L'adoption, il y a quelques mois, de la nouvelle loi sur les chèques a complètement chamboulé le principal mode de paiement classique auxquels ont recours les entreprises pour régler leurs différents types de transactions, allant de l'achat de produits de consommation au règlement des frais de prestataires de service en passant, pour les entreprises, par l'achat de matières premières dont ils s'acquittent généralement par facilité, en versant plusieurs chèques antidatés. Cet ancien outil de financement permettait d'éviter les problèmes que pouvaient rencontrer les petites et moyennes entreprises ne disposant pas de provisions suffisantes et qui pouvaient trouver, grâce aux chèques antidatés, un terrain d'entente pour régler leurs fournisseurs. Depuis l'entrée en application de la nouvelle règlementation en vigueur, les restrictions imposées par ce nouveau mode de paiement par chèques ont considérablement impacté certaines formes de transactions commerciales ainsi que les pratiques d'achat des consommateurs qui, trouvant des difficultés à utiliser les nouveaux chèques, préfèrent de plus en plus recourir au cash pour régler leurs achats, ce qui a entrainé ces derniers mois, une explosion des liquidités sur le marché. Ainsi, affichant une certaine frilosité par rapport à ce nouvel outil de financement et ne pouvant plus régler des transactions nécessitant la mobilisation de sommes importantes par chèques antidatés, les particuliers, bien qu'ils continuent toujours à utiliser le chèque comme principal moyen de paiement (40% des règlements sont effectués par chèque) en recours à un autre mode de règlement : les lettres de change dont l'usage a enregistré une hausse, s'accompagnant de l'augmentation du risque des impayés liés à cet outil de financement. Au cours des mois de février et mars, le montant total des lettres de change en circulation s'est élevé à onze milliards de dinars. Par ailleurs, faute de provisions suffisantes, une lettre de change sur dix a été rejetée, correspondant à l'équivalent d'un milliard de dinars, ce qui soulève aujourd'hui un nouvel enjeu, à savoir sécuriser et renforcer davantage les garanties liées à ce mode de paiement, a relevé Bilel Darnaoui directeur général de la Société Monétique de Tunisie lors de son passage récent à la radio.