Concert de fin d'année 2016 autour de l'opéra italien présenté par l'Orchestre symphonique Tunisien, dirigé par le maestro Hafedh Makni, avec les solistes Emira Dakhlia, Henda Ben Chaâbane et Haythem Hadhiri, mardi dernier à la salle Quatrième Art à Tunis. Une fois de plus on affichait complet. Une fois de plus, ils étaient tous là, fidèles de la première heure, fans, mélomanes et curieux venus en masse pour savourer un programme savamment orchestré autour du répertoire lyrique italien. De l'opéra, haut en couleur, riche d'airs magnifiques, a été parfaitement chanté, de ces voix saines, qui sont celles des solistes Emira Dakhlia, Henda Ben Chaâbane et Haythem Hadhiri. Soutenus par un Orchestre symphonique toujours aussi performant et débordant d'énergie, un orchestre aux lignes affûtées et aux couleurs acidulées. Au fil de la soirée, les solistes se produisaient tour à tour, montrant une grande flexibilité vocale et une forte présence sur scène et recevaient chacun et à chaque fois une ovation méritée. Aussi, dès que retentissent les premiers accords de la romance de G. Puccini « Vissi d'arte » (j'ai vécu pour l'art ) interprétée par la voix large et vigoureuse de la jeune soprano Henda Ben Chaâbane, un baume voluptueux se répand dans nos sens. Elle apporte à chaque air qu'elle interprète une dimension, une couleur singulière à son personnage et livre à chaque fois un chant fluide et beau. Elle chantait d'une voix exquise le magnifique air verdien, citons : « Tacea la notte » (La nuit tranquille est silencieuse) (Opéra II trovatore) et en duo avec la soprano Emira Dakhlia une belle reprise de la célèbre « Con te partiro » de F. Sartori. Puis, la soprano Emira Dakhlia, juste dans les récitatifs où se lisent la noblesse et la fierté du personnage, excelle dans les airs verdiens « O don Fatale » et « Canzon d'El Velo » (Opéra Don Carlo) et ceux de Rossini « Una Voce poco fa » (Le Barbier de Séville) et « Nacqui All Affanno » (Opéra La Cenerentola). Avec son timbre prenant et à l'aigu ruisselant ainsi qu'une belle présence scénique, elle offre une prestation digne d'éloges. De même pour le baryton Haythem Hadhiri qui, lui, séduit l'auditoire avec sa présence et sa force de suggestion ainsi que sa voix forte et rigoureuse qui se déploie magnifiquement sur le registre du bel canto italien tel que « Torna a Surriento », une chanson napolitaine de E. de Curtis et dans les airs de Germont (Opéra La Traviata) de G.Verdi et Cavatina (Le Barbier de Séville) de G. Rossini. Sa voix de grand soprano lyrique se déploie magnifiquement sur tout le registre, particulièrement dans des aigus fulgurants. Une superbe combinaison de rondeurs et d'éclats que le programme choisi a magistralement mise en valeur. Le public a été conquis d'emblée par le talent des solistes ainsi que celui de l'orchestre qui convoquait un paysage musical d'une ampleur et d'une profondeur saisissantes et dont l'enthousiasme et le tempérament généreux ont réellement comblé l'assistance qui a applaudi longtemps. L'orchestre, reconnaissant, lui a offert un morceau supplémentaire en guise de salut.