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Les dessou sulfureux d'une manipulation médiatique
Documentaire d'Al Jazeera sur les essais cliniques à l'Institut Pasteur de Tunis
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 12 - 2016

Le vrai-faux scandale des essais cliniques d'un traitement contre la leishmaniose cutanée sur des enfants effectués par l'Institut Pasteur de Tunis en collaboration avec Walter Reed à Washington et l'attribution de la licence de fabrication à un laboratoire israélien, et révélé par la chaîne qatarie « Al Jazeera », focalise le halo des projecteurs de nouveau sur la mission et les attributions de ce temple de la santé
Dans une conférence de presse tenue hier au siège de l'IPT, à l'effet d'éclairer l'opinion publique sur les graves allégations et les accusations portées à l'encontre de ce projet médical et qui met en cause le rôle et la mission de l'IPT, Dr Hechmi Louzir. directeur de l'Institut Pasteur de Tunis, a condamné avec vigueur la « campagne calomnieuse et diffamatoire orchestrée par cette chaîne et la mauvaise foi de la réalisatrice du documentaire ».
Pour le directeur de l'IPT, le timing de diffusion de ce documentaire (Ndlr : le 17 décembre 2016, qui coïncide avec la célébration de l'anniversaire du déclenchement de la révolution à Sidi Bouzid), suscite en lui-même plusieurs interrogations sur le message à adresser aux habitants de Sidi Bouzid.
De quoi s'agit-il ? De la leishmaniose cutanée, cette maladie qui sévit dans des régions défavorisées, en l'occurrence Sidi Bouzid, Kairouan et Gafsa, et dont la prévalence s'est accentuée depuis les années 80 suite à la construction du barrage de Sidi Saâd, qui avec l'accumulation et la rétention de l'eau a favorisé la multiplication des foyers de transmission de la maladie.
Cette maladie, qui affecte plus de 50.000 personnes en Tunisie, dont la plupart sont des enfants, peut, à défaut d'une prise en charge ou d'un traitement, laisser des traces indélébiles avec des cicatrices disgracieuses et des répercussions graves sur le psychique du malade et un préjudice social qu'entraîne ces marques inesthétiques, surtout pour les femmes et les enfants.
Le directeur de l'IPT a indiqué que pour endiguer cette maladie, le traitement consistait à l'époque par l'administration par intraveineuse du glucantime, dont les effets indésirables sont très graves. C'est pourquoi l'IPT, en collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé et la Direction de la santé à Sidi Bouzid, s'est employé dès l'année 1992 à rechercher une alternative thérapeutique à ce produit avec son remplacement par une pommade (paromomycine) qui contient deux antibiotiques (15% de paromomycine et 0,5% de gentamicine) et qui a guéri les lésions initiales de 81% des patients ayant participé à l'étude clinique, qui est facile d'emploi par une simple application sur la peau et sans effets indésirables.
Absence de risque
Dans le même sillage, le directeur de l'IPT tient à rassurer le public quant à « l'absence de tout risque ou danger lié à l'essai thérapeutique réalisé dans les régions de Kairouan, Gafsa et Sidi Bouzid où sévit la leishmaniose cutanée. Les résultats de cette recherche donnent un grand espoir de mettre à la disposition des patients atteints de cette maladie un nouveau médicament sous forme d'une pommade appropriée, efficace et simple d'utilisation ». « Nous espérons obtenir, après clôture de cet essai à l'échelle internationale, l'accord de fabriquer ce médicament en Tunisie », a-t-il ajouté.
Et de confirmer que cette recherche internationale a été réalisée en collaboration avec l'Institut Walter Reed à Washington qui est placé sous la tutelle du Département américain de la Défense. « Cet institut est l'un des plus grands centres de recherche dans le domaine de la santé au monde. Il développe notamment des médicaments et des vaccins contre plusieurs maladies graves telles que le paludisme et le sida », a-t-il expliqué.
Il n'empêche, le directeur de l'IPT précise que « contrairement à ce qui est affirmé par Al Jazeera, le produit utilisé n'est pas encore fabriqué par l'industriel israélien TEVA et ne fait pas partie de sa liste des médicaments ».
Il s'agit tout simplement d'échantillons du médicament servant à la recherche clinique, produits en petites quantités sous la responsabilité du promoteur du programme selon sa formule (Institut Walter Reed), comme c'est le cas dans tous les essais de phases 2 ou 3, selon ses propos. « Pour la phase 2 de la recherche, la production de ces échantillons a eu lieu à l'Université d'Iowa, Etats-Unis. Pour la phase 3 de l'essai, le promoteur a commandé les lots cliniques aux laboratoires TEVA-Etats-Unis », indique M.Hechmi Louzir.
« L'Institut Pasteur de Tunis a eu la garantie que ces échantillons respectaient les normes de qualité et de sécurité suite au contrôle effectué par un laboratoire indépendant en France, avant toute utilisation de ces échantillons. Et nous nous employons à fabriquer ce médicament localement», a asséné le directeur de l'IPT.
Les « cobayes de Sidi Bouzid » ?
Le deuxième reproche véhiculé par Al Jazeera porte sur l'emploi des enfants mineurs à des fins de recherches médicales. Le Dr Hechmi Louzir rappelle à cet effet que l'article 2 du décret 1401/1990 exige la pleine capacité juridique. Il n'empêche, il y a toujours des exceptions prévues par la loi et par le code déontologique, rappelle le Dr Hechmi Louzir. Il signale que 60% des patients atteints de leishmaniose ont moins de 18 ans et sont en âge scolaire et que la loi interdirait l'utilisation du médicament s'il n'est pas testé sur des enfants. « Bien sûr, il faut le consentement de l'enfant et l'autorisation des parents », souligne-t-il.
A cet effet, une série de témoignages vidéo d'enfants atteints de leishmaniose et ayant subi les essais cliniques il y a quelques années, a été projetée sur écran. Les patients et les parents affirment tous avoir participé volontairement et assurent avoir été bien traités. « Les essais réalisés se sont déroulés dans la transparence la plus totale. Les protocoles sont enregistrés et disponibles publiquement. L'étude a été conduite exclusivement par des équipes tunisiennes sans participation étrangère. L'inclusion de mineurs dans l'étude était scientifiquement nécessaire, dictée par les données épidémiologiques locales. La leishmaniose cutanée constitue, en effet, un problème de santé publique en Tunisie », a indiqué le Dr Zaher Al Ahmadi, directeur régional de la santé à Sidi Bouzid. En effet, il affirme que la législation tunisienne n'a pas envisagé expressément des études cliniques pédiatriques mais des dérogations ont été données chaque fois que la situation l'imposait.
La question de la modique somme de 50 DT destinée à allécher les parents et les enfants pour participer aux essais a été catégoriquement rejetée par le staff présent à la conférence de presse. « Cette somme est destinée à couvrir les frais de déplacement des enfants pendant les 20 jours d'essais. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit de zones d'habitation rurales où les frais de déplacement peuvent dissuader les malades », a renchéri le Dr Zaher Al Ahmadi.
Pour sa part, le Professeur Samir Boubaker a souligné que « cette campagne diffamatoire intervient pour la seconde fois en neuf mois. Elle confirme que l'une des plus prestigieuses institutions tunisiennes publiques de recherche en santé, ses chercheurs et son personnel ainsi que le ministère de la Santé, font l'objet d'une tentative acharnée et organisée de déstabilisation et de dénigrement. Le documentaire est un modèle scandaleux de désinformation et de manipulation médiatique ». Il affirme que le tournage des entretiens avec certains membres de l'Institut s'était déroulé « dans des conditions calamiteuses ne respectant pas les règles les plus élémentaires de déontologie. Les thèmes abordés, le montage des interviews réalisées et le choix de la date de la diffusion du film laissent peu de place au doute sur les véritables intentions des producteurs et des commanditaires».
Objectif : discréditer
En effet, la campagne de dénigrement dont l'objectif est de discréditer l'institut n'a pas provoqué le tollé escompté. La levée de boucliers a bien, au contraire, permis aux responsables de parler de leurs travaux et de mettre en avant la recherche-développement et l'innovation engagées en silence par Pasteur pendant des années. Elle aura permis aussi la redécouverte d'une notoriété, d'un sérieux et de confirmer la crédibilité des équipes de recherche tunisiennes qui ont élevé le statut de l'Institut en un centre de référence national et international pour plusieurs pathologies. La polémique a permis également de rappeler que l'Institut Pasteur a toujours œuvré pour l'amélioration de la santé des citoyens. Que c'est sa raison d'être. Que les mesures de lutte, les enquêtes, les campagnes de vaccination, la veille en matière de prévention... tout est mis en œuvre à cette fin. L'éradication du paludisme est à son actif, la maîtrise de la rage aussi. Résultats : plus de 80 projets à financement international impliquant des partenaires dans 28 pays. Un autre indice de rayonnement : plus de cent publications, plus de 1.500 citations par d'autres chercheurs de par le monde et des dizaines de brevets d'invention obtenus par nos chercheurs. La crise n'aura donc fait que renforcer l'image de Pasteur et réhabiliter ses icônes oubliées. En plus de ces hauts faits de l'Institut Pasteur, il ne faut pas oublier que le public tunisien est, depuis la révolution, « vacciné » contre l'intox d'Al Jazeera.


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