est pas fortuit que le nouveau démarrage du processus maghrébin coïncide avec l'avènement du changement du 7 novembre en Tunisie et son projet civilisationnel, initié par le président Zone El Abidine Ben Ali, conformément à une méthodologie réaliste et rationnelle, fondée sur des orientations visant à réaliser le développement global et à conforter la présence et l'intégration de la Tunisie dans les différents espaces de son appartenance régionale et internationale. Il a, dans ce contexte, mis l'accent sur l'approche du président Ben Ali au sujet de l'action maghrébine commune, relevant que la dimension maghrébine tire son importance, dans la pensée du président de la République, de la valeur stratégique de la région du Maghreb, aux différents niveaux, politique, économique et sécuritaire ainsi que dans les dénominateurs communs historiques, civilisationnels et géographiques unissant ses pays et qui ont fait du Maghreb arabe l'une des régions du monde les mieux habilitées à réaliser la complémentarité et l'intégration. Partant de ces convictions basées sur des données historiques, objectives et constitutionnelles, a-t-il ajouté, l'action maghrébine commune a été au premier rang des préoccupations du chef de l'Etat qui lui a conféré une place stratégique, dans le cadre des constantes de la politique extérieure tunisienne, qui tire son référentiel de la Déclaration du 7 novembre, à travers laquelle, le chef de l'Etat a pris l'initiative, dés l'aube du changement, d'assainir l'atmosphère des relations entre la Tunisie et les pays voisins, de rétablir la confiance mutuelle et de réunir les conditions favorables en vue d'instaurer des relations de coopération constructive avec l'ensemble des pays maghrébins frères et de relancer le processus maghrébin. M. Abdelwaheb Abdallah a souligné que l'histoire doit au président Ben Ali ses efforts louables et sa contribution agissante à la tenue du sommet de Zeralda (Algérie) le 10 juin 1988 et sa contribution à la réussite de ses travaux qui ont préparé le terrain à la tenue du sommet de Marrakech le 17 février 1989, sommet qui a proclamé la fondation de l'Union du Maghreb Arabe. Le ministre a fait observer que la Tunisie, depuis la création de l'UMA, ne ménage aucun effort pour raffermir la coopération et la coordination avec le reste des pays maghrébins frères en vue d'instaurer les institutions et les structures de l'Union et mettre en place un cadre législatif cohérent réglementant l'action maghrébine commune sur les différents plans. Il a rappelé que les premières années de l'action maghrébine commune a connu un rythme encourageant, illustré par l'élaboration de plusieurs études sectorielles et la conception d'une série de projets maghrébins d'intégration, dont notamment, l'autoroute, le réseau ferroviaire, le train maghrébin express, l'installation de la connexion téléphonique par voie du câble « Ibn Khaldoun » des fibres optiques, le satellite maghrébin des télécommunications et l'observatoire maghrébin des eaux. Il a, également, évoqué les acquis accomplis dans le domaine de la stratégie maghrébine pour la sécurité alimentaire et le programme maghrébin de lutte contre la désertification et la protection de l'environnement ainsi que la coopération en matière de santé humaine et de promotion de la santé animale et végétale, outre l'accord conclu, lors du sommet de Ras Lanouf en 1991 en Libye, pour la mise en place d'une stratégie maghrébine de développement commun qui a appelé à l'instauration d'une zone maghrébine de libre-échange, étape précédant l'installation du marché commun maghrébin. M. Abdelwaheb Abdallah a fait observer que l'action maghrébine commune a connu, depuis 2001, une dynamique illustrée, notamment, par l'organisation de plusieurs réunions du conseil des ministres des affaires étrangères, du comité de suivi, des commissions ministérielles spécialisées et des conseils sectoriels. Il a ajouté que le Président Ben Ali considère que la promotion des relations de fraternité et de coopération entre les pays maghrébins comme un pilier fondamental de l'édifice maghrébin. Partant de cette approche, a-t-il ajouté, la Tunisie a oeuvré à impulser les relations de coopération bilatérale avec les pays maghrébins et à assurer, en même temps, la périodicité des réunions des structures de l'UMA au niveau ministériel et des commissions sectorielles et à parachever l'édification des institutions économiques de l'Union. Le ministre a souligné que l'évolution qu'ont connue les relations de fraternité et de coopération entre la Tunisie et les pays maghrébins a eu un impact positif sur le processus d'intégration économique maghrébine et contribué à accélérer la mise en place d'une zone maghrébine de libre-échange. Cette évolution, a-t-il indiqué, a aussi permis de dynamiser le rôle du secteur privé, à travers la relance de l'Union maghrébine des agriculteurs et l'accélération du processus de création de l'union maghrébine des hommes d'affaires. Cette évolution, a-t-il ajouté, a également contribué à dynamiser l'Union des banques maghrébines et conforté les efforts visant à mettre en place la Banque Maghrébine pour l'investissement et le commerce extérieur(BMICE) qui est de nature à contribuer à l'accélération du rythme d'intégration et de complémentarité économique maghrébine. Le ministre a souligné que les difficultés conjoncturelles que connaît l'action maghrébine commune ne doit pas occulter les acquis et les réalisations du accomplis, durant les deux dernières décennies. Il a réaffirmé, dans ce contexte, l'attachement indéfectible du président Ben Ali et de ses frères, maghrébins, à l'UMA en tant que choix stratégique pour les Etats et les peuples de la région, dans un contexte international marqué par des mutations rapides et accélérées qui imposent aux pays maghrébins de réagir dans le cadre d'une action collective afin de faire face aux défis qui se posent. Le ministre a fait remarquer que, partant de sa vision prospective des grandes mutations internationales et de leurs incidences sur les différents aspects de la vie quotidienne, notamment, aux niveaux politique et économique, le chef de l'Etat ne cesse de réaffirmer l'attachement de la Tunisie au choix maghrébin et sa détermination personnelle à oeuvrer, en collaboration avec ses frères maghrébins, à transcender les difficultés entravant l'impuslion du processus d'intégration maghrébine et la dynamisation du rôle de l'Union en tant que groupement politique et économique occupant la place qu'il mérite à l'échelle régionale et internationale. M. Abdelwaheb Abdallah, a souligné que les derniers développements, notamment, dans la région du moyen orient ont montré la nécessité de consolider davantage le rôle de l'UMA qui constitue un pilier essentiel de l'action arabe commune, au service des causes arabes au premier rang desquels la cause palestinienne. Ces évènements, a-t-il indiqué, ont aussi montré l'importance du rôle dévolu à l'UMA dans l'impulsion du processus de modernisation et de réformes dans le monde arabe, en plus de l'importance de son rôle à l'échelle africaine en matière de consolidation des attributs de la paix, de la sécurité et du développement dans le continent africain pour favoriser son interaction positive avec les autres groupements régionaux. Il a ajouté que les fluctuations économiques mondiales actuelles, dont notamment les répercussions négatives de la crise économique et financière internationale ont aussi montré la nécessité d'oeuvrer en commun pour réaliser la complémentarité économique et favoriser l'intégration maghrébine. Cette intégration, a-t-il indiqué, contribue à l'impulsion des processus de développement à l'échelle de chaque pays et représente, en même temps, un attribut fondamental pour la consolidation de l'aptitude des pays maghrébins à s'intégrer dans le processus de la mondialisation pour faire face aux défis qui se posent et instaurer des partenariats équilibrés avec les grands groupements économiques régionaux. Le ministre a également mis l'accent sur la nécessité de consolider la coopération culturelle entre les peuples maghrébins et d'affermir les liens de fraternité et de solidarité entre eux afin d'enraciner l'identité maghrébine chez les jeunes générations et de consolider leur sentiment d'appartenance à l'espace maghrébin et leur fierté du patrimoine culturel et civilisationnel commun. Il a, dans ce contexte, relevé l'importance du rôle dévolu aux structures éducatives, aux médias, aux moyens de communication et aux différentes composantes de la société civile dans la stimulation du sentiment de l'appartenance maghrébine et dans la diffusion des principes de fraternité, de solidarité et de complémentarité entre ses peuples, à l'heure des grands défis générés par la mondialisation. Ces défis, a-t-il indiqué, nécessitent un surcroît d'effort pour préserver les attributs de l'identité nationale et les spécificités culturelles ainsi que la mobilisation des énergies pour concrétiser l'option maghrébine. En conclusion, M. Abdelwaheb abdallah a souligné que la célébration du 20ème anniversaire de l'UMA offre l'opportunité d'apprécier les multiples réalisations et acquis accomplis, ces 20 dernières années, sur la voie de la complémentarité et de l'intégration maghrébine, réalisations qui ont englobé tous les aspects de l'action maghrébine commune et favorisé la mise en place des institutions de l'UMA. Il a indiqué que ces acquis ne sont que des étapes sur un long processus et qu'il est donc nécessaire de persévérer pour réaliser cet objectif ambitieux . En réponse aux questions et interrogations des participants, le ministre a rappelé la réaffirmation par le chef de l'Etat de la nécessité de redoubler d'efforts, face à l'ampleur des défis et des enjeux qui se posent, pour surmonter les obstacles entravant le parachèvement de l'édification de l'UMA et pour répondre aux aspirations légitimes des peuples et des générations successives de maghrébins à atteindre la complémentarité et l'intégration qui sont des attributs essentiels de l'invulnérabilité, de la stabilité et de la prospérité de la région.