Lorsque la Tunisie abolit l'esclavage, les Africains venus du Mali, du Niger et du Tchad souhaitèrent s'installer dans ce pays où ils avaient été heureux. On l'appelle Gnaoua au Maroc, Diwan en Algérie, Stambeli en Tunisie. Née au cœur de l'Afrique profonde, portant en elle les échos de notre appartenance au continent, battant au rythme des tambours et des cymbales, cette musique nous vient du fond des âges. Elle raconte une histoire souvent occultée, et porte en elle un panthéon de croyances, de magies, de chants et de rythmes que seuls quelques initiés possèdent encore. Lorsque la Tunisie abolit l'esclavage, les Africains venus du Mali, du Niger et du Tchad souhaitèrent s'installer dans ce pays où ils avaient été heureux. Dans quatorze «maisons», à l'époque, ils se réunissaient pour officier à un rituel célébré en chants et en musique, rituel prophylactique censé guérir, exorciser, soigner, ayant ses codes, ses rythmes, son langage, ses lois. Aujourd'hui, seuls quelques maâlems connaissent encore le «ajmi», la langue du stambeli, et seules quelques « maisons» à travers le pays continuent d'officier ce rite et perdurent la tradition. Ce qui a permis, grâce à cette constance, de faire redécouvrir au public l'héritage spirituel de la communauté noire africaine, et la mémoire du continent. Pour que cette mémoire ne s'éteigne pas, Ryadh Zawech, le seul officiant blanc de ce culte noir, continue de se battre. En dépit de tous les obstacles, à la tête de l'Association de la culture du stambeli qu'il a créée, et de la troupe de Sidi Ali Lasmar du nom de la zaouia qui l'héberge, il a organisé un festival de stambeli à l'occasion du Mouled. Les 12 et 17 décembre prochain, Tunis vivra donc au rythme du stambeli. De la zaouya de Sidi Mahrez à la zaouya de Sidi Ali Lasmar, en passant par Sidi Ben Arous, les Bangas de Tozeur, les Aghalibas de Kairouan, les Sidi Marzoug de Nefta, les Sidi Mansour de Sfax viendront se joindre à ceux de Sidi Ali Lasmar pour une kharja festive, et des cérémonies joyeuses. Que la fête demeure!