Face à l'impératif de croissance externe, Qawafel a organisé une nouvelle édition de son « Qawafel Gathering », consacrée aux dynamiques des marchés africains. En ouverture, Salah Boulila, Managing Director de Mazam, a présenté une infographie détaillant les différents modes d'internationalisation (export, implantation, franchise, e-export), en analysant leurs avantages, prérequis et risques. Un panel d'experts a ensuite été réuni par Qawafel pour enrichir la réflexion : Iheb Beji, cofondateur et CEO de Medianet, Riadh Aziez, président de la Chambre syndicale nationale des conseillers à l'internationalisation (UTICA), Rim Ayari, fondatrice de WeFranchiz, et Baligh Hamdi, CEO et fondateur de B2M Group. Leurs échanges ont été complétés par le témoignage de Radhia Kamoun, fondatrice de Gourmandise, recueilli lors d'un entretien dédié. Afrique : entre mythes et réalités La discussion a permis de déconstruire plusieurs idées reçues. Si l'implantation d'une filiale en Afrique représente un coût initial important, elle peut se révéler plus rentable à long terme. Dans le secteur des technologies de l'information, « ce n'est pas forcément plus cher », a nuancé Baligh Hamdi. Il a également estimé que la joint-venture n'est pas une solution universelle pour sécuriser l'entrée sur un marché : « La plus sûre, c'est d'être seul », tout en reconnaissant l'importance d'un partenaire local pour une bonne gouvernance. De son côté, Riadh Aziez a insisté sur la nécessité d'une présence sur le terrain pour mieux appréhender les différences culturelles. L'exportation, bien que considérée comme le mode d'entrée le plus naturel, présente aussi des défis. Pour Riadh Aziez, la principale difficulté réside dans la compréhension du pays ciblé. Rim Ayari a confirmé que, même dans le cadre d'un projet de franchise, il faut commencer par exporter pour tester le marché. Piliers d'une stratégie africaine efficace Iheb Beji a rappelé l'importance de prendre en compte la diversité du continent : « L'Afrique se divise en trois ou quatre "continents" en termes de spécificités. » Il a souligné la pertinence de démarrer avec des partenaires locaux et a évoqué les « 3 P » indispensables : Passion, Patience et Pertinence. Une passion sincère pour le marché est essentielle, car les résultats n'apparaissent généralement qu'après un cycle de un à trois ans. La pertinence de l'offre, quant à elle, doit être validée. Pour Baligh Hamdi, la faible taille du marché tunisien rend l'internationalisation inévitable. Entrer sur le marché africain demande de la persévérance. L'expérience de Medianet au sein du groupement professionnel Get'IT en est la preuve : après plusieurs échecs, des études de marché ciblées ont ouvert la voie. « Les débuts sont difficiles », a reconnu Iheb Beji, qui insiste sur l'importance de « développer une relation d'amitié avec le client ». Si le soutien institutionnel peut être utile, « la volonté de faire des affaires en Afrique subsaharienne » reste primordiale, selon Baligh Hamdi. Les défis sont bien réels (instabilité politique, enjeux sanitaires, concurrence), mais surmontables avec des partenaires locaux solides. Le franchisage comme levier d'expansion Rim Ayari a tenu à déconstruire certains stéréotypes : la franchise n'est pas réservée aux grands groupes et peut être mise en œuvre avec des budgets raisonnables, à condition d'avoir un produit solide et une organisation rigoureuse. Pour Iheb Beji, les prérequis sont clairs : des processus définis et une clarification des rôles. Rim Ayari a mis l'accent sur la protection de la propriété intellectuelle, la sécurité des investissements et la validation de la demande locale. La protection de la marque est essentielle. L'intervention de Radhia Kamoun a offert un témoignage inspirant. « Il faut aller à la recherche des opportunités », a-t-elle souligné, tout en insistant sur la nécessité d'avoir un concept éprouvé, duplicable. Depuis 2022, l'implantation de Gourmandise en Libye incarne cette approche : l'export simple ne s'avérant pas rentable, la franchise s'est imposée. « Être franchiseur, c'est transférer un savoir-faire à un partenaire avec lequel on partage des valeurs. Le choix du partenaire est crucial. » Une équipe dédiée assure la supervision du projet : choix des lieux, formation, audits réguliers. « On ne peut pas exporter un concept si on ne le maîtrise pas », a-t-elle insisté, en évoquant les exigences de documentation exhaustive et d'adaptation aux réalités locales. Riadh Aziez a identifié plusieurs secteurs stratégiques : agro-industrie, bureaux d'études, BTP, santé, digital, formation. Il a insisté sur l'humilité nécessaire pour aborder l'Afrique subsaharienne : « Il ne faut pas dire qu'on veut exporter vers l'Afrique subsaharienne si l'on ne supporte pas l'inverse. » La demande y est forte, mais le principal frein reste le manque de confiance dans le commerce international. Ce « Qawafel Gathering » a démontré que l'Afrique recèle d'immenses opportunités pour les entreprises tunisiennes prêtes à s'internationaliser avec rigueur, humilité et vision. Compréhension des marchés, alliances de confiance et stratégie à long terme constituent les fondements d'une expansion réussie. La presse avec communiqué