Confié à l'Agence de réhabilitation et de rénovation urbaine (Arru) et cofinancé par le gouvernement tunisien et l'Agence française de développement (AFD), ce projet qui a consisté en la réhabilitation d'un parcours urbain vient d'être lancé dans la région sud de la Médina, passant par la Place du palais, les rues Mohsen, El Andalous, Abba, El Ebri et El Ghani (du riche) Jeudi dernier, le circuit urbain de la rue des Andalous ou Houmet Al-Andalous a été inauguré officiellement. Le projet dont le maître d'œuvre est la municipalité de Tunis, vient rehausser l'image du centre historique et prolonger, au sud de la Médina centrale, le circuit «De La Zitouna et Sidi Brahim» réhabilité en 2010. La réalisation de ce projet a été confiée à l'ARRU qui a fait appel à des bureaux d'études et des entreprises spécialisées. Les services techniques de la municipalité et l'ASM en ont assuré le suivi. Le financement en a été assuré par l'Etat tunisien, l'AFD et l'Union européenne. Les travaux ont concerné notamment l'enfouissement des divers réseaux, le ravalement des façades, le nouveau dallage des rues et le nouvel éclairage public, inspiré du système traditionnel. Il s'agit d'une véritable métamorphose qui fait la joie des habitants de la Médina et les touristes de passage. Ces quartiers sensiblement transformés devraient renforcer leur attractivité économique et touristique et améliorer la qualité de vie de leurs habitants. L'architecte Zoubeir Mouhli décrit la rue des Andalous comme étant «l'une des plus belles de la Médina de Tunis. Elle doit son nom au fait d'avoir servi d'asile à un nombre important de réfugiés andalous aisés. En effet, cette rue a un passé de riche quartier résidentiel et cela perdure encore sensiblement, entre autres avec la présence des portes de palais traditionnels à panneaux en fer peints ou des impressionnants passages voûtés et décorés, construits en briques pleines». Investissements de 2MD C'est donc dans le cadre du programme national de réhabilitation des quartiers populaires que le ministère de l'Intérieur a intégré, en 2011, la Médina de Tunis au sein du projet de réhabilitation des quartiers historiques prioritaires. Ce projet a été confié à l'Agence de réhabilitation et de rénovation urbaine (Arru) et cofinancé par le gouvernement tunisien et l'Agence française de développement (AFD). Il a consisté en la réhabilitation d'un parcours urbain, sis à la région sud de la Médina, passant par la Place du palais, les rues Mohsen, El Andalous, Abba, El Ebri et El Ghani (du riche). Des investissements de l'ordre de 2MD ont été mobilisés (1.700.000 DT fournis par le ministère de l'Intérieur dont 1.400.000 en tant que prime, et 300.000 DT en tant que crédit pour la municipalité), pour la réalisation de ce projet parrainé par la municipalité de Tunis. L'Arru a, quant à elle, élaboré les études d'ingénierie spécifiques au projet. Il est à signaler que le même projet a été réalisé à travers la réhabilitation d'un parcours touristique à Sidi Ben Arous –El Hafsia, projet d'envergure qui a bénéficié du Prix international Agha Khan. Aperçu historique Vers la fin du 15e siècle a commencé l'émigration des Andalous en Tunisie, et ce, bien avant la chute de Grenade en 1492, mais elle s'est intensifiée depuis cette date. Elle s'est prolongée sur deux siècles avant l'expulsion totale de tous les Maures andalous de la péninsule ibérique en 1610. Leur présence a quelque peu contribué à l'évolution de la société tunisienne. Les premiers venus, qui se sont installés dans la Médina de Tunis, ont été privilégiés par le pouvoir hafside, vu leur haut niveau culturel et social. Ils étaient «de distingués poètes, de brillants secrétaires, de savants renommés, des princes et de valeureux guerriers » qui ont occupé d'importantes charges politiques et administratives au sein du royaume tunisien. Contrairement à cette vague « d'élites », les vagues d'immigration suivantes étaient essentiellement constituées d'agriculteurs et d'artisans qui fondèrent les villages de Kaalat el Andalous, Testour, Zaghouan, et plusieurs autres au Cap Bon. Cette installation a été encouragée par les autorités turques, à travers d'attractives concessions de terres et de dons, outre les exonérations fiscales. Leur influence se ressent aussi dans les domaines de l'agriculture, de la cuisine, de la musique (grâce au Malouf, musique typique aux origines hispano-andalouses) et de l'architecture. Nouvel acquis La réhabilitation de Houmet Al-Andalous a pour but d'améliorer l'esthétique urbaine et la qualité de vie dans les quartiers historiques de Tunis et permet aux visiteurs de prolonger leur promenade avec le nouveau circuit urbain réhabilité au sud de la Médina centrale, autour de la rue des Andalous, magnifique et monumentale zone ponctuée de Dar Husseïn, la Mosquée du Château et de magnifiques demeures et portiques voûtés dans le quartier de Bab Ménara. Il s'agit d'un nouvel acquis pour le patrimoine tunisien et universel. A l'occasion de cette inauguration, l'Agence française de développement (AFD) a organisé une journée de réflexion sur le thème de «La Médina, ville d'avenir», avec l'appui de l'Institut national du patrimoine. Cette journée s'est articulée autour de trois thèmes : un atelier institutionnel qui a permis de présenter les premières conclusions des opérations réalisées et d'esquisser les conditions de réussite d'un programme de plus grande ampleur; la présentation des résultats d'un atelier d'innovation urbaine rassemblant des porteurs d'idées et de projets (culturels, associatifs, du secteur privé) pour les Médinas autour de la problématique de la réappropriation des espaces inutilisés ou délaissés et enfin la mise en valeur des hommes et femmes (habitants, commerçants...) qui font la richesse de la Médina par le vernissage au Makhzen de l'Institut national du patrimoine d'une exposition photographique intitulée «Visages de la Médina», réalisée par Wassim Ghozlani, coordinateur du projet «The Tunisians».