En raflant l'Ours d'or avec le film « Nader et Simin, une séparation » de Asghar Faradi ainsi que les prix d'interprétation féminine et masculine, le cinéma iranien vient de nous administrer encore une fois la preuve qu'il est l'un des meilleurs cinémas au monde. Jamais festival de cinéma ne se passe sans la participation des films iraniens, qui malgré la censure et la répression, continuent à exister mais mieux à parcourir le monde. Qu'est-ce qui fait que ce cinéma suscite plus qu'un autre tant d'intérêt ? D'abord, il y a le fait que ce cinéma s'est fait connaître par des cinéastes de valeur dont les films ont pu conquérir le monde entier par la simplicité de leur style et le discours artistique qu'ils véhiculent basé essentiellement sur un réalisme non pas de bazar mais qui effleure la poésie. Parmi les réalisateurs porte drapeau du cinéma iranien se distinguent entre autres, Abbas Kiarostami auteur de plusieurs films de facture dont « Où est la maison de mon ami ? », « Au travers des oliviers" ou encore « Le goût de la cerise » qui lui a valu la palme d'or au festival de Cannes 97. Il y a également Mohsen Makhmalbaf et sa fille Samira, Jafar Panahi, réalisateur du « Ballon Blanc » d'après le scénario original de Kiarostami, Caméra d'or de Cannes 95, actuellement interdit par le régime iranien de tourner le moindre film durant les 20 prochaines années. L'iran a une tradition cinématographique qui remonte au début du 20ème siècle. Sa production filmique se caractérise tout d'abord par les documentaires ensuite vers les années 1930 apparaissent les premiers longs métrages de fiction muets puis dès 1933 parlants. L'essor de ce cinéma sera considérable et diversifié au niveau du genre (policiers, sociaux, mélodrames, ruraux etc.). Au coeur de ce développement sont nées deux écoles appelées respectivement « Djahelisme » et « Gharonnisme ». Produisant jusqu'à 90 films par an, ce cinéma totalise en 1979 date de la révolution islamique, près de 1300 longs métrages dont plusieurs ont récolté des succès considérables dans des festivals internationaux grâce aux talents des cinéastes dont la plupart sont formés dans des écoles de beaux arts. Actuellement, la production s'est stabilisée autour de 60 films par an parmi lesquels des oeuvres, qui par leur dimension universelle sans effet de style particulier et aux antipodes du cinéma commercial occidental, touchent les coeurs de tous les spectateurs quelle que soit leur culture. Le comble du paradoxe est que ce cinéma dérange le régime iranien mais continue à s'imposer en gagnant de jour en jour des spectateurs un peu partout dans tous les pays. C'est en s'intéressant à la société, en associant les éléments de la nature et en mettant à profit le sens du récit dans une approche visuelle simple sans fioritures, ni bavardage superflu que les films iraniens ont pu bâtir leur réputation. Il s'agit d'un cinéma d'auteur produit de manière tout à fait artisanale sans effets spéciaux tout juste sincère comme on aimerait tant voir notre cinéma tunisien.