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Le cinéma, vecteur de l'âme persane
Cinéma
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 09 - 2010

• Si l'Iran culturel fait aujourd'hui parler de lui en Occident, c'est grâce à son cinéma, de plus en plus présent et récompensé dans les festivals étrangers
Ramadan 1431 (2010) semble avoir mis un bémol à cette vague de séries télévisées turques qui déferle depuis quelque temps déjà sur les chaînes tunisiennes, arabes et même sud-américaines à cause d'une importante présence syrienne, palestinienne et libanaise.
Cette altération ou, disons changement, s'est révélée profitable à la production télévisuelle iranienne qui a répondu, au pied levé, à cette mise à l'écart des fictions turques. Doublée en langue arabe par les soins des Jordaniens, Libanais et Syriens, tout comme le sont les séries turques, trois de ces productions sont diffusées sur Hannibal TV (Jésus-Christ, La Vierge Marie) et Nessma TV (Joseph, le Patriarche hébreu).
Cette triade a suscité bien des remous et soulevé la polémique autour de la représentation humaine des trois grandes figures bibliques, comme si cela n'a pas toujours été le cas en Occident. Du reste, la spiritualité chiite, contrairement à la théologie sunnite, autorise la représentation de la figure humaine des Prophètes et des Patriarches. Les portraits de l'Imam Ali l'«Ombre de Dieu», selon la terminologie chiite, et de son fils, le martyr Hosseïn, fleurissent dans tous les foyers iraniens. Cela tient du fait que le chiisme a intégré plusieurs horizons spirituels et intellectuels: la philosophie grecque néoplatonicienne (Platon et Plotin), certaines idées du Mazdéisme avec la période symbolique de l'histoire universelle, l'hermétisme, l'alchimie et l'astronomie de l'antiquité gréco-égyptienne.
Si les années 1960 sont une époque charnière, pour le cinéma iranien qui voit arriver sur le marché des films où sont abordés des sujets de société sous un angle plus réaliste et approfondi, souvent pessimiste : «La nuit du bossu» de Farrokh Ghaffary (1963), «La brique et le miroir» l'Ebrahim Golestan (1965) sur l'adoption et les orphelins, «Le mari d'Ahou Khanoum» de Davud Mollapur (1968) sur la situation de la femme iranienne et «La vache» de Darius Mehrdjui (1969), le premier film iranien à gagner un prix international (Mostra de Venise), les années 1970, elles, confirment les nouvelles tendances d'un cinéma différent (motafavet) qui, influencé par le néoréalisme italien et la nouvelle vague française, oscille entre réalisme et symbolisme, description sociale et fable. Parviz Kimiavi, Bahram Beyzai, Shahid Saless dominent ces années où l'Iran vit une crise d'identité, opprimé par la censure, secoué par des révoltes souterraines et des courants intellectuels annonciateurs de la Révolution. La République Islamique met un frein mais non un terme aux productions cinématographiques. Pour développer un cinéma en accord avec l'Islam et contrecarrer l'influence des films occidentaux, l'Etat promeut des films à caractère religieux, finance des productions, permet la création de festivals en Iran et envoie des films dans des manifestations étrangères.
A la fin des années 1980, les mutations et les enjeux de la société irannienne favorisent l'émergence d'un cinéma engagé, profondément humaniste, abordant des thèmes parfois tabous et risqués. En toile de fond d'une société souvent dure, figée et contradictoire, où l'on survit plus qu'on ne vit, le nouveau cinéma valorise des sentiments et des valeurs universels (entraide, amitié, égalité, tolérance). Le parcours de Mohsen Makhmalbaf, né en 1957, est exemplaire des changements des mentalités. Son œuvre remarquable comprend notamment «Le Camelot» (1987), «Le cycliste» (1988), «Le temps de l'amour» (1990), «Salam cinéma» (1995). Sa fille, Samira, cinéaste douée et précoce, est l'auteur de films prometteurs d'une belle carrière comme «La Pomme» (1997) et «Le tableau noir» (2002).
Avec M.Makhmalbaf, Abbas Kiarostami, né en 1940, est le plus connu des cinéastes iraniens. Il est l'auteur de films empreints de poésie et d'humour : «Où est la maison de mon ami?» (1987), «Close-up» (1989), «Le goût de la cerise» (1997), 10 (2004), ce sont justement ces films qui ont fait le renom du cinéma iranien à l'étranger.
Au temps de la monarchie comme aujourd'hui, la censure exerce une forte pression, malgré son assouplissement sous la présidence de Khatami. Des tensions fréquentes ponctuent la relation des cinéastes avec les censeurs du ministère de la Culture et de l'Orientation islamique, même si l'on assiste à une véritable libéralisation des permissions de tournage et de la diffusion des films. Malgré tout, les cinéastes ont toujours trouvé des espaces de liberté et les contraintes ont le plus souvent aiguisé l'imagination et la verve créatrice en encourageant la qualité allégorique des productions. Un phénomène que l'on constate dans toute l'histoire de l'art iranien.
Le symbolisme, la fable, la subjectivité du point de vue, le mélange du documentaire et de la fiction sont d'autres moyens d'enrichir les possibilités d'interprétation des œuvres, de révéler l'intimité de l'âme iranienne et de tendre un miroir à l'Iran contemporain. Depuis les premières manifestations de l'art persan, la dualité de l'apparat et du caché, le jeu savant du voile et du dévoilement est un principe de l'art, de la spiritualité et de la société iraniens : le cinéma et depuis peu la télévision, autrement dit le petit et le grand écran, n'en sont que le prolongement et le reflet.


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