Comme prévu, les représentants de l'Ugtt ont rencontré hier ceux du gouvernement. A l'ordre du jour, la poursuite des négociations à propos des augmentations salariales pour le compte de l'année 2017. La nouveauté: le gouvernement n'est plus attaché à ce que l'Ugtt accepte que 2017 soit une année blanche. «Il souhaite, comme le soulignent certaines sources syndicales, que l'Ugtt lui accorde un certain délai avant qu'il ne commence à servir les augmentations déjà convenues pour les deux années 2016 et 2017». Les mêmes sources précisent que le «gouvernement a besoin de temps pour recouvrer ses dettes fiscales et financières et il voudrait servir les augmentations sur deux échéances espacées». A l'heure où le présent article était rédigé (vers 20 heures 30'), la rencontre gouvernement - Ugtt se poursuivait encore et on ne savait pas si la nouvelle proposition du gouvernement a été avalisée par les négociateurs de l'Ugtt. Et comme on semble avoir pris la décision, aussi bien du côté du gouvernement que de celui de l'Union générale tunisienne du travail, de calmer les hostilités et de cesser les déclarations épicées, bien avant la réunion d'hier soir, on est revenu au discours du consensus et du dialogue qui est à même de réduire tous les différends, quelle que soit leur degré. Ainsi, Abid Briki, ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance, insistait-il, hier matin, dans une déclaration à Radio Mosaïque FM, sur «la possibilité de parvenir à une solution consensuelle qui traduira la volonté du gouvernement et de l'Ugtt de consentir les sacrifices qu'il faut au service de l'intérêt supérieur du pays. «Et ces sacrifices, qu'on pourrait qualifier de «communs», pourraient résulter de la réponse que l'Ugtt apporte aux «nouvelles propositions» que le gouvernement envisageait de lui soumettre». Sauf que dans les milieux syndicalistes, il est apparu un nouveau discours ces derniers jours : «Et si les chiffres dont est armé le gouvernement assurant que la masse des salaires servis aux fonctionnaires de l'Etat a dépassé les limites intolérables (13.000 milliards de dinars à l'heure actuelle qui pourraient devenir 14.000 milliards au cas où le gouvernement consentirait aux augmentations de 2017) ont été dressés sur la base d'une erreur de décompte commise par les experts gouvernementaux intentionnellement ou non en joignant dans cette masse salariale considérable les salaires servis par les entreprises publiques à leurs fonctionnaires à l'instar de la Steg, la Sonede, l'Etap ou l'Onas». Les experts de l'Ugtt soutiennent, en effet, que «ces entreprises doivent assurer elles-mêmes les salaires de leurs employés. Plus encore, dans les pays développés, à l'instar de la France ou de l'Allemagne, ces entreprises réalisent annuellement de grands bénéfices et accordent des salaires et des primes largement supérieurs à leurs employés ayant les mêmes diplômes que leurs collègues exerçant au sein des ministères». D'ailleurs, Wided Bouchamaoui, présidente de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), a bien approché, à sa manière, en déclarant, aussitôt le projet de loi de finances 2017 révélé, «qu'il est temps que l'Etat arrête de supporter les pertes enregistrées annuellement par ces entreprises, alors que le bon sens et la gestion rigoureuse devraient en faire des entreprises bénéficiaires». Elle ajoutait, en refusant la contribution exceptionnelle des 7,5% imposée aux sociétés : «Il n'est plus question que ceux qui gagnent continuent à payer pour ceux qui font tout pour perdre». 2017, l'année charnière Et même si plusieurs indicateurs et plusieurs déclarations malheureuses et incontrôlées faites par certains ministres de Youssef Chahed montrent que l'année 2017 sera une année chaude au plan social et très difficile au plan économique, au sein de l'Ugtt, on garde la confiance en la capacité du dialogue à pouvoir parvenir aux solutions qui préservent les intérêts de toutes les parties en conflit. C'est le cas des caisses sociales qu'on dit au bord de la faillite et dans l'incapacité de payer aux retraités leurs pensions. Pas plus tard qu'hier, Hassine Abassi, secrétaire général de l'Ugtt, appelait, devant les participants à la conférence nationale organisée par le département des offices et des entreprises publiques relevant de la centrale ouvrière, à l'organisation «d'un dialogue national en 2017 sur la situation des caisses sociales, notamment la Caisse nationale de prévoyance et de sécurité sociale (Cnrps)».